Le complexe funéraire du roi Djoser rouvre au public dans les profondeurs de Saqqarah


ARCHÉOLOGIE – Les visiteurs peuvent de nouveau explorer la tombe secondaire du roi de la IIIe dynastie égyptienne à qui l’on doit la tradition architecturale des grandes pyramides mortuaires.

Après quinze ans de travaux, le «tombeau Sud» du complexe funéraire du roi égyptien Djoser (IIIe dynastie) a de nouveau ouvert ses portes au public, lundi, en présence des plus hauts responsables du Conseil suprême des antiquités et des archéologues en charge de Saqqarah. Contemporaine de la fameuse pyramide de Djoser, cette tombe vieille de plus de 4600 ans est bien connue des égyptologues pour sa chambre funéraire ornée de faïences bleues. Très dégradée, pillée il y a plusieurs millénaires de cela, elle livre désormais ses galeries fraîchement restaurées aux regards des touristes et des curieux.

Accessible par un long et fin escalier en pierre ondulant à plusieurs mètres sous le niveau du sable, puis par un large et impressionnant puits d’environ 7,5 mètres de côté, le complexe souterrain a été consciencieusement renforcé, sécurisé, nettoyé et mis en lumière pendant des années par les ouvriers égyptiens. Terminée la période où les archéologues crapahutaient, torche ou lampe torche à la main, au milieu d’énigmatiques allées plongées dans la pénombre des millénaires. Situés à quelque 28 mètres de la surface, les couloirs et les chambres du tombeau Sud de Djoser présentent aujourd’hui des enfilades lumineuses et modernes. À n’en pas douter, la clarté l’emporte sur le mystère : les parois de faïences bleues s’admirent entre deux piliers métalliques soutenant le plafond fragile de la tombe. Brisé, le caveau de granite qui gît dans le fond du puits monumental a également ailleurs été réassemblé, pour faire bonne mesure.

La tombe Sud de Djoser, à Saqqarah, rouvre au public

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À deux pas de la pyramide à degré de Djoser, où était censé reposer le roi ayant régné sur l’Égypte entre 2667 et 2648 avant notre ère, la tombe Sud, pourrait avoir été un cénotaphe, une tombe symbolique. Posséder deux tombes, une haute et une basse, aurait ainsi pu être une façon de reproduire le double pouvoir du roi, à la fois souverain de la Haute et Basse Égypte. Une autre piste avancée par les archéologues serait d’y voir le lieu d’inhumation des entrailles royales, récoltées de la dépouille de Djoser au moment de sa momification. Les deux hypothèses ne s’excluent d’ailleurs pas.

À quinze kilomètres environ du plateau de Gizeh, cette tombe de l’Ancien Empire égyptien a été découverte en 1928 au sud de la nécropole royale, par une équipe dirigée par l’archéologue britannique Cecil Mallaby Firth (1878 – 1931), assisté de l’égyptologue français Jean-Philippe Lauer (1902-2001). «On imagine l’émotion qui nous étreignit alors Firth et moi, en songeant que nul n’avait pénétré dans cet appartement situé à 28 mètres sous terre depuis l’exploration des violateurs, qui l’avaient atteint par une autre voie, directement à partir du fonds du puits, sous la Première Période Intermédiaire, il y avait plus de 4000 ans !», a témoigné Jean-Philippe Lauer pour l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en 1980.

La réouverture de la tombe Sud de Djoser intervient près d’un an et demi après le retour des touristes sur le site la pyramide à degrés, qui avait également rouvert après plusieurs années de travaux. Haut de 60 mètres, le tombeau monumental du roi Djoser n’était pas – loin de là – l’unique bâtisse du complexe de Saqqarah, qui abritait également un chapelet de structures diverses ainsi qu’un temple. Cette vaste nécropole enclose serait l’œuvre du ministre et architecte en chef du roi Djoser, Imhotep, qui passe pour être le premier «bâtisseur de pyramide». Construites en calcaire, ces structures funéraires marquent une rupture avec les mastabas de briques qui abritaient jusqu’alors les sépultures de prestige. Leur forme la plus parfaite sera atteinte quelques années plus tard, avec les grandes pyramides à face lisse édifiées à Gizeh, par les rois de la IVe dynastie.

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