Une histoire d’amour et de désir, Un triomphe… Les films à voir ou à éviter cette semaine au cinéma


L’émancipation d’un jeune étudiant d’origine algérienne, Beckett joué par des détenus et une plongée dans le communisme post-stalinien. Découvrez la sélection cinéma du Figaro.

À voir

Une histoire d’amour et de désir , Leyla Bouzid, 1h42

Remarqué au dernier Festival de Cannes, Une histoire d’amour et de désir a fait sensation au Festival du film francophone d’Angoulême. Le jury présidé par Nicole Garcia lui a décerné dimanche les prix du meilleur film (Valois de diamant) et du meilleur acteur. Des récompenses méritées et bienvenues pour mettre dans la lumière le deuxième long-métrage de la Tunisienne Leyla Bouzid.

Une histoire d’amour et de désir – très beau titre – prend à rebours de nombreux clichés. Il met en scène Ahmed, 18 ans, français d’origine algérienne. Un gars de banlieue qui découvre les bancs de la fac, et pas n’importe laquelle, la Sorbonne. Le jeune homme, lettré et timide, y rencontre Farah, une jeune tunisienne fraîchement débarquée à Paris. Elle rêve de liberté, de bohème et d’amour. Ahmed cherche sur Google comment faire visiter la capitale à la belle étrangère. Elle boit du vin, il boit du Coca. Il n’a jamais mis les pieds en Algérie et ne parle pas un mot d’arabe, elle l’écrit parfaitement. Elle habite une chambre de bonne, il vit chez ses parents, entre un père dépressif depuis qu’il a quitté l’Algérie durant les années noires, ancien journaliste réduit au chômage, et une mère sacrificielle. Sa sœur, Dalila, a une relation avec un garçon. La cité jase et le grand frère est sommé de la rappeler à l’ordre. Sa réputation est en jeu. Ahmed peine à jouer ce rôle de mec machiste qu’on lui assigne. On le traite de «Parisien». Il est amoureux et empêché, tiraillé entre un puritanisme viril et un désir irrépressible.

On peut voir

Un triomphe , une comédie d’Emmanuel Courcol, 1h46

Olivier Nakache et Éric Toledano doivent ruminer. Comment n’ont-ils pas entendu parler de cette histoire vraie qu’aucun scénariste n’aurait osé imaginer? Il y a fort à parier que les auteurs d’Intouchables auraient acheté les droits dans la seconde. Emmanuel Courcol, lui, a découvert l’histoire de Jan Jönson il y a quelques années via un documentaire que lui a montré son producteur, Marc Bordure – entre-temps, Robert Guédiguian et Dany Boon ont mis des billes dans le projet, c’est dire s’il fascine tout le monde. Au milieu des années 1980, Jönson monte En attendant Godot de Samuel Beckett avec des détenus dans une prison suédoise. Dit comme ça, pas de quoi grimper au rideau mais le pitch réserve bien des émotions et des surprises.

Kad Merad n’a pas tout à fait le profil d’un Suédois mais il est parfait dans le costume de Jönson, rebaptisé Étienne, comédien «de base», pas vu à la télé. Il rêve de jouer Tchekhov mais donne dans l’alimentaire. Déguisé en All Black, il fait faire des hakas à des managers («Soyez encore plus guerriers, pensez à la concurrence»). Un ami lui refile un atelier théâtre en prison. Il se retrouve face à des gus massacrant les fables de La Fontaine (Luchini peut dormir tranquille). Étienne a une révélation. Il va mettre en scène En attendant Godot, qu’il a lui-même interprété vingt-cinq ans auparavant. EST

Chers camarades! , un drame historique d’Andrey Konchalovsky, 2h00

Le film est en noir et blanc. En ce temps-là, L’URSS était grise. Khrouchtchev était au pouvoir. En 1962, la révolte gronde à l’usine ferroviaire de Novotcherkassk. La hausse des prix devient insupportable. La viande, passe encore, mais le lait, c’est trop. Une sirène résonne et l’impensable se produit: les ouvriers entament une grève. Ce scandale aura des conséquences tragiques. Même le général, pourtant pas réputé pour sa clémence, semble dépassé.

Liouda plonge dans l’événement. Cette femme au caractère intense n’est pas n’importe qui: elle se fournit en tabac et a une combine pour obtenir des bas. Elle vit dans un petit appartement avec son père, qui perd la boule et revêt son ancien uniforme militaire, et sa fille de 18 ans, Svetka, qui a des idées bien arrêtées pour son âge et qui n’a pas le temps de repriser ses chaussettes trouées (le détail aura son importance). Le conflit de générations perturbe le repas. Les assiettes valsent. Au mur du salon est accroché un portrait de Staline. Liouda le vénère, regrette son règne. Le Parti, elle y croit dur comme fer. Ces cosaques ne sont pas fiables. Au cours d’une réunion, elle propose que les insurgés soient punis de la peine capitale. Lorsque la situation dégénère, que l’armée tire sur la foule, son monde s’écroule. Ses idéaux se fissurent. Il y a eu des morts. La jeune Svetka a disparu. Fait-elle partie des victimes? FR

Un parfum de femme , Au nom du peuple italien et L’Homme à Ferrari , de Dino Risi

Une rétrospective à La Cinémathèque française sera consacrée au réalisateur italien, décédé en 2008, et trois de ses films feront leur grand retour en salles (La Cinémathèque française, Paris XII; Le Champo – Espace Jacques Tati, Paris V; Le Luxy, Ivry-sur-Seine). Réputé pour son œil acerbe sur la nature humaine, Dino Risi prendrait sans doute avec humour – et humeur – cette soudaine dévotion pour son art. Mais il serait injuste de céder à la coquetterie de cet amoureux des travers italiens.

Moins connu queAu nom du peuple italien ou qu’Un parfum de femme, L’Homme à Ferrari met en scène Francesco Vincenzini, un chef d’entreprise à la vie bien installée, père de famille honorable et respecté, dont les certitudes vacillent le jour de la naissance de son petit-fils. À 45 ans, cet homme dynamique un rien dandy se sent vieillir. Il entame alors une liaison avec une jeune amie de son fils, Carolina, laquelle lui fait retrouver sa jeunesse presque passée. Grinçante, burlesque, si ce n’est absurde, cette caricature du vieux beau un brin lâche est l’occasion de découvrir une Italie en pleine effervescence, baignée dans le consumérisme d’après-guerre. LF

Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux , film d’action fantastique de Destin Daniel Cretton, 2h12

Après Panthère noire, qui puisait son inspiration dans les films de la «blaxploitation», le nouveau super-héros Marvel vient de l’Asie. Un jeune Chinois a fui son père (Tony Leung), patron de l’organisation criminelle les Dix Anneaux. Rattrapé par son passé, il devra affronter son destin et assumer son héritage. Le jeune Destin Daniel Cretton (Le château de verre) met en scène cette « histoire d’origine » comme si Tigre et Dragon rencontrait les Vengeurs. Du sang neuf dans l’univers Marvel. OD

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