À la sucrière de Lyon, dessine-moi un doux Saint-Exupéry !


À l’occasion du 75e anniversaire de la sortie du Petit Prince, une exposition retrace, avec beaucoup de poésie, la vie et l’œuvre du romancier qui aimait tant voler.

«Il souhaitait tellement s’envoler qu’il avait construit des ailes à sa bicyclette», racontent ses sœurs aînées dans les témoignages vidéos qui jalonnent Un petit prince parmi les hommes. L’exposition, qui a repris le 12 juillet, fait revivre à Lyon, capitale des Gaules dont il est originaire, Antoine de Saint-Exupéry, à travers un parcours en immersion visuelle et sonore. À la Sucrière exactement, dans un ancien bâtiment industriel au béton ciré de près de 1500m² située au bord de la Saône. L’exposition n’a pu être ouverte au public que deux semaines en octobre 2020 en raison de la crise sanitaire.

2021 marque le 75ème anniversaire de la parution de son roman le plus célèbre. Tous les aspects de la vie du romancier (né il y a 120 ans) sont abordés, de l’enfant rêveur à l’aviateur ouvrant des lignes au Maroc ou en Argentine avec l’aéropostale, en passant par le reporter, l’écrivain en exil à New York, jusqu’au combattant fauché en plein vol au-dessus de la Méditerranée le 31 juillet 1944. Le visiteur accède aux coulisses de la création de ses romans. Ici, Saint-Ex se livre à sa femme sur ses difficultés à écrire Vol de nuit. Là, il évoque sa souffrance face aux critiques émises par certains de ses collègues aviateurs qui l’accusent d’instrumentaliser son expérience dans Terre des hommes, roman qui lui aura pourtant valu un grand prix du roman de l’Académie française.

Une ode à l’enfance

Dès la première pièce de l’exposition, on se sent comme happés par la voix qui retentit dans nos oreilles. Un casque de cuir raconte les diverses aventures de l’auteur. Ses liaisons épistolaires, sa relation aux lieux qu’il habite, ses peines et ses bonheurs. On découvre de nombreuses archives et des objets inattendus, comme la gourmette que portait Saint-Exupéry au poignet. Elle a été retrouvée au large de Marseille, là où son avion s’est abîmé fatalement, en 1998. Ce bracelet trône non loin des mots qu’écrivait Antoine à son épouse Consuelo, artiste peintre salvadorienne. Et quels mots ! «Il était une fois un enfant qui avait découvert un trésor. Mais ce trésor était trop beau pour un enfant dont les yeux ne savaient pas bien le comprendre ni les bras le contenir», peut-on lire, pénétrant à pas pudiques dans l’intimité du couple.

« Les grandes personnes ont toujours besoin d’explication, elles ne comprennent pas l’enfance tout de suite, ce qui peut être fatiguant pour les enfants »

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

Le Petit Prince

Des enfants, d’une petite dizaine d’années, accompagnent leur grand-mère, émerveillés par le spectacle. Ils jouent avec les sculptures d’Arnaud Nazare-Aga qui a su donner tout son relief à l’univers du Petit Prince. On croise aussi de jeunes couples qui déambulent tendrement main dans la main, ou des visiteurs mélancoliques venus chercher un peu de réconfort dans la poésie de Saint-Exupéry, dans ce conte pour enfant qui adresse tant de messages aux adultes. Chacun se laisse bercer par le lieu, au rythme de ses salles. Finalement, à l’aube du départ, dans la salle où des écrans projettent les dernières images d’archive que le visiteur emporte avec lui, la voix de Marie de Fonscolombe, la mère d’Antoine, résonne. «Je sais où tu es, qui tu es, je comprends l’émotion ressentie en voyant Le Petit prince. Ce petit prince c’est toi, cet enfant blond qui juge sans complaisance l’adulte que tu es devenu», dit-elle. Une douce manière de faire revivre l’écrivain dont l’esprit plane longtemps dans nos cœurs après avoir quitté ces lieux.

Les différentes illustrations de l’univers de Saint-Exupéry que le visiteur découvre au fil de sa visite. Illustration de Tempora, comité d’organisation d’exposition derrière Un petit prince parmi les hommes

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