Après les inondations dramatiques de juillet, la Chine consciente de la vulnérabilité de son patrimoine


Quelque 400 sites historiques de la province du Henan auraient été affectés par les pluies diluviennes. Un nouveau système de protection du patrimoine est dorénavant envisagé par le Parti communiste chinois.

Plus de 300 morts, des récoltes anéanties et des destructions évaluées à l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Le bilan des inondations qui ont frappé cet été le centre de la Chine a provoqué un vif émoi et une mobilisation générale dans le pays. Les inondations ont cependant aussi frappé de plein fouet le patrimoine du Henan, la plaine historique située au centre du pays, où se sont multipliées les scènes de sauvetage d’objets parfois vieux de plusieurs millénaires. À plus long terme, l’augmentation du risque d’épisodes de fortes précipitations lié au changement climatique pourrait mettre en danger une bonne partie de patrimoine historique de la province.

D’une statue de la dynastie Song (Xe-XIIIe siècles) en partie submergée à Gongyi, aux galeries inondées du musée municipal de Zhengzhou, sans oublier les nombreux sites archéologiques, peu d’endroits ont échappé au déluge au cours des pluies torrentielles de juillet. Difficile, en effet, de ne pas trouver à un endroit ou un autre de vestiges historiques dans la région qui passe pour être l’un des berceaux de la civilisation chinoise. Délimitée par plusieurs importants cours d’eau, dont l’imposant Fleuve Jaune, la “Mésopotamie de l’Extrême-Orient” regorge d’histoire, ce qui rend d’autant plus dramatique les conséquences des fortes précipitations qui s’y sont abattues ces derniers mois, les plus fortes jamais enregistrées dans la province. «Il s’agit sans aucun doute du plus grand péril qu’une catastrophe naturelle ait fait encourir au patrimoine culturel du Henan depuis des dizaines d’années», a témoigné pour Le journal des arts un archéologue chinois anonyme.

Une prise de conscience

Ancienne capitale de la dynastie Shang (XIIIe-XIe siècles av. J.-C.), pendant l’âge du Bronze chinois, le site archéologique de Yin Xu, a ainsi été inondé le 22 juillet. Selon les autorités chinoises, la majeure partie du mobilier archéologique de cette ancienne cité royale a pu être déplacée et mise à l’abri dans les temps, tant et si bien que le site – l’un des cinq du Hunan à être classé au patrimoine mondial de l’Unesco – a pu rouvrir au public et aux chercheurs à la fin du mois d’août. Malgré les opérations de sauvetage et de surveillance menés par les archéologues locaux, les dommages causés sur les différentes strates du sol seraient cependant irréversibles, rapporte néanmoins Le journal des arts. Un autre site classé de l’Unesco, les grottes bouddhistes de Longmen, datées du IVe-Xe siècles, ont également souffert des précipitations extrêmes de cet été et du débordement des eaux du Yi. Symbole de l’attachement très fort des populations à ces vestiges multiséculaires, près de 1000 volontaires auraient participé à leur nettoyage.

Les conséquences désastreuses de ces pluies et des inévitables prochains épisodes d’inondations ont pris par surprise les autorités locales, mieux préparées à faire face aux crues qu’aux pluies torrentielles. Rare aveu d’impuissance, le directeur provincial en charge du patrimoine du Hunan, Tian Kai, avait ainsi confessé sur les réseaux sociaux chinois : «Je ne peux pas sauver tous les vestiges ni garantir qu’aucune d’entre elles ne sera endommagée par les inondations.» Cité à la mi-août par l’agence de presse chinoise Xinhua, le fonctionnaire n’en avait pas moins martelé la nécessaire protection du patrimoine historique et archéologique du pays. Le Parti communiste chinois s’en est fait l’écho, début septembre, en appelant à la mise en place d’un nouveau système de protection du patrimoine culturel et historique d’ici à l’horizon 2035.

Ces nouvelles réglementations nationales devront encadrer en particulier les projets de développements, source de multiples destructions de vestiges archéologiques et de patrimoine ancien. Plus localement, les responsables provinciaux du patrimoine sont également invités à repenser les systèmes de protection déjà en place. «Plusieurs sites sont déjà dotés d’équipements de drainage, mais ceux-ci ne sont utiles que jusqu’à un certain niveau de précipitation, déterminé sur la moyenne régionale», a expliqué à l’agence de presse chinoise Xinhua le directeur des services du Patrimoine de la ville de Zhengzhou. «Les vestiges archéologiques sont essentiels à la civilisation chinoise et aucune d’entre eux ne sera laissé de côté», a promis Tian Kai.

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