Cédric Jimenez a expliqué qu’il «ne voulait pas prendre parti» mais montrer «à quel point leur travail est plus complexe qu’on ne le pense». Le long-métrage était projeté lundi sur la Croisette, hors compétition.
«Peut-être que je vais voter Le Pen après ça», a lancé un journaliste irlandais en pleine conférence de Bac Nord, lundi, présenté au Festival de Cannes hors compétition. Le film de Cédric Jimenez n’a pas fait l’humanité, certains reprochant au réalisateur d’avoir une vision très, voire trop flatteuse des forces de l’ordre, et de perpétuer les clichés sur les habitants des quartiers sensibles de Marseille.
Porté à l’écran par Gilles Lellouche, Karim Leklou (Le Monde est à toi), François Civil (Five, Le Chant du loup) et Adèle Exarchopoulos, le film s’inspire du scandale qui a éclaboussé la brigade anticriminalité de Marseille en 2012. À l’époque, dix-huit membres de la BAC de la ville avaient été déferrés en correctionnelle pour trafic de stupéfiants et rackets. Déjà en 2014, le réalisateur Cédric Jimenez s’intéressait au milieu judiciaire marseillais avec La French, dans lequel figure également Gilles Lellouche.
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Malgré son casting de choix, Bac Nord en a laissé quelques-uns sceptiques, suite à son avant-première. Lors de la conférence de presse, un journaliste irlandais a confié avoir été «gêné» par ce film qui perpétue selon lui les clichés sur les banlieues et les quartiers, faisant passer les habitants pour «des bêtes». Une remarque qui n’a pas manqué de faire réagir le réalisateur: «On raconte la colère parce qu’on est avec des policiers qui ont affaire à des dealers, des délinquants, pas à l’ensemble de la population des quartiers nord», a-t-il justifié.
Quant à sa vision des policiers, le réalisateur s’est là aussi défendu: «Je ne voulais pas prendre parti» mais montrer «à quel point leur travail est plus complexe qu’on ne le pense. […] Dans tous les problèmes qu’on voit aujourd’hui (autour de l’action de la police), il faut tenir compte de ça: c’est aussi aux institutions, à l’État, à la hiérarchie de prendre ses responsabilités et d’encadrer les policiers», a-t-il expliqué pendant la conférence de presse. «Je suis trois personnages qui ont vécu pendant des mois cette histoire, telle qu’eux l’ont vécue, telle qu’eux me l’ont racontée. Je ne pense pas que Bac Nord soit un film ‘pro-flic’ ni ‘anti-flic’», a ensuite déclaré Cédric Jimenez à l’AFP.
Si Gilles Lellouche et François Civil sont restés silencieux face à ces reproches, Karim Leklou a tenu à préciser que «c’est rare dans des films d’action de trouver un fond aussi fort, de parler d’une hiérarchie qui lâche sa base. C’est un film qui parle des gens un peu abandonnés, quels qu’ils soient». La sortie nationale de Bac Nord est prévue pour le 18 août.
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