Pendant l’empaquetage monumental de l’Arc de Triomphe, les visites se poursuivent


Le rêve d’une vie du plasticien bulgare Christo est en phase de concrétisation. À compter du 18 septembre, l’œuvre sera (dé)voilée. La Flamme du soldat inconnu, elle, est toujours ravivée chaque soir.

Une folle ambition se réalise post mortem pour l’artiste plasticien bulgare, Christo. Deux grues rouges déployées jusqu’au sommet, les groupes sculptés protégés sous des treillages, des dizaines de techniciens affairés, mais aussi des visiteurs en nombre : pendant les préparatifs de son empaquetage, œuvre posthume de Christo Vladimiroff Javacheff, l’Arc de triomphe reste ouvert et la flamme est ravivée chaque soir sur la tombe du Soldat inconnu.

Du 18 septembre au 3 octobre, le rêve de jeunesse de l’artiste plasticien bulgare décédé en mai 2020 et de son épouse Jeanne-Claude, sera réalisé : haut-lieu des commémorations françaises, l’Arc de Triomphe, haut de 50 mètres, sera intégralement recouvert de 25.000 m2 de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté, ondoyant au gré des éléments, maintenu par 3000 mètres de corde rouge.

En 1985, Christo avait déjà empaqueté ainsi le Pont-Neuf, l’un des ponts enjambant la Seine. Démarrés fin juin, les préparatifs visant à empaqueter le célèbre monument se poursuivent à un rythme soutenu sous la houlette de Vladimir Javacheff, neveu de Christo, conformément aux vœux très précis de son oncle, avec le soutien enthousiaste du Centre des monuments nationaux.

Objet vivant

«Ce sera comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle», expliquait Christo en présentant son ultime projet, deux ans avant sa mort. Dès 1962, Christo et Jeanne-Claude avaient signé un photomontage avec l’Arc de Triomphe empaqueté, une idée surgit en regardant le monument depuis leur premier appartement parisien, avenue Foch.

Pour le moment, le «paquet-cadeau» n’est pas visible. La toile sera déployée dans les tout premiers jours de septembre. Les trois équipes qui se relaient 24h sur 24, dont des membres des Charpentiers de Paris, s’emploient à installer les points de fixation de la toile, sans aucune atteinte au monument, grâce à des patins de bois. D’un coût de 14 millions d’euros, le projet est entièrement autofinancé, sans subvention publique, grâce à la vente d’œuvres originales de Christo, dessins préparatoires, souvenirs, maquettes et lithographies.

«Vous voyez le câble qui est en train d’être installé : il tire la toile vers l’arrière et les cordes sur le dessus pour la retenir comme une ceinture», confie à l’AFP le neveu de l’artiste. «C’était le souhait de Christo que nous terminions le projet». «Quand ça sera terminé, vous penserez juste que nous avons déposé un tissu sur le sommet et mis quelques cordes, et que l’ensemble a été attaché comme un cadeau de Noël!», explique Vladimir Javacheff. «Christo et Jeanne-Claude diraient que nous avons de l’amour et de la tendresse pour l’enfance, car elle ne dure pas. Quand on sait qu’une chose n’est là que pour une très courte période, on la traite d’une manière différente», ajoute-t-il.

«Moment hors du temps»

Pour Bruno Cordeau, administrateur de l’Arc de Triomphe, «accompagner la mise en place d’une œuvre comme ça, dans les circonstances qui sont celles d’aujourd’hui, c’est magique!». «L’empaquetage du Pont-Neuf a été un moment hors du temps. C’est ce qu’on s’apprête à vivre une nouvelle fois ici. Nous veillons à ce que l’Arc de Triomphe soit protégé comme il faut, d’autant que le monument reste ouvert au public», ajoute M. Cordeau. «L’Arc de Triomphe n’est pas un monument comme les autres. C’est celui de la concorde nationale. C’est aussi un lieu de culture. L’œuvre de Christo a l’élégance et l’humilité d’être éphémère. Au bout de quinze jours, elle disparaîtra», souligne l’administrateur de l’Arc qui a associé au projet le Comité de la Flamme et les anciens combattants.

Au-delà des conséquences de la pandémie, le projet a été retardé aussi par la nidification printanière des faucons crécerelles, pensionnaires de l’Arc de longue date.

L’artiste Christo, en Allemagne, en 2013. Action Presse/ABACA

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