Au Barcarès, des conteneurs peints célèbrent l’art urbain face à la mer


PATRIMOINE – Cinq artistes contemporains ont enjolivé à coups de peinture une trentaine de caissons, non loin de Perpignan. Convaincue par cette installation éphémère, la commune espère renouveler l’expérience.

Une spationaute de science-fiction tire son écho fantomatique à l’aide d’une frêle ficelle. Derrière elle, le cosmos. Et le bleu du ciel occitan. Face à la mer, l’héroïne au casque rouge intrigue les passants ; cette création n’a pas été peinte sur un pan de mur, ni sur un wagon ou une toile, mais sur les tôles gondolées de plusieurs conteneurs maritimes. Autour d’elle, une trentaine de caissons. Transformés en fresques géantes, ils forment depuis juillet un surprenant musée d’art urbain à ciel ouvert sur la côte du Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales.

Réalisées à partir d’un ou plusieurs conteneurs par cinq artistes de renom – Case Maclaim, Alber et Veks Van Hillik, Julieta XLF et Kraser Tres – dix œuvres éphémères aux univers très différents se sont installées cet été sur le front de mer de la commune du Barcarès. Elles vont y constituer jusqu’à la fin septembre «une galerie monumentale à ciel ouvert». «L’idée était de redonner un coup de boost à l’emblématique “allée des arts”, qui fait partie de l’identité et la mémoire du Barcarès depuis 1969», a expliqué la mairie de la ville à l’AFP. «Plus long Musée en plein air du monde», selon la municipalité barcarésienne, la promenade est située à proximité du paquebot Lydie, dont la silhouette est devenue l’un des symboles de la station balnéaire.

Cité touristique méditerranéenne, Le Barcarès est situé à 10 kilomètres de Perpignan et une quarantaine de kilomètres de la frontière espagnole, ce qui en fait à une destination de choix lors de la saison estivale, la période la plus propice aux audaces culturelles. Une initiative assumée par la municipalité : «Notre choix s’est naturellement porté sur le street art, accessible à tout le monde et permettant de faire quelque chose de très spectaculaire, notamment grâce aux containers maritimes.»

«À couper le souffle»

Culminant à plus de 15 mètres pour quatre des installations, les conteneurs peints du port de Barcarès ne laissent certainement pas indifférents. Livrés aux vents, à la mer et aux passants, les caissons exhibent la silhouette saugrenue d’une fillette aux larmes bleues consolée par des baleines, une femme nue représentée par des aplats de couleurs chaudes et froides, ou encore deux mains qui se superposent dans un jeu de transparence. Au milieu d’une mer déchaînée, un vieil homme au corps tatoué et à tête de poisson tient dans ses mains une branche d’arbre, debout sur une barque en bois.

Le batelier mi-homme mi-poisson de Veks Van Hillik, sur le front marin du Barcarès. RAYMOND ROIG / AFP

Veks Van Hillik, un peintre français de 32 ans, présente au Barcarès une œuvre surréaliste inspirée de la peinture flamande. Il souhaitait créer «quelque chose de très immersif face à ce front de mer», donnant aux conteneurs l’aspect d’un «bloc d’eau sorti de terre», a-t-il confié à l’AFP. Créateur de la peinture au thérianthrope homme-poisson, l’artiste urbain a fait empiler neuf conteneurs de tailles différentes pour donner à sa fresque une “toile”, un corps ondulé et métallique. Pour un couple de retraités découvrant avec émerveillement son travail, le résultat leur paraît tout simplement «à couper le souffle».

Ravi, le Toulousain surréaliste est également heureux d’avoir pu se frotter à un nouveau contexte de création. «C’était la première fois que je réalisais une œuvre sur un container! Le vent et la taule gondolée ne m’ont pas facilité la tâche, mais j’ai fini par trouver quelques astuces», se souvient amusé l’artiste qui a travaillé pendant quatre jours à son œuvre, perché sur une nacelle articulée à plusieurs mètres du sol. À partir de lundi, certaines de ces installations seront déplacées à d’autres endroits de la ville, et toutes seront remplacées par des nouvelles dans un an, promet la mairie du Barcarès qui souhaite renouveler l’expérience.

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*