Les États-Unis ont créé « l’industrie du contentieux », déclare l’Iran au plus haut tribunal de l’ONU


LA HAYE: L’Iran a accusé les États-Unis de créer une « industrie du contentieux » sur les allégations de terrorisme contre Téhéran alors qu’il ouvrait lundi son offre devant le plus haut tribunal de l’ONU pour dégeler des milliards de dollars d’actifs gelés par Washington.
L’affaire devant la Cour internationale de justice (CIJ) survient alors que l’espoir de faire revivre un accord historique – dont l’ancien président américain Donald Trump s’est retiré en 2018 – qui visait à apprivoiser les ambitions nucléaires de l’Iran s’estompe.
Téhéran a emmené Washington devant la CIJ basée à La Haye en 2016 après que la Cour suprême des États-Unis a ordonné le gel d’environ 2 milliards de dollars d’actifs iraniens, ordonnant que l’argent aille aux survivants et aux proches des attaques imputées à la république islamique.
Il s’agit notamment de l’attentat à la bombe de 1983 contre une caserne de la marine américaine à Beyrouth qui a tué 299 personnes, dont 241 soldats américains, et de l’attentat à la bombe des tours Khobar en 1996 en Arabie saoudite qui a fait 19 morts.
Le représentant de l’Iran, Tavakol Habibzadeh, a déclaré lundi aux juges de la CIJ que la décision américaine ouvrait la voie à « des milliards de dollars d’indemnisation et de dommages-intérêts punitifs par le biais de jugements par défaut ».
« Ce faisant, les États-Unis ont créé une industrie de litiges contre l’Iran et les entreprises iraniennes », a déclaré Habibzadeh, qui dirige le Centre iranien des affaires juridiques.
Un autre avocat de l’Iran, Vaughan Lowe, a déclaré que l’Iran « nie être responsable des blessures subies par ces victimes ».
« La législation des États-Unis ne s’embarrasse pas de preuve, d’attribution ou de responsabilité », a-t-il déclaré. «  »Peu importe de prouver que l’Iran est coupable dans un cas particulier… La peine d’abord, le verdict ensuite. »
L’Iran affirme que le gel des fonds a violé le traité d’amitié de 1955 avec les États-Unis, un accord signé avant que la révolution islamique iranienne de 1979 ne rompe les relations entre les pays.
Téhéran soutient que la saisie par les États-Unis des actifs financiers iraniens et de ceux des entreprises iraniennes est illégale, ajoutant que la résolution de l’affaire est cruciale à un moment où l’Iran est confronté à des difficultés économiques après les sanctions et l’inflation galopante.
À son tour, Washington a tenté en vain de faire rejeter le procès, alléguant que les « mains impures » de l’Iran – une référence au soutien présumé de Téhéran à des groupes terroristes – devraient disqualifier sa tentative de récupérer les 2 milliards de dollars d’actifs.
Les représentants des États-Unis doivent répondre mercredi à la CIJ.
Les États-Unis ont annoncé en octobre 2018 qu’ils se retiraient du traité d’amitié après que la CIJ, dans une affaire distincte, a ordonné à Washington de lever les sanctions liées au nucléaire sur les biens humanitaires destinés à l’Iran.
La CIJ est la plus haute juridiction des Nations Unies et a été créée après la Seconde Guerre mondiale pour résoudre les différends entre les États membres. Ses décisions sont contraignantes et sans appel, mais elle n’a aucun moyen de les faire appliquer.
L’audience de lundi intervient alors que l’espoir de relancer l’accord nucléaire de 2015 entre Téhéran et l’Occident qui accorde un allégement des sanctions à l’Iran en échange de la restriction de son programme nucléaire s’estompe.
Trump s’est retiré de ce qu’il a qualifié de « terrible » accord en 2018 et a commencé à réimposer des sanctions, incitant Téhéran à revenir sur ses engagements pris dans le cadre du pacte.
Des pourparlers sont en cours à Vienne depuis avril de l’année dernière, visant à rétablir l’accord en levant à nouveau les sanctions contre Téhéran et en poussant l’Iran à honorer pleinement ses obligations.
Mais les puissances occidentales ont émis des doutes sur les réponses de l’Iran à leurs dernières ouvertures.
Le président iranien Ebrahim Raisi, quant à lui, a exigé lundi des « garanties » américaines qu’il ne se retirerait plus de l’accord nucléaire, avant sa première visite aux Nations Unies.



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