«Hommage à mon maître Jean-Laurent Cochet»


TRIBUNE – Le comédien salue ici la mémoire de son ancien mentor, décédé dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 85 ans des suites du Covid-19.

Par Fabrice Luchini

Fabrice Luchini: «Cinquante ans après, ce qu’il m’a appris me poursuit encore. C’était un maître à l’ancienne. On se levait quand il arrivait à son cours».
Fabrice Luchini: «Cinquante ans après, ce qu’il m’a appris me poursuit encore. C’était un maître à l’ancienne. On se levait quand il arrivait à son cours». François BOUCHON/Le Figaro

Guitry appelait les cours de théâtre «la traite des planches » ; avec les cours de Jean-Laurent Cochet nous n’étions pas dans «la traite des planches», pas du tout. Ils furent pour moi une illumination. Je devais avoir 17 ans. J’avais arrêté l’école, je ne comprenais rien aux mathématiques, l’algèbre créait chez moi un réflexe d’animosité et puis en entrant, par hasard, dans le cours de Jean-Laurent Cochet, j’ai rencontré un professeur.

Il travaillait une réplique d’une pièce de Racine: Britannicus. L’immense répertoire m’est apparu dans sa puissance. Pour la première fois de ma vie, je comprenais ce qu’on me disait ce qu’on allait m’enseigner. La réplique était «Il ne faut pas s’éloigner un moment, je veux l’attendre ici» et Cochet disait à l’élève: «En récitant le texte, tu dois penser: Ta gueule, tu m’emmerdes, reste chez toi!» Son talent de pédagogue était tel qu’à chaque fois, il donnait une assise technique pour faciliter l’exécution.

On ne savait pas si on deviendrait véritablement comédien mais au moins on quitterait ce cours en ayant eu accès à Molière, à La Fontaine à Victor Hugo

J’ai compris alors comme une révélation que

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