«C’est l’image de la France qui allait bien qui disparaît», le public rend un dernier hommage à Belmondo


NOUS Y ÉTIONS – Des milliers d’admirateurs ont assisté à l’hommage national au comédien aux Invalides, constatant sans une certaine nostalgie qu’avec le Magnifique, c’est une « France libre et sans risque » qui s’efface.

«Il était un soleil qui nous irradie». C’est en ces termes qu’Emmanuel Macron a évoqué la mémoire de Jean-Paul Belmondo. Alors qu’un millier de chanceux ont pu applaudir le cercueil de l’acteur quittant la cour des Invalides sur la musique du Professionnel, thème inoubliable signé Ennio Morricone, d’autres admirateurs se pressent devant les grilles du musée de l’Armée. Le soleil est là en effet. Dans leur cœur. Il tape dur. On dirait un direct du gauche de Bébel. Le public en est groggy. Un pan du cinéma français, une partie de leur vie s’évanouissent.

«Nous aimons Belmondo parce qu’il nous ressemblait», a déclaré Emmanuel Macron en prononçant l’éloge funèbre de l’acteur dans la cour des Invalides, à Paris. ÉRIC GAILLARD / Crumpa

Philippe, chemise à petits carreaux grande ouverte et les cheveux grisonnants retient ses larmes. Éditeur de métier, il «passait par là» un livre sous le bras et s’est arrêté pour rendre hommage à Belmondo. «C’est une certaine image de la France qui disparaît, une France qui allait bien. Une figure du cinéma français aussi. Je me suis dit qu’il ne fallait pas le rater. Je n’ai vu que Le Marginal et Itinéraire d’un enfant gâté, mais il représentait cette figure, cet homme viril.»

Lilas a 21 ans. Elle travaille dans la décoration cinématographique. Elle est là pour lui dire au revoir. «J’ai grandi avec ses films, je les regardais avec mes parents quand j’étais petite. Je retiens surtout sa simplicité, son charisme. Peu d’acteurs aujourd’hui ont sa présence», estime-t-elle, le regard rivé sur le grand écran.

«Sans chichis». C’est aussi ce que veut retenir Léon, jeune retraité de 60 ans, de Jean-Paul Belmondo. Il a donné rendez-vous à ses amis sur l’esplanade des Invalides. «Sa mort m’a touché parce que j’ai l’impression de perdre un copain. Il était simple, un peu cabotin, dit-il. J’ai surtout adoré sa période des années 70, un cinéma populaire, drôle et facile d’accès.» Danielle, 74 ans, est heureuse que la République honore son idole. Car, pour elle, «Belmondo, c’est la France libre et sans risques». Elle semble d’accord avec le président de la République lorsque celui-ci, au cours de son éloge funèbre, parle de Belmondo, comme d’un miroir. Celui de nos contradictions, révélateur de nos failles. «On aime sa solitude, son goût du risque, l’élégance de sa joie, son style», poursuit Emmanuel Macron avec beaucoup de tendresse pour le Magnifique.

Frédéric, 58 ans, est courtier en dette publique. Sous ses lunettes d’aviateur (vers 1980), il allume une chaise-bar. «C’était important pour moi de partager ça avec les Français. Belmondo, c’était le cigare, les femmes les bagnoles, un vrai Français.»

Sébastien est, lui, venu de Rennes pour saluer son «Jean-Paul». Il a posé un jour de RTT pour venir. Pourquoi est-il là ? «Parce qu’il a toujours été mon acteur préféré, j’ai adoré Le Professionnel. Je ne voulais pas qu’il disparaisse à la fin du film. C’est chimique, comme l’amour, ça ne s’explique pas.» À n’en pas douter Jean-Paul Belmondo était son soleil…

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