Un dessin signé Léonard de Vinci de la taille d’un post-it vendu plus de 10 millions d’euros


La «Tête d’ours» de sept centimètres carrés constituait peut-être l’ultime possibilité d’acheter un dessin original du maître de la Renaissance issu d’une collection privée. Il était estimé entre 11 et 16,5 millions de dollars.

Un dessin de Léonard de Vinci de la taille d’un post-it s’est vendu 8,9 millions de livres (10,3 millions d’euros) à Londres, soit un record aux enchères pour un dessin de l’artiste. Cette Tête d’ours dessinée à la pointe d’argent mesure environ 7,5 centimètres carrés et daterait du début des années 1480. Comme le relate le New York Times , le dessin, qui était estimé entre 11 et 16,5 millions de dollars par Christie’s, a été adjugé après une offre unique faite par l’acheteur – resté anonyme.

«Ces prix sont absurdes», selon Jean-Luc Baroni, un marchand d’anciens dessins de maître basé à Londres et Paris. S’il lui avait été demandé d’estimer l’œuvre, il aurait fixé un prix de 2 millions de dollars. «Vous achetez un nom. Cela n’a rien à voir avec l’amour des dessins. Certes, c’est un De Vinci… mais il est si petit. Il fait la taille d’un timbre». Le dessin a beau être «si petit», nombre d’experts percevaient toutefois la vente de jeudi comme l’ultime possibilité d’acheter un dessin original de Léonard de Vinci issue d’une collection privée.

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Une estimation «correcte»

Léonard de Vinci était connu pour créer des animaux «composites», combinant des traits appartenant à des espèces différentes. Des chercheurs ont comparé le dessin de l’ours vendu jeudi à la célèbre tête d’hermine semblant s’animer sur le Portrait de Cecilia Gallerani, qui date de 1490 environ. «C’est un dessin magnifique et poétique», selon Stephen Ongpin, un vendeur spécialisé dans les anciens dessins de maître. «Ce que j’aime, c’est la tendresse de cette œuvre. Il ne s’agit pas d’un dessin scientifique». Aux yeux de l’expert, l’estimation faite par Christie’s est «correcte» en ce qu’elle s’alignait sur le prix record d’un dessin de l’artiste vendu il y a vingt ans.

Les prix de peu ou prou toutes les œuvres associées à l’artiste italien ont flambé ces dernières années, notamment depuis 2017 et la vente du Salvator Mundi pour 450 millions de dollars. En juin, une copie ancienne de La Joconde a ainsi été adjugée au prix record de 2,9 millions d’euros. Pour Stephen Ongpin, Christie’s misait sur un «effet Salvator Mundi» qui attirerait des acheteurs fortunés cherchant à collectionner des œuvres «trophée». «Un ou deux collectionneurs privés et un ou deux musées pouvaient acheter un dessin comme celui-ci, estime Stephen Ongpin. Mais Christie’s cherchait aussi un acheteur qui ne collectionne pas les dessins et soit transcendé par le nom».

Cette vente interroge quant au sort que connaîtra un autre dessin du maître de la Renaissance, propriété d’un médecin français à la retraite. Cet octogénaire, connu sous le nom de Jean B., entend ajouter Étude pour un Saint-Sébastien dans un paysage à la courte liste de dessins de Léonard de Vinci issus de collections privées à être mis aux enchères. En 2016, la maison de vente Tajan avait attribué à au maître de la Renaissance cette étude à l’encre brune représentant le martyre de Saint-Sébastien. Malgré le refus de Roselyne Bachelot, son propriétaire veut vendre cette œuvre estimée à 15 millions d’euros à l’étranger. Il a assigné en référé la ministre de la Culture et accuse par ailleurs la maison Tajan de ««tentative d’extorsion».

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