Tout s’est bien passé, surtout grâce à André Dussollier et Sophie Marceau


REVUE DE PRESSE – Abondamment traité au cinéma ces derniers mois, le propos sur l’euthanasie et la mise en scène ne passionnent pas, même si les acteurs de François Ozon séduisent.

Après la prostitution chez les jeunes et la pédophilie chez les prêtres, François Ozon s’attaque à une autre question de société : l’euthanasie. Le réalisateur huit fois nommé aux César et quatre fois à Cannes espère bien ne pas repartir les mains vides encore cette année. Tout s’est bien passé, porté à l’écran par André Dussollier et Sophie Marceau, était projeté mercredi sur la Croisette et concourt parmi les vingt-quatre films en compétition officielle. Adapté de l’ouvrage d’Emmanuèle Bernheim sorti en 2013, le long-métrage raconte comment un homme d’affaires, gravement diminué par la maladie, demande à ses filles de l’aider à mourir.

Campé par André Dussollier, le père de famille est entouré de ses deux filles, jouées par Sophie Marceau et Géraldine Pailhas, meilleur espoir féminin aux César en 1992 pour La Neige et le Feu. Charlotte Rampling complète le casting, dans le rôle de l’épouse dépressive atteinte de Parkinson. Ce casting de choc a séduit Éric Neuhoff, qui juge qu’André Dussollier «trouve là un rôle à sa mesure», et estime le jeu de Sophie Marceau «à la hauteur» : «sur son visage défile toute la gamme des sentiments».

«Un casting sidérant de justesse et de classe»

Dans les colonnes de Première, les compliments ne se font pas rares non plus pour Dussollier, «épatant par sa démesure, par la finesse qu’il est capable de distiller pour transcender les attributs physiques obligés et pesants d’un tel personnage (prothèse…). Il fait un grand numéro de ski hors piste et emmène le film exactement où Ozon semble vouloir le placer», analyse le journaliste. Même son de cloche pour Le Parisien, pour qui l’acteur «donne à son personnage une humanité formidable, truculente, ce qui est un tour de force dans ce rôle». Sophie Marceau, quant à elle, «est magnifique de naturel, désarmée et déterminée», tandis que Géraldine Pailhas, «dans le rôle de l’autre sœur, incarne toutes les ambiguïtés d’une sororité aimante mais complexe».

Les éloges ne s’arrêtent pas là: Dussollier livre «une performance bluffante» (Télérama) qui «force le respect» (L’Humanité), tandis que Sophie Marceau fait preuve de «beaucoup de sensibilité et de retenue» (Télérama) et «constitue le moteur de l’œuvre, impressionnante de justesse et de dignité» (L’Humanité). Personne ne trouve rien à redire de ce «casting sidérant de justesse et de classe» (Le Parisien), de quoi leur laisser rêver, peut-être, à la palme d’interprétation.

Une mise en scène soignée mais fade

Mais au-delà de la question du jeu de ces deux ténors du cinéma français, les avis se font plus réservés et moins tranchés. D’ailleurs, peu de choses sont dites sur la mise en scène et le scénario, qui semblent finalement dans l’ombre de leurs brillants comédiens. Ainsi, dans L’Humanité, on reproche au réalisateur «d’effacer la mise en scène dernière son sujet», tandis que Libération, de la même façon, trouve dans ce long-métrage un certain côté «fade et tenu».

Certains, comme au Figaro, reconnaissent néanmoins les qualités de réalisateur de François Ozon, «plus soigneux que jamais», qui «adapte sans trembler le récit d’Emmanuèle Bernheim». Chez Première, on admire «la capacité d’Ozon à s’emparer d’un sujet de société fort sans en faire un film purement sociétal», tandis que Télérama apprécie que «le long-métrage ne verse pas dans un pathos éhonté», et «trouve un équilibre harmonieux entre le drame familial et le film-dossier».

«Un peu trop» ou «un peu plus»?

Toutefois, dans les colonnes de Première, on déplore le choix de la thématique de la fin de vie, qui sature les écrans ces derniers mois avec Falling et The Father. «On aimerait que tous ces films qui se ressemblent un peu tous, soient le simulacre de leur propre enterrement. C’est évidemment l’inverse. Ils font acte de résistance, s’accrochant aux grosses ficelles d’un académisme de tout temps plébiscité (Oscars, César…)», ose même le journaliste. Du côté de France Info, on reconnaît d’ailleurs que «tous les commentateurs à l’issue de la projection faisaient consensus autour d’un film à la facture classique, un peu pauvre», même si le «parti pris de l’humour qui traverse le film» permet d’apporter un côté distrayant, «un peu trop peut-être», hésite-t-on.

Un film entre fiction et réalité, devenant «un édifice un peu rébarbatif», où «l’on sent qu’il a manqué quelque chose. […] D’autres émotions, un peu plus de générosité, peut-être…», s’aventure Le Monde. Si personne ne juge le film foncièrement mauvais, L’Humanité observe toutefois que «l’on se demande ce que le passage par le cinéma de fiction apporte vraiment de plus que le livre ou le documentaire de Cavalier». Mais après tout, peut-être que le jeu d’acteurs suffit de donner à ce film son intérêt. Tout s’est bien passé aura, dans tous les cas, permis à Ozon de réaliser son rêve de tourner avec Sophie Marceau qui avait déjà refusé ses propositions par quatre fois.

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