Claude Brasseur, Guy Bedos, Michel Piccoli, Jean-Pierre Bacri… Leurs mémoires honorées aux César


DISPARITIONS – Le monde du cinéma a perdu nombre de ses prestigieux serviteurs. Des acteurs incontournables auxquels la 46e cérémonie entend rendre un hommage tout particulier.

Si on ne sait pas encore sous quelle forme un hommage leur sera rendu, la 46e cérémonie des César a prévu de saluer tous les grands acteurs, réalisateurs et scénaristes qui nous ont quittés en 2020 et au début de cette année 2021. Certains comme Guy Bedos, Claude Brasseur ou Michel Piccoli incarnaient une génération formidablement talentueuse. Ils manquent terriblement à notre époque. Tout comme manquera Jean-Pierre Bacri, le râleur préféré des Français et sans doute le plus tendre des comédiens.

Mars

  • 12 : Toni Marshall, 68 ans, actrice et réalisatrice

La fille unique de Micheline Presle, actrice à ses débuts, est devenue dans la deuxième partie de sa carrière la seule femme à recevoir le César de la meilleure réalisatrice, pour Vénus Beauté (Institut). Elle recevra deux autres statuettes pour ce film. Elle fera ensuite jouer Catherine Deneuve dans Au plus près du Paradis. Elle s’intéresse aussi aux aspects sociaux, comme en 2003 dans France Boutique, ou en 2017 dans Numéro une avec Emmanuelle Devos en brillante ingénieure décidée à prendre la tête d’une entreprise du CAC 40.

Avril

  • 29 : Irrfan Khan, 53 ans, acteur

L’acteur indien se fait connaître lorsque le cinéaste britannique Asif Kapadia fait appel à lui pour un rôle dans The Warrior (2001). Encensé, le film lui vaut d’être repéré en Inde par une nouvelle génération de réalisateurs. En 2008, son visage devient mondialement connu grâce à Slumdog Millionaire de Danny Boyle, film aux huit Oscars où il campait un inspecteur de police. Irrfan Khan avait poursuivi sa carrière aux États-Unis en jouant dans des blockbusters comme The Amazing Spider-Man (2012).

Mai

  • 12 : Michel Piccoli, 94 ans, acteur

Monument du cinéma français, l’acteur était célèbre pour ses rôles dans Le mépris, Les choses de la vie ou plus récemment Habemus papam. D’une remarquable longévité, sa carrière est indissociable des films de Luis Buñuel et de Claude Sautet. Sous la direction du premier, il a interprété des personnages troubles (Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour, Le charme discret de la bourgeoisie) avant de devenir une incarnation des Trente glorieuses, immuable clope au bec, chez le second, dans les années 1970 (Max et les ferrailleurs, Vincent, François, Paul… et les autres). Éclectique dans ses choix, il a également tourné sous la direction de Renoir, Resnais, Demy, Melville, Varda et Hitchcock.

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  • 24 : Jean-Loup Dabadie, 81 ans, scénariste, parolier, homme de lettres

Il a écrit de nombreux romans, des scénarios, des sketches mais aussi les mots de quelques-uns des plus grands succès de ses cinquante dernières années. Barbara, Julien Clerc, Reggiani, Sardou mais aussi Jean Gabin furent parmi ses plus grands interprètes. « On ira tous au paradis, même moi, qu’on soit béni ou qu’on soit maudit… » C’est à Dabadie que Michel Polnareff doit l’un de ses plus grands succès en 1972. Et Romy Schneider et Michel Piccoli, pour Les Choses de la vie, fredonnèrent La chanson d’Hélène.

  • 28 : Guy Bedos, 85 ans, acteur et humoriste

Acteur inoubliable de quelques comédies à la française, férocement engagé à gauche, il s’était fait une solide réputation de flingueur. Guy Bedos, c’était cette silhouette qui arpentait la scène sans relâche, en jouant des textes souvent signés de son complice Jean-Loup Dabadie. On se souvient de La drague, d’Aimez-vous les uns les autres ou encore Le boxeur (M’sieur Ramirez) et Bonne fête Paulette. Dans les années 1970, sa carrière cinématographique marque l’esprit de millions de Français. Il tourne sous la direction d’Yves Robert Un éléphant ça trompe énormément (1976) et sa suite Nous irons tous au paradis (1977).

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Juillet

  • 6 : Ennio Morricone, 91 ans, chef d’orchestre

Compositeur prolifique, il aura signé la bande sonore de plus de 500 longs-métrages au cours d’une carrière de 59 ans. Ses épopées chevaleresques pour Sergio Leone et ses mélodies angoissantes pour Dario Argento et Mario Bava, entre autres, auront joué un grand rôle dans la popularisation des « western-spaghetti » et du giallo. Sa meilleure composition restait à ses yeux Il était une fois en Amérique. Au cours de sa carrière, le Romain aura remporté, entre autres, un Oscar d’honneur, quatre Baftas et deux Golden Globes.

  • 26 : Olivia de Havilland, 104 ans, actrice

Inoubliable Mélanie de l’énorme succès Autant en emporte le vent (1939) de Victor Fleming, elle était la doyenne d’Hollywood, dont elle incarnait l’âge d’or des années 1930-1940. La comédienne deux fois primée par l’Oscar de la meilleure actrice vivait en France depuis le début des années 1950. Présente en 2011 lors de la 36ème cérémonie des César, elle fut ovationnée par le théâtre du Châtelet.

  • 31 : Alan Parker, 76 ans, réalisateur

Créateur d’une œuvre extrêmement large, il a été consacré mondialement pour ce qui restera comme l’un des films phare des années 1970 : Midnight Express. Il décroche le grand prix du Festival de Cannes en 1985 pour Birdy. Il a également brillé dans les films musicaux comme Fame, Pink Floyd- The Wall ou Evita, dans lequel il mettait en scène Madonna. Au total, ses œuvres ont remporté 19 Baftas, 10 Golden Globes et 10 Oscars.

Août

  • 29 : Chadwick Boseman, 43 ans, acteur

La star du succès planétaire des studios Marvel, Black Panther (2018), était devenue le premier super-héros noir à qui un film de la franchise était entièrement consacré. Avant ce rôle, il avait incarné la légende du baseball Jackie Robinson dans 42 de Brian Helgeland en 2013. Il avait aussi été loué aussi pour son interprétation du chanteur James Brown dans Get on Up de Tate Taylor en 2014. Plus récemment, il était apparu dans Da 5 Bloods de Spike Lee.

Octobre

  • 31 : Sean Connery, 90 ans, acteur

L’acteur écossais fut le légendaire interprète à sept reprises de James Bond. Sean Connery restera le seul, le vrai, l’unique espion de Sa Gracieuse Majesté. C’est lui qui apparaît à l’intérieur du canon d’une arme ensanglantée dans le générique créé par Maurice Binder. Lui qui prononce pour la première fois le célèbre : « Mon nom est Bond. James Bond. » Lui qui commande d’un air nonchalant une Vodka Martini, « au shaker, pas à la cuiller ». Lui qui possède un permis de tuer 007 et dégaine son Walther PPK, tout en conduisant la rutilante Aston Martin DB5, dans Goldfinger, en 1965.

Novembre

  • 18 : Michel Robin, 90 ans, acteur

Discret, mais indéfectible amoureux du théâtre, Michel Robin avait reçu à 60 ans un Molière pour un second rôle dans La Traversée de l’hiver, une pièce de Yasmina Reza, mise en scène par Patrice Kerbrat. « On connaît mon visage, mais pas mon nom… J’étais le Poulidor de l’amour ! », avait coutume de dire cet ancien sociétaire de la Comédie-Française. Timide jusqu’à la fin, il était toutefois reconnu par le public et le métier. Très présent au théâtre, il l’était également au cinéma dans Les Aventures de Rabbi Jacob, de Gérard Oury (1973), La Chèvre, de Francis Veber avec Gérard Depardieu (1981), Merci pour le chocolat, de Claude Chabrol (2000) ou Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet.

Décembre

  • 22 : Claude Brasseur, 84 ans, acteur

Issu d’une lignée de comédiens, il aura marqué six décennies de cinéma et de théâtre français, en plus de 110 films, côtoyant Marcel Carné, François Truffaut, Claude Sautet ou Yves Robert. Pour les plus jeunes, c’était Jacky, le doyen du Camping, pour leurs aînés, Vidocq ou le père de Vic dans La boum. Le fils de Pierre Brasseur et de la romancière Odette Joyeux, a reçu deux César pour la comédie Un éléphant ça trompe énormément en 1977 et pour La Guerre des Polices en 1980.

Janvier 2021

Il avait été découvert par Pagnol. Avec son accent du sud à couper au couteau et sa bonhomie, Jean Panisse avait été choisi par l’écrivain pour incarner Eliacin, un paysan haut en couleur, dans l’adaptation originale de Manon des sources. C’est ce film qui lança sa carrière en 1952. Devenu un second rôle incontournable, il a ensuite été le ferrailleur de Ne nous fâchons pas en 1966. Au cours de cette décennie, cette incarnation de la cité phocéenne en chair et en os a également côtoyé louis de Funès et « Bebel » au cinéma.

  • 17 : Jacques Bral, réalisateur

Cinéaste rare, on se souviendra de Jacques Bral pour Extérieur Nuit, un voyage nocturne dans les rues parisiennes. Sorti en 1980, ce film mettait en scène un trio inédit (Gérard Lanvin, Christine Boisson et André Dussolier), dans une fable post-soixante huitarde tournée exclusivement au clair de lune. Le réalisateur sortira par la suite Polar en 1984, Mauvais garçon (1993), Un printemps à Paris (2006) avec Eddy Mitchell et Le noir (te) vous va si bien en 2012.

  • 18 : Jean-Pierre Bacri, acteur et scénariste

On l’a lu et relu au gré des hommages, Jean-Pierre Bacri était le râleur préféré des Français. Il était surtout un acteur et scénariste de talent, maniant avec une extrême finesse l’humour acide et la tendresse. Passé par le théâtre, le comédien aura marqué le cinéma français par son style inimitable, partageant souvent la plume avec Agnès Jaoui. Consacré à cinq reprises aux César (une fois en tant meilleur acteur pour un second rôle et quatre fois en tant que meilleur scénario).

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  • 21 : Nathalie Delon, actrice

Elle appartient à la légende Delon. Même beauté féline et insolente qu’Alain, à qui elle ressemblait comme une sœur. L’histoire du cinéma se souviendra que sa première apparition à l’écran aura été son coup de maître. Dans Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, elle incarne Jane Lagrange, la maîtresse de Jeff Costello, un tueur à gages. Avec Alain Delon, elle jouera son seul film comique Doucement les basses sous la direction de Jacques Deray. Sa carrière continuera sans lui dans les années 1970, elle sera notamment remarquée dans L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse chemise de Nina Companeez.

Février 2021

  • 8 : Jean-Claude Carrière, scénariste et écrivain

À l’aise dans tous les genres, Jean-Claude Carrière aura indéniablement marqué la culture de ses soixante dernières années. Au cinéma, il aura mis ses talents de conteur au profit de nombreux réalisateurs, parmi lesquels Milos Forman, Volker Schlöndorff, avec Le Tambour, Andrzej Wajda, avec Danton, Jean-Paul Rappeneau avec Cyrano de Bergerac et surtout Luis Bunuel. Les deux hommes signeront six films ensemble, du Journal d’une femme de chambre à Cet obscur objet du désir. En 1983 il a obtenu le César du meilleur scénario original pour le Retour de Martin Guerre.

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