Nous sommes tous dans le même bateau


L’âge d’or de la collaboration scientifique touche-t-il à sa fin ? Il semble bien que ce soit le cas alors que partout dans le monde les portes se ferment aux partenariats entre scientifiques. Cependant, ce ne sont pas les scientifiques eux-mêmes qui sont responsables de ce rétrécissement des horizons scientifiques, mais les États-nations et les groupes supranationaux.

Ces opportunités de collaborations transfrontalières se ferment pour de nombreuses raisons. En haut de la liste figurent le nationalisme économique, le populisme et la concurrence géopolitique, ainsi que les craintes d’espionnage et l’envie de conserver une avance dans certains domaines scientifiques en excluant les nations concurrentes « hostiles ».

Actuellement, les chercheurs britanniques voient leurs opportunités de collaboration avec des collègues de l’UE réduites car ils sont exclus du programme Horizon Europe en raison d’un différend commercial. La Suisse se trouve dans une situation similaire à celle du Royaume-Uni et devra trouver sa propre voie pour boucler le cercle afin d’améliorer ses relations avec l’UE.

En regardant de l’autre côté de l’Atlantique, une nouvelle ère de concurrence entre les «grandes puissances» émerge entre les États-Unis et la Chine. Les États-Unis utilisent leur force de R&D pour tenter de contrer la montée en puissance de la Chine dans certains domaines tels que les micropuces et l’intelligence artificielle. Des partenariats entre scientifiques américains et chinois sont également suspectés. Une grande partie du monde occidental commence à fermer ses portes à la collaboration avec des scientifiques chinois alors que les craintes d’espionnage et d’influence malveillante font surface.

Des pays plus éloignés comme l’Inde, le Japon et l’Australie ont imposé des restrictions sur les collaborations avec la Chine. Pendant ce temps, la coopération entre les scientifiques russes et l’Occident est tombée à son plus bas niveau depuis des décennies à cause de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Il semble que ces problèmes de sécurité commencent déjà à avoir un impact. Une analyse a révélé que la collaboration entre les chercheurs américains et chinois s’était essoufflée ou avait même commencé à décliner au cours des deux dernières années.

Ironiquement, cette détérioration de la collaboration scientifique survient à un moment où elle est le plus nécessaire. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant qu’espèce sont multiples et ils ne respectent pas les frontières : changement climatique, pollution et pandémies pour n’en nommer que quelques-uns. Alors que les pays restreindront toujours la collaboration sur la recherche jugée «sensible», la coopération scientifique doit rester plus largement ouverte. Cela profite non seulement à la science mais aussi à la diplomatie, en entretenant des relations amicales, en gardant des lignes de communication ouvertes et en se traitant mutuellement comme des humains et des collègues scientifiques, plutôt que comme des représentants d’un pays. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons faire face aux problèmes qui nous sont communs à tous.

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