ils retrouvent enfin le plaisir de porter un masque


REPORTAGE – «Des bonbons ou un sort ?». Cette année, les boutiques de déguisements font face à un afflux de clients bien décidés à célébrer la peur et rattraper le temps perdu durant les confinements.

Au milieu des masques de zombie, de sorcière et de clown, au milieu des cornes de diable et des lentilles de couleur, Magalie Larive, 36 ans, affiche un sourire d’enfant. La boutique La joie pour tous, qu’elle gère dans le 5e arrondissement de Paris, ne paie pas de mine vue de l’extérieur : seule une banderole noire et orange clamant «Happy Halloween» trône au-dessus de la vitrine décorée de
citrouilles. À l’intérieur pourtant, l’humeur est déjà à la fête des morts.

Depuis une quinzaine de jours, les clients se pressent dans le magasin pour trouver le costume le plus terrifiant. Samedi dernier, ils étaient entre 250 et 300 : « C’est exceptionnel, on n’a jamais connu ça ! Je pense que les gens ont besoin de faire la fête et c’est la première occasion qu’ils ont depuis la fin des confinements», explique Magalie Larive. L’année dernière, la crise sanitaire l’avait contrainte à
fermer boutique le 29 octobre. Les 30 et 31, elle vendait quelques déguisements sur le trottoir, ne remplissant qu’1% de son chiffre d’affaires habituel. Alors cette année, la commerçante n’a pas anticipé la foule. «On est tous surpris, on travaille dans l’urgence. On n’a pas trop fait de stocks par rapport à d’habitude», observe-t-elle, un peu inquiète.

Au Fou Rire, dans le 9e arrondissement de Paris, on peaufine les derniers détails pour les déguisements d’Halloween. Lilia Aoudia

Julien Klein a lui aussi été surpris. Chargé des relations clients depuis trois ans à So fête dans le 9e arrondissement de Paris, il est aux premières loges pour constater la motivation des Parisiens. Le samedi précédent, il a été obligé de réguler l’entrée des clients. Et rien à voir avec le Covid. «J’ai dû rester à la porte du magasin de 14h à 20h. Il y avait du monde qui faisait la queue dans la rue. On a eu au
moins 1 000 personnes dans la journée, c’était un truc de fou», souligne-t-il.

La folie Jeu de calmar

Non loin de là, chez Au Fou Rire, leurs concurrents qui font de la vente et de la location de costumes, on s’y prend même encore plus en amont. «On a passé les commandes dès juin, et installé la collection Halloween mi-septembre», explique Buhran Akbaraly, qui, depuis onze ans, vient aider son père à la boutique pour ce qui représente la plus grosse période de l’année. Soirées étudiantes ou chez des amis… Les jeunes représentent une part conséquente de leur clientèle. «On fournit aussi directement les boîtes de nuit du coin lorsqu’ils veulent des déguisements pour leurs soirées à thème», indique le jeune homme.

Parmi les costumes les plus recherchés, ceux des personnages emblématiques de la série Jeu de calmar. «Il ne me reste plus que quelques masques de maître du jeu», décompte la commerçante. La
production coréenne diffusée sur Netflix s’est emparée des vitrines d’Halloween. Comme pour Le vol d’argent quelques années plus tôt. Et pour suivre le mouvement, les magasins adoptent la même
technique : réutiliser les mêmes stocks de combinaisons rouges qui servaient au déguisement de série espagnole pour la fiction coréenne. Les fans n’ont plus qu’à acheter un masque noir avec les signes «rond», «carré» ou «triangle» de Jeu de calmar.

La reine du mal

Des tenues tendances pour certains, pas assez originales pour d’autres qui préfèrent se démarquer. À La joie pour tous, devant le miroir, Margaux enfile une longue robe noire. Elle qui n’est pourtant pas spécialement friande de cet événement, se retrouve cette année à enchaîner les fêtes. Comme si le répit offert par le covid portait l’espoir d’un avenir meilleur. «J’ai plusieurs soirées d’Halloween prévu alors que ce n’est pas trop dans mes habitudes, précise-t-elle. J’ai donc décidé d’investir dans une cape Harry Potter».

Vaheana, elle, est une habituée des lieux. Une hache en plastique à la main, elle penche plutôt pour un costume de viking ou de «reine du mal». Pour cette jeune femme de 26 ans qui prépare une grande soirée entre amis, le 31 octobre est une institution : «Il faut se rattraper comme on n’a pas pu le faire l’année dernière. On se sent prêts à fêter Halloween comme il se doit !»

IPJ Dauphine IPJ

Cinéma, théâtre, musique… Les étudiants-journalistes d’IPJ, l’Institut Pratique du Journalisme de l’Université Paris Dauphine , proposent leur regard sur l’actualité culturelle. IPJ Dauphine

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*