Une épée de la troisième croisade retrouvée au large des côtes israéliennes


ARCHÉOLOGIE – Contemporaine de Philippe Auguste, Barberousse et Richard Cœur-de-Lion, l’arme a été découverte samedi dernier par un plongeur amateur.

Fréquentés au fil des siècles et des millénaires par des navires égyptiens, phéniciens ou encore grecs, les rivages de la mer du Levant passent pour être un vaste cimetière. Une nécropole à marins et à épaves jonchée des vestiges les plus divers, des cargaisons d’amphores coulées aux statues antiques.

Ce riche bazar archéologique a dévoilé samedi, au regard humain, un nouvel objet égaré dans les fonds généreux du bassin Levantin, une arme de guerre, pour changer. Découverte par un plongeur israélien, il s’agit d’une épée médiévale. Sans doute celle d’un Croisé, estime l’Autorité israélienne des antiquités (IAA), à qui a été confiée la lame.

Longue d’environ 120 centimètres, l’épée de fabrication occidentale a été repérée au large d’Atlit, à une dizaine de kilomètres au sud d’Haïfa, par le plongeur israélien Shlomi Katzin, à proximité de vestiges de poteries et de quelques ancres. Remonté à la surface avec l’arme en partie recouverte de mollusques, le nageur a aussitôt alerté l’Autorité israélienne des antiquités de sa découverte, relate l’institution dans un communiqué diffusé lundi.

L’objet, qui doit être prochainement nettoyé avant d’être étudié avec minutie, a d’ores et déjà pu être authentifié par les spécialistes israéliens. Vieille de quelque 900 ans, l’arme daterait ainsi de la troisième croisade, autour des années 1189-1192.

L’épée découverte au large des côtes israéliennes mesure près de 120 centimètres de long. Nir Disteleld/Autorité des antiquités d’Israël

«L’épée en fer se trouve dans un parfait état de conservation et constitue une belle et rare découverte», s’est félicité Nir Distelfeld, inspecteur de l’IAA en charge du dossier. Bien protégée de l’usure par une couche de sable, l’arme blanche a été découverte dans un secteur d’environ 300 m2 surveillé depuis cet été par les autorités israéliennes. Une importante tempête aurait touché le site en juin dernier, ce qui a eu pour effet de décaper une partie des fonds marins, révélant ainsi divers vestiges archéologiques jusqu’alors insoupçonnés, rapporte le New York Times .

Une civilité patrimoniale

L’heureuse histoire du plongeur et archéologue amateur lui a valu de recevoir, lundi, les remerciements et une distinction de l’IAA. Une belle histoire de civisme, la découverte de cette épée médiévale n’est pas qu’un simple fait divers archéologique pittoresque, tel qu’il en arrive de temps à autre dans la région, a cependant tenu à souligner l’Autorité israélienne des antiquités. Elle permettrait, au contraire, de mettre en évidence l’activité qui animait autrefois ce secteur de la côte levantine.

«Plusieurs découvertes nous indiquaient déjà que le mouillage a été utilisé dès l’âge du Bronze tardif, il y a 4000 ans. Mais la récente trouvaille de l’épée suggère que la crique était également utilisée à l’époque des croisades», précise Kobi Sharvit, le directeur de l’unité d’archéologie sous-marine de l’IAA. Les vaisseaux croisés devaient s’y être mis à l’abri des tempêtes, à l’instar des incalculables navires marchands à avoir fréquenté ce littoral au gré des siècles, a également précisé le spécialiste, lundi, pour le Temps d’Israël . Autant de menus détails archéologiques qui peuvent aisément passer sous le nez des spécialistes lorsque des vestiges sont pillés plutôt que restitués aux autorités compétentes, a plusieurs fois rappelé l’IAA par le passé.

L’épée a été découverte non loin de Château-Pèlerin, la citadelle croisée d’Atlit. Datée du XIIIe siècle, elle est toutefois postérieure à la troisième croisade qui oppose plusieurs souverains européens – le roi de France Philippe Auguste, l’empereur germanique Frédéric Barberousse et le roi d’Angleterre Richard Cœur-de-Lion – à Saladin, sultan d’Égypte et de Syrie. Le conflit se solde par la reprise de Jérusalem par les forces de Saladin, ainsi que par la consolidation du littoral aux mains des Européens. Un rapport de force dont pourrait témoigner cette épée, perdue parmi les flots de la Méditerranée orientale.

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