Devant l’Odéon occupé, un concert de lutte pour la culture


Un air de fête planait samedi devant le théâtre occupé depuis trois semaines, alors que la mobilisation continue de réclamer la réouverture des lieux de culture, la prolongation de l’année blanche et le retrait de la réforme de l’assurance chômage.

Moussorgski et Beethoven avaient rendez-vous avec l’Odéon, samedi en début d’après-midi, devant le théâtre parisien occupé. Venus nombreux à l’appel du SNAM-CGT, des musiciens classiques solidaires ont ramené leurs violons, leurs trompettes, leurs pupitres et surtout leur détermination pour, dans un acte de défiance culturel, braver un interdit sanitaire majeur : donner un concert public.

Le concert a attiré la curiosité d’une foule de plusieurs dizaines de personnes, sympathisants de la mobilisation ou simples mélomanes. Diffusée en direct sur Facebook à l’initiative du collectif Occupation Odéon, la manifestation musicale s’inscrivait dans le programme d’une Agor’Arts organisée par les occupants du théâtre pour que la mobilisation prenne, pour un temps, «la forme d’une fête». «Parce que notre joie aussi fait partie du combat !!!», écrivaient les organisateurs sur Facebook, à l’annonce du programme, vendredi. «Politique et revendicative», cette manifestation musicale de l’«orchestre de l’Odéon» s’est achevée par l’interprétation d’une version orchestrale d’El pueblo unido – la chanson révolutionnaire chilienne de l’époque de Salvador Allende – largement reprise par la foule présente samedi dans le 6e arrondissement.

D’autres manifestations artistiques et musicales ont pris la suite de cette séquence de musique classique, sous la façade pavoisée de banderoles de l’Odéon. Autour d’un drapeau central célébrant le 150e anniversaire de la Commune, les différentes bannières rappellent aux passants les revendications des occupants, en écho aux discours et aux prises de paroles qui émaillèrent l’événement : «Retrait de la réforme de l’assurance chômage», «Libérez les artistes!», «Culture sacrifiée», «On ne joue plus, on lutte». Malgré l’interdiction des rassemblements de plus de six personnes, les organisateurs de l’événement assurent avoir déclaré cette «agora» à la Préfecture. Ce qui n’a pas dissuadé la police d’essayer, sans grand succès, de disperser la manifestation.

Le théâtre de l’Odéon est occupé depuis trois semaines par des professionnels du monde de la culture qui dénoncent les conséquences désastreuses de la fermeture des lieux de culture depuis octobre, et le manque de soutien de la part des autorités face à la précarité de leur situation. Une demande insistante des occupants et des manifestants est la prolongation et l’élargissement du dispositif de l’année blanche mis en place l’an passé. «La profession a besoin en urgence de travailler», avait alerté la CGT Spectacle le mois dernier. L’ensemble des lieux de culture – du cinéma au musée, en passant par les salles de concert et les théâtres – sont fermés en France métropolitaine depuis le début du second confinement, en octobre 2020.

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