Largo Winch s’envoie en l’air pour le meilleur… et pour le pire !


LA CASE BD – Le 23e tome des aventures du milliardaire humaniste sort la semaine prochaine. Scénarisé pour la troisième fois par Eric Giacometti et toujours dessiné par Philippe Francq, cet épisode mouvementé envoie le héros vers l’infini et au-delà. Son dessinateur décrypte une planche particulièrement saisissante.

Disons-le d’emblée, ce nouvel album est une réussite du genre. Non seulement parce que le milliardaire humaniste s’est parfaitement acclimaté au troisième millénaire, mais également parce qu’il sait constamment se renouveler. Ici, en s’offrant un vol suborbital, comme le pratiquent Richard Bronson, Elon Musk ou Jeff Bezos, il le prouve de brillante manière…

Après un diptyque russe axé sur une machination financière ayant entraîné un «stock market crash» (L’Étoile du matin, Les Voiles écarlates), Largo Winch se relance dans l’aventure avec l’envie d’en découdre. Depuis quatre ans, sa destinée est désormais passée entre les mains du romancier Eric Giacometti tandis que Philippe Francq en assure toujours les dessins.

Avec La Frontière de la nuit, le tandem Giacometti-Francq entraîne leur héros chevalier blanc dans l’espace, le temps d’un vol suborbital. «J’avais quelques inquiétudes à ce sujet, confie Philippe Francq. Il y a quatre ans, quand Eric Giacometti m’a proposé cette idée, cela ressemblait plus à de la science-fiction qu’à autre chose. Et puis cet été a eu lieu le premier voyage suborbital, lié au développement du tourisme spatial. Entre Richard Bronson et son programme Virgin Galactics, Jeff Bezos ou Elon Musc, le grand public a pu largement se familiariser avec ces touristes qui flottent en apesanteur, sans parler de l’astronaute français Thomas Pesquet! Finalement, l’album colle complètement à l’actualité…»

Sur les chapeaux de roue…

Entre une visite incognito de Largo dans une mine d’étain indonésienne, l’impressionnante présentation de skate-boards volants appelés «flyboards» en Californie, un défilé de mode qui tourne au drame, sans oublier quelques règlements de compte orchestrés par un mystérieux «professeur» aussi terrifiant que sympathique, le premier volet de ce nouveau diptyque démarre sur les chapeaux de roues.

Largo Winch se voit même proposer à brûle-pourpoint de participer à un vol suborbital par un jeune couple californien d’entrepreneurs détonants : Demetria et Jarod Manskind. Une façon nouvelle pour le milliardaire séducteur, rebelle et bagarreur, de s’envoyer en l’air.

Mené tambour battant, cette 23e aventure n’est pas chiche en rebondissements et présente de nombreuses séquences d’action. «Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusé, sourit Philippe Francq. Cet album fut un grand bonheur à dessiner. Et attendez de voir la suite. Je me suis vraiment régalé à dessiner les dix premières de la suite, baptisé Le Centile d’or…»


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«Cette planche n’existait pas dans le scénario original», précise Philippe Francq. © Éditions Dupuis 2021.

La page 38 de La Frontière de la nuit est un parfait exemple de la nouvelle direction prise par Largo Winch dans La Frontière de la nuit. Le décryptage par son auteur:

«Cette planche n’existait pas dans le scénario original, précise d’emblée Philippe Francq. Mais j’étais embêté. Entre la page précédente où Largo est invité à faire un voyage suborbital et l’instant où il décolle à bord du Stratolaunch, l’avion porteur qui emmène la navette Asteria de Jarod vers l’espace, il manquait une transition. L’astronaute français Jean-François Clervoy qui m’a conseillé durant toute l’élaboration du projet, m’avait expliqué que les futurs touristes de l’espace seraient soumis à une batterie de tests, au moins trois mois d’examen. J’ai donc décidé d’insérer cette page montrant Largo Winch qui passe par la centrifugeuse…»

«Ici, tous ses traits sont crispés, déformés, analyse Philippe Francq. Largo a les yeux presque exorbités car l’accélération est incroyable de la centrifugeuse.» © Éditions Dupuis 2021.

Ce passage par la centrifugeuse rappelle bien sûr un James Bond célèbre avec Roger Moore sorti en 1979 Moonraker. «C’était un clin d’œil bien sûr, s’amuse le dessinateur. Disons que cela montre Largo Winch sous un jour nouveau. Les lecteurs l’ont déjà vu souffrir psychologiquement, notamment dans Les Trois yeux des gardiens du Tao. Mais là il souffre physiquement. Tous ses traits sont crispés, déformés. Ses chairs sont tirées en arrière par l’effet centrifugeuse. il a les yeux presque exorbités car l’accélération est incroyable.»

La centrifugeuse est bien sûr un clin d’œil au James Bond Moonraker, sorti en 1979, avec Roger Moore. © Éditions Dupuis 2021.

Il faut également préciser que les batteries de test sont obligatoires pour n’importe quel individu voulant procéder à un vol suborbital. Et Philippe Francq d’ajouter : «Cette étape est également le passage obligé pour tous les pilotes de chasse.»

«Comme je ne voulais pas d’orange, j’ai fait de nombreux essais, précise le dessinateur. J’ai opté pour une combinaison verte un peu militaire avec un côté prototype, et je me suis inspiré de celles de Richard Bronson.» © Éditions Dupuis 2021.

Dans le strip suivant, Largo Winch apparaît frais comme une rose après avoir enfilé une combinaison verte. «Nous avons discuté, Jean-François Clervoy et moi du bien-fondé de ne pas leur mettre de combinaison pressurisée, explique le dessinateur. Comme je ne voulais pas d’orange, j’ai fait de nombreux essais. Je trouve que les tenues spatiales d’Elon Musk font penser à de la mauvaise science-fiction des années 50. Alors, j’ai opté pour une combinaison verte un peu militaire avec un côté prototype, et je me suis inspiré de celles de Richard Bronson.»

Le médecin qui l’ausculte, tout en lui précisant qu’il aurait dû passer un nombre beaucoup plus important de tests avant d’embarquer dans la navette de Jarod Manskind, entretient une certaine ressemblance avec quelqu’un de connu. «Pour l’anecdote, le médecin, c’est moi, révèle Philippe Francq. J’ai changé la couleur de mes cheveux et j’apparais gaucher. Mais cela m’a amusé de me mettre en scène en docteur ! Disons-le, je veille sur mon personnage…» (Rires).

Lancé en 2011 par le milliardaire Paul Allen (1953-2018), l’avion géant stratolaunch sert de porteur pour le vol suborbital de la navette Asteria. © Éditions Dupuis 2021.

Dans le dernier strip de cette page, on découvre l’immense avion Stratolaunch, développé depuis 2011 par la firme du milliardaire Paul Allen (1953-2018), cofondateur de Microsoft. Cet avion géant, le plus long du monde. Il sert de lanceur à la navette Asteria du couple Demetrya et Jarod Manskind.

«Ce prototype était resté dans un hangar après la mort de Paul Allen en 2018, note Philippe Francq. Eric Giacometti et moi avions décidé de le remettre en scène pour les besoins du scénario. La véritable gageure a surtout été de dessiner cet engin en entier sur la case. Ce fut pour moi, un vrai casse-tête d’installer l’avion au sol dans la case. Il fallait qu’il soit majestueux et que l’on comprenne bien sa taille et ses ailes de géant.»

Insérée dans cette case, le visage étonné de Largo qui découvre l’intérieur de la navette Asteria. «Je voulais que l’on comprenne que, même s’il veut garder la face, Largo est inquiet et impressionné, conclut le dessinateur. Le héros s’engage -comme le lecteur- vers une destination inconnue. Il est à la fois exalté, mais aussi un peu anxieux. Et on le comprend…»

Largo Winch tome 23 La Frontière de la nuit, de Philippe Francq et Eric Giacometti, éditions Dupuis, 48 ​​p., 14,95 €.

À voir aussi – Découvrez la bande annonce de la Fortune des Winczlav, sur les traces des ancêtres de Largo Winch

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