Trop sexy ou blasphématoire ? Les Éternels interdits dans plusieurs pays du Golfe


Avec son couple gay et ses superhéros qui fréquentent des dieux, le nouveau Marvel ne passe pas la barre des censeurs en Arabie saoudite, au Qatar, au Koweit, à Bahreïn ou Oman.

Après le tour de vis de la Russie, le couperet des États du Golfe. Les spectateurs d’Arabie saoudite, du Qatar, du Bahreïn, d’Oman et du Koweït n’auront pas l’occasion de découvrir en salle la nouvelle superproduction de Marvel, Les Éternels. Le film a été déprogrammé jeudi alors qu’il devait être en salle dans la région le 11 novembre. D’après les informations de la presse américaine, l’annulation de la sortie des Éternels serait non seulement liée à la présence à l’écran d’un couple gay, mais également à la représentation de motifs mystiques jugés blasphématoires.

La mise en scène d’un baiser entre deux personnages masculins du film avait déjà valu au long métrage distribué par Disney d’être interdit aux moins de 18 ans en Russie, en vertu de la loi «contre la propagande gay» promulguée en 2013. Le même classement adulte lui a été attribué à Singapour, où le film est sorti jeudi. La raison de l’interdiction des Éternels par différents États du Golfe n’est, quant à elle, pas encore justifiée publiquement. Selon journaliste hollywoodien, cette déprogrammation aurait cependant fait suite au refus de Disney de censurer plusieurs séquences du long métrage. Réalisé par la cinéaste oscarisée Chloé Zhao (Pays nomade), Les Éternels semble néanmoins toujours paré pour sortir la semaine prochaine aux Émirats arabes unis.

Mystique jusqu’au blasphème

Date limite, de son côté, s’interroge sur la veine mystique du film et la présence à l’écran d’une entité divine, qui a pu agiter les censeurs. Non content de mettre en scène une relation gay entre deux personnages, l’Éternel Phastos (Bryon Tyree Henry) et son époux Ben (Haaz Sleiman), le long métrage introduit aussi une divinité du nom d’Arishem. Un Céleste, selon le vocabulaire inventif de l’univers Marvel, qui pourrait représenter, avec d’autres entités supra-terrestres du film, un sujet sensible pour ces pays islamiques où ce genre de récits – fictifs ou non – peuvent être jugés blasphématoires.

L’Arabie saoudite et une majorité des États du Golfe ne reconnaissent pas de droits aux personnes LGBT+. L’homosexualité, la «promotion» de l’homosexualité et l’outrage aux bonnes mœurs y sont en règle générale sanctionnés par des peines d’emprisonnements et de flagellation. Un environnement qui avait déjà valu par le passé au film d’animation En avant, de Pixar, d’être interdit de sortie en Arabie saoudite et dans trois autres pays en raison d’une phrase qui évoquait une relation homosexuelle.

Au-delà de l’homosexualité, d’autres superproductions sont régulièrement censurées en Arabie saoudite, qui avait par exemple fait sauter une scène de baiser du film Panthère noire, en 2018. Le royaume saoudien rigoriste revient de loin. La superproduction américaine était à l’époque, le premier film à avoir été projeté dans les salles du pays, lors de l’ouverture, en avril 2018, du premier cinéma saoudien, 35 ans après l’interdiction des salles obscures.

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