Brest-PSG : de Kimpembe à Der Zakarian… les confidences de David Bechkoura


L’ex-entraîneur des jeunes du PSG revient sur ces années parisiennes et explique pourquoi il a voulu intégrer le staff d’un club de L1.

En arrivant à Brest, David Bechkoura a eu une pensée pour Laurent Fournier. Les deux hommes se sont croisés à Pacy-sur-Eure et lorsque le second a pris les rênes de l’équipe première du PSG en 2005, il a glissé le nom du premier pour reprendre sa suite auprès de la réserve. Entre 2005 et 2016, David Bechkoura a connu toutes les équipes du centre de formation, des U17 à l’équipe B. Et certainement connu les plus belles générations de joueurs passées jusque-là par le centre de formation. De Presnel Kimpembe à Eric Junior Dina Ebimbe, il revient sur ses souvenirs parisiens et évoque son choix de quitter le monde la formation pour s’assoir sur le banc brestois auprès d’un entraîneur de L1 expérimenté : Michel Der Zakarian.

Vous avez entraîné les jeunes du PSG de 2005 à 2016, quels sont les joueurs que vous avez eu sous vos ordres ?
Je suis arrivé au Paris Saint-Germain avec la génération 87/88 et 89/90, qui était composée par Younouss Sankharé, Mahmadou Sakho, Clément Chantôme et j’ai conclu mon aventure avec les 99/2000 avec des joueurs comme Moussa Diaby, Timothy Weah, Eric Junior Dina Ebimbe, Claudio Gomes ou Boubakary Soumaré. Et entre ces générations, j’ai eu la chance de voir beaucoup de très bons joueurs et j’ai eu la chance de participer à leur éclosion. Je ne pourrais pas tous les citer, mais quand je vois les noms que je vous ai cités au début et à la fin, entre les deux il y a eu Adrien Rabiot, Presnel Kimpembe, Kingsley Coman, Mike Maignan, Alphonse Areola. Des chhampions du monde, des champions d’Europe, des garçons qui font de belles carrières internationales dans les sélections afircaines aussi comme Youssouf Mulumbu, Neeskens Kebano. J’en suis le premier fier.

Presnel Kimpembe est aujourd’hui le seul titi que vous avez entraîné au PSG à s’inscrire dans la durée… Quel souvenir gardez-vous de lui ?
Presnel a eu une trajectoire assez particulière. C’était un garçon qui était amateur au centre de formation et qui n’avait pas de contrat à la base et chaque année, on se posait la question de savoir si il pouvait continuer avec nous l’année suivante. Il n’avait pas ce gabarit-là déjà, mais il était travailleur avec un bon pied gauche, il a validé ses passages toujours sur ses deuxièmes saisons. Et à un moment donné, il a pu accéder à l’entraînement des pros et c’est là qu’il s’est révélé. Il ne peut être que fier de son parcours, car c’est un garçon qui s’est créé. Il a toujours eu cette valeur travail. Aujourd’hui, il est un peu plus extraverti, mais c’est un garçon qui derrière son sourire était assez réservé.

« La réserver du PSG n’aurait jamais dû être retiré »

Dina Ebimbe a connu sa première au Parc des Princes comme titulaire avec le PSG, comment était-il durant sa formation ?
J’avais les 17 ans quand j’ai fait ma dernière saison avec le PSG et Junior faisait partie de cette promotion. Il était tout petit avec un retard morphologique et il avait des prédispositions techniques au-dessus de la moyenne mais il n’était pas encore athlétiquement formé. Il a eu des temps de passage un plus lent et il souffrait de ne pas beaucoup jouer, mais il y avait aussi une grosse génération. Dans mon groupe à cette époque, j’avais aussi des garçons comme Boubakary Soumaré, qui est champion de France avec Lille et vient de rejoindre Leicester. Il y avait aussi Claudio Gomes et Yacine Adli, qui était aussi plus en avance physiquement. Mais on savait très bien, que Junior Eric aurait l’occasion de rattraper ce retard.

Paris a-t-il un problème dans la conservation de ses jeunes ?
La réserve n’aurait jamais dû être retirée. La réserve permettait aux joueurs de continuer leur cursus de progression et ça c’est la première étape. Et c’est quelque chose qu’il faudrait remettre au goût du jour parce que cela permet au joueur de rester plus longtemps dans le giron du club. Après partir ou rester ? Je pense que si le joueur est très bon, il doit pouvoir s’imposer à Paris. Il y a Presnel mais il y a aussi eu Adrien. Il y a des joueurs qui choisissent d’autres étapes parce qu’on ne leur ouvre pas la porte. Et je pense notamment à Mike Maignan qui aurait pu défendre les buts du PSG. Après, il y a aussi un facteur chance : être au bon endroit au bon moment. La politique du club et les objectifs très élevés ne vont pas toujours forcément dans le sens de la jeunesse mais je pense qu’à Paris il y a des joueurs qui peuvent jouer en équipe première.

Comprenez-vous le choix de certains de quitter le club ?
Ce sont les choix des joueurs et de leur entourage. S’ils veulent voir ailleurs, c’est une chose mais ce que je dirai aux jeunes, c’est de faire le choix d’un projet sportif qui leur assure de participer à la compétition dans laquelle ils veulent jouer et non pas simplement partir pour partir.

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Après près de quinze années passées auprès des jeunes du PSG et Monaco, vous avez décidé de passer à l’étage supérieur, pourquoi ?Je viens du monde amateur. J’ai été un joueur de National et en parallèle, j’ai passé une licence Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Et j’ai construit mon chemin en me disant que je voulais rentrer dans le milieu professionnel parce que j’étais animé par ce métier de donner aux jeunes, de transmettre. À un moment donné dans ma carrière, je me suis dit qu’après avoir côtoyé le monde de la formation des professionnels, j’avais envie de découvrir l’étage au-dessus. Je le côtoyais déjà de temps en temps lorsque je dirigeais la réserve du PSG ou de Monaco. Mais le vivre au quotidien, c’est autre chose. Je vois ça comme une étape supérieure.

On demande souvent aux joueurs ce qui change quand on passe des jeunes aux pros… Ça veut dire quoi passer des jeunes aux professionnels pour un coach ?
La première chose, c’est que je ne suis plus numéro 1. Et c’est important, car je n’avais pas été numéro 2. C’est une nouvelle étape pour moi que de me mettre au service de l’entraîneur et d’apporter mes idées, travailler en collaboration. Même si j’avais des adjoints à Paris, ce sont des choses que je faisais moins car au final c’est moi qui tranchais. Ce passage auprès d’un entraîneur numéro, c’est quelque chose que je voulais vivre et j’ai la chance de travailler avec une personne qui a beaucoup de valeurs. Aujourd’hui, je suis heureux et épanoui d’être l’adjoint de Michel Der Zakarian.

« J’espère qu’un jour on se penchera sur mon travail et on me donnera l’opportunité de prendre une équipe première »

Comment s’est faite la rencontre avec Michel Der Zakarian et qu’est-ce qui vous a décidé à travailler avec lui ?
Ce sont nos agents qui nous ont rapprochés il y a maintenant plus d’un an. En fait, il cherchait à construire son staff et on m’a demandé si ça pouvait m’intéresser. J’ai dit « oui », car ça correspondait à mon projet d’évolution dans le milieu du football. Et ensuite, j’ai fait la connaissance de Michel puis on a continué à discuter ensemble. Il n’y avait pas de promesse, il n’y avait rien quand on a commencé à se parler. Et puis au fur et à mesure des rencontres et des coups de fil, tout s’est fait naturellement. J’ai apprécié nos échanges, sa personnalité. Ça a matché tout de suite en fait. À la fin de l’année, j’ai pris le risque de partir de Monaco alors que j’avais une proposition de prolongation et de me retrouver sans rien. Michel, lui, n’avait pas de clubs après Montpellier. Et un jour, il m’appelle en me disant : « il pourrait y avoir Brest, est-ce que t’es partant ? »

Est-ce que ce rôle d’adjoint à une durée dans le temps ?
Je ne me suis jamais posé de limites de temps. Si j’avais ça fait, je n’aurais pas passé quinze à la formation. J’aurais été carriériste et j’aurais voulu aller plus vite. Au contraire, j’ai pris mon temps. J’ai passé mon BEPF, il y a deux ans. Aujourd’hui, je suis dans le staff de Michel, tout se passe très bien. Quand on passe les diplômes, on pense forcément à avancer. Mais je ne suis pas pressé et ce qui m’intéresse, c’est d’avancer dans de bonnes conditions.

Où vous voyez-vous dans dix ans ?
Honnêtement, je ne sais pas. Peut-être encore adjoint, peut-être numéro 1. Dans l’idéal, j’espère qu’un jour on se penchera sur mon travail et on me donnera l’opportunité de prendre une équipe première.

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