La basilique de la Daurade de Toulouse inaugure son grand orgue relevé


Le concert dans la basilique mercredi est un des évènements de la deuxième semaine du festival Toulouse Les Orgues, qui se tient jusqu’au 17 octobre

L’évènement est rare et d’importance pour les mélomanes. Ce mercredi 13 octobre à 20h30, l’organiste résident de la basilique de la Daurade Willem Jensen et le violoncelliste Christophe Coin donnent un concert commun dans le cadre du festival Toulouse Les Orgues. L’occasion de fêter le grand orgue de l’église, fraîchement relevé.

Si le terme de «relevage» peut paraître flou pour beaucoup, il évoque simplement un nettoyage en bonne et due forme de l’instrument. «Concrètement c’est comme une révision de voiture. C’est un entretien général qui se fait tous les vingt ans» explique Yves Rechsteiner, le passionné et passionnant directeur artistique du festival. Une technique à ne pas confondre avec la restauration qui va «changer les caractéristiques techniques et sonores, et peut enlever des sonorités qui vont altérer le son de l’orgue. Avec le relevage, on laisse l’instrument tel qu’il est» détaille le responsable de Toulouse Les Orgues.

Installé dans le Gers, Jean Daldosso est l’un des rares facteurs français, un artisan spécialisé dans la fabrication et l’entretien des orgues. Il a dépoussiéré le buffet et les imposants tuyaux qui trônent à la Daurade. Un travail qui a occupé une bonne partie de son année 2020, et qui a consisté à «fiabiliser l’instrument» selon ses propres mots. Il ajoute que «le dernier démontage de l’instrument ne s’était pas fait de la meilleure des manières. On en a profité pour revoir un petit peu ce qui a été fait durant la rénovation. Des éléments avaient disparu ou avaient été modifiés.»

Un orgue de transition

Le dernier relevage remontait en effet au début des années 1990. À l’époque, les facteurs avaient fait la transition entre une technologie à pneumatique, déjà obsolète, et les instruments mécanisés répandus actuellement. En trois décennies, la technologie a évolué, et l’instrument avait bien besoin d’un nouveau souffle. «Les facteurs d’orgues ont toujours été à l’écoute de la technique. Au XIVe siècle est apparu un système pneumatique, et les facteurs se sont empressés de l’utiliser. Aujourd’hui on utilise les systèmes électroniques et informatiques, on se les approprie facilement» explique Jean Daldosso.

Pour le facteur gersois, l’orgue installé en 1864 est notable à plus d’un titre. Créé à l’époque par Emile Poirier et Nicolas Lieberkneckt, «il est intéressant car c’est un orgue dit de transition. Il date du milieu du XIVe siècle, une époque où les orgues classiques sont lentement remplacés par les orgues symphoniques. Il est très classique par certains aspects, mais il comporte des évolutions qu’on trouve plus tard sur les orgues symphoniques» détaille le facteur.

Le retour à la normale (ou presque)

Ce concert à la Daurade est un des évènements de la deuxième semaine du festival Toulouse Les Orgues. Parmi les festivités, la Nuit du Gesu, dans l’église du même nom, rend hommage à Ennio Morricone. Les plus grands thèmes du compositeur disparu en juillet 2020 seront repris à l’orgue, le jeudi 14 octobre à 22h30. Le 15 octobre à 20h30, les deux organistes Thierry Escaich et Lionel Suarez s’installeront aux Théâtre des Mazades pour un hommage à Astor Piazzolla, le musicien argentin considéré comme le maître du tango.

En un quart de siècle, le festival des Orgues s’est fait une place dans le cœur des Toulousains. Après une édition 2020 largement perturbée par le Covid-19, le festival retrouve sa forme du monde d’avant. Du plus connu comme celui de la basilique Saint-Sernin aux secrets bien gardés comme celui de l’église Sainte Marie-Madeleine, 18 orgues sont mis à l’honneur à travers la ville rose et sa banlieue.

Yves Rechsteiner salue une première semaine sans accroche. S’il déplore quelques «lourdeurs» au niveau des protocoles Covid, le directeur artistique se félicite de cette renaissance de la ville culturelle et d’une édition jusqu’ici réussie : «On était un peu dans le flou, mais c’est un bon cru pour l’instant, autant par la qualité des concerts que par la fréquentation».

Le festival Toulouse Les Orgues dure jusqu’au 17 octobre. Le programme complet de ces derniers jours de festivités est à retrouver ici .

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