Le Sheriff Tiraspol ? « C’est le PSG en France »


Petit poucet du groupe D en Ligue des champions, le Sheriff Tiraspol aborde là la première C1 de son histoire. Plongée dans ses coulisses.

Parmi les belles histoires que raconte la Ligue des champions, il y a celles des premières. Pour le Sheriff Tiraspol, c’en est une. Le champion de Moldavie, vainqueur du Dinamo Zagreb (3-0,0-0) en matches de barrage de la C1, prend part, cette saison, à sa première phase de groupe de la Ligue des champions. Si le club était, jusque-là, un figurant sporadique de la Ligue Europa (4 participations), il reste un mastodonte du championnat moldave avec 19 titres glanés en 22 saisons.

Vitrine de la Transnistrie

Cette hégémonie, le club Tiraspol en a fait un leitmotiv. Fondé en 1997 par le Sheriff, un conglomérat créé par Viktor Gushan un ancien membre des services secrets russes, le club se veut une vitrine européenne de la Transnistrie, une région sécessionniste pro-russe de la Moldavie. Pour servir ce dessein, le Sheriff n’hésite pas à injecter les moyens de ses ambitions. « On a là-bas des infrastructures qu’aucun club de Ligue 1 n’a, j’avais à ma disposition 19 terrains de gazon, trois terrains de match. Ce sont des infrastructures qui sont hors normes par rapport au championnat moldave dans lequel cette équipe évolue », racontait, au micro de France Inter, Bruno Irles, ancien entraîneur du club (2016) et aujourd’hui coach de l’US Quevilly-Rouen (Ligue 2).

Au sein de l’équipe qui aborde cette saison, on retrouve même un nom familier de la Ligue 1. Seulement le nom. Sébastien Thill, frère de l’ancien pensionnaire du FC Metz, Vincent Thill, évolue au Sheriff en prêt depuis une saison. Le Luxembourgeois de 27 ans, qui a effectué la majeure partie de sa carrière au Grand-Duché, mesure le gap. « On a les installations d’une grande équipe d’Europe », abonde le milieu de terrain. Le club aurait même construit « un hôpital pour ses joueurs », à en croire Thill.

« C’est très professionnel »

En recrutement aussi, le Sheriff Tiraspol a toujours mis le paquet. Dans le hall of fame du club, on retrouve ainsi des noms passés par de plus grands championnats européens. Pêle-mêle : l’ancien international espoir espagnol Melli (Betis, Tenerife), les deux ex-internationaux nigérians Chidi Odiah (CSKA Moscou) et Isaac Okoronkwo (Shakhtar Donetsk, Wolverhampton, Rostov) ou encore le Brésilien Wallace (La Gantoise).

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Le club trouve aussi le moyen d’attirer des joueurs issus de gros centres de formation européens. Le défenseur franco-sénégalais Ousmane N’Diaye, formé à l’Olympique lyonnais, a quitté Tiraspol en mars dernier pour rejoindre le Kaysar Kyzylorda, au Kazakhstan. Du Shériff, il se rappelle d’un club qui « a fait pas mal d’efforts » pour le faire venir de Turquie où il venait de terminer sa quatrième saison (Samsunspor, Genclerbirligi puis Osmanlispor). Pour lui, comme pour Irles, le club est largement au-dessus du lot en Moldavie. « Le Sheriff, c’est le PSG en France, insiste-t-il. Les installations, tout ce qui se passe autour du club… C’est très professionnel. Ils ont aussi des entraîneurs étrangers qui connaissent mieux le football ».

Une grande rivalité avec la capitale

Avec autant de moyens investis pour faire rayonner le Sheriff, sa ville et sa région, l’échec devient intolérable pour ses dirigeants, surtout lorsqu’il est essuyé face aux clubs de la capitale, Chisinau. Bruno Irles en a fait l’amère expérience en 2016 après 8 journées de championnat, 6 victoires et 2 défaites dont, la dernière (3-0) face au Dacia Chisinau. « Il faut que, à travers ce club, la Transnistrie domine le championnat moldave pour tenter d’exister sur la scène européenne », expliquait l’entraîneur à France Inter.

N’Diaye confirme la rivalité viscérale entre le club et ceux de la capitale. « A Tiraspol, la capitale n’est pas très appréciée. Ce sont ces matches-là que le président attend et c’est sur ces matches-là qu’on est jugé », commente l’ancien lyonnais. Pas sûr donc, Viktor Gushan tienne rigueur à ses joueurs s’ils essuient des défaites face au Real Madrid, à l’Inter ou au Shakhtar dans ce groupe D de la Ligue des champions. Et après tout, l’essentiel est fait pour le Sheriff : figurer dans la plus grande des compétitions européenne.

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