INFOS LE FIGARO – Quelques mois après les nombreuses accusations de viol à son encontre, l’ex-présentateur star du 20h de TF1 était l’invité des Journées Nationales du livre et du vin. Malgré le classement sans suite des affaires dans lesquelles le journaliste était cité, sa présence a été contestée.
Sa présence a gêné, c’est peu de le dire. Patrick Poivre d’Arvor, accusé de viol par plusieurs femmes il y a quelques mois, était invité ce week-end aux 25e Journées nationales du livre et du vin à Saumur (Maine-et-Loire). L’écrivain Thibault de Montaigu devait recevoir le Prix Patrick Poivre d’Arvor, qui récompense le meilleur écrivain-journaliste de l’année, pour son livre La Grâce. Une récompense remise par « PPDA » lui-même. Le romancier a préféré annuler sa venue, pour des questions morales. «Il ne voulait pas recevoir ce prix associé au nom de M. Poivre d’Arvor», explique-t-on chez Plon, sa maison d’édition.
Du côté de l’organisation du salon, on assure avoir pris acte de l’annulation, sans avoir été mis au courant des motivations de Thibault de Montaigu. «Il a simplement décliné l’invitation sans donner plus de précision. Il avait peut-être un empêchement, une raison familiale. Thierry Frémaux devait venir mais il était finalement absent, et ça n’a embêté personne», défend Jean-Maurice Belayche, l’organisateur de cet événement qui mêle littérature et art de la table.
Une version réfutée par Plon, la maison d’édition de l’écrivain : «Ils savent très bien pourquoi [il n’est pas venu]. Il y a eu une discussion, et Thibault de Montaigu n’a jamais caché aux organisateurs qu’il ne voulait pas d’un prix au nom de Patrick Poivre d’Arvor».
«Nous ne sommes pas des procureurs de la République»
Les premières accusations à l’encontre de Patrick Poivre d’Arvor remontent au mois de février. La journaliste Florence Porcel affirmait avoir été violée par « PPDA » en 2009. Dans les semaines suivantes, 23 femmes apportaient des témoignages incriminant l’ex star du JT de TF1 et ses agissements tout au long de sa carrière. Une enquête était ouverte dans la foulée. Parmi les femmes l’accusant, huit décidaient alors de porter plainte contre le journaliste de 73 ans. Fin juin, l’affaire était classée sans suite, la procureur en charge du dossier Catherine Denis arguant dans un communiqué que les faits «ne peuvent caractériser le crime de viol dans la mesure où aucun élément ne permet de confirmer les propos de l’un ou de l’autre concernant l’existence de cette scène».
Une décision de justice sur laquelle s’appuie l’organisation pour justifier la présence du journaliste, expliquant à nos confrères de L’Obs qu’«on n’inviterait pas quelqu’un qui est en porte-à-faux avec des règles morales fondamentales et la justice. Nous, en tant qu’organisateurs de salons, nous ne sommes pas des procureurs de la République. On respecte la justice de notre pays à 200 %».
La colère des accusatrices
«Vingt-trois femmes se sentent méprisées, moi la première». La journaliste Hélène Devynck, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de harcèlement sexuel et d’un viol qui remonte à 1993, exprimait ce week-end sa colère en apprenant la présence de l’ex-présentateur du JT de TF1, sur son compte Twitter.
Contactée par L’Obs, elle précise : «PPDA fait des signatures, va à des festivals, il est reçu partout, comme si de rien n’était. À chaque fois, c’est comme si on n’existait pas. Ça nous blesse. C’est insultant».
D’autres accusatrices ont elles aussi fait part de leur émoi, comme la journaliste Emmanuelle Dancourt :
L’action judiciaire à l’encontre de Patrick Poivre d’Arvor est pour l’instant arrêtée, mais de nouvelles accusations ou de nouveaux éléments pourraient relancer l’enquête, sauf en cas de prescription des faits imputés.
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