«L’euthanasie, c’est la chose la plus logique et la plus naturelle qui soit»


«J’ai envie de faire un film, explique l’acteur de 85 ans dans un entretien à TV5 Monde. Et après je pourrai partir, je n’aurai plus rien d’autre à faire.»

C’était il y a deux semaines, après deux années de quasi-abstinence médiatique. Alain Delon accordait un long entretien à Paris Match . Cet échange annonçait Alain Delon face au monde, la version filmée pour TV5 Monde de cette interview réalisée à Douchy, l’antre du Samouraï dans le Loiret. Une longue prise de parole, sans tabou, sans langue de bois, comme on l’a toujours connu. Dans cet entretien réalisé par Cyril Viguier, l’acteur fétiche de Luchino Visconti et de René Clément a montré avec sa résolution habituelle qu’il a dépassé les ennuis de santé consécutifs à l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime en juin 2019. C’était quelques semaines après sa consécration au festival de Cannes, où il avait reçu une palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

L’acteur, qui fêtera ses 86 ans le 8 novembre, rassure aujourd’hui ses admirateurs en promettant qu’on le verra encore une fois se mouvoir sur un plateau. Il n’a pas tourné depuis son apparition dans Toute ressemblance…, film de Michel Denisot sur le monde de la télévision qui mérite de rester dans l’oubli. Un peu triste pour une star de l’envergure de Delon. «J’ai envie de faire un film et surtout de faire mon dernier film, témoigne-t-il. Celui qui restera pour toujours. Et après je pourrai partir, je n’aurai plus rien d’autre à faire. J’ai plusieurs histoires, il faut choisir… Il devra être exceptionnel, mis en scène par un metteur en scène exceptionnel. Comme disait Gabin, “le dernier film c’est une histoire, une histoire, une histoire”.»

Un dernier tournage, une dernière scène, un dernier film… Alain Delon a une idée en tête : il voudrait faire son ultime tour de piste avec une réalisatrice de talent. «J’aimerais bien faire mon dernier film avec une femme, pour changer un peu, confie-t-il. J’ai toujours souhaité et rêvé de tourner avec Lisa Azuelos. Elle le sait.» La nostalgie toujours : Liza Azuelos est la fille de Marie Laforêt, «la fille aux yeux d’or». Elle fut l’inoubliable Marge de Plein Soleil, le film de René Clément qui révéla Alain Delon en 1960.

Didier Raoult a trouvé la solution pour qu’on parle de lui, il s’est fait connaître c’est tout (…) Mais il est quoi ? Qu’a-t-il fait avancer ? Chercheur peut-être, médecin je ne sais pas…

Alain Delon

Avec son franc-parler habituel, Alain Delon évoque également quelques sujets d’actualité, à commencer par la pandémie de covid-19 et le confinement. «Je l’ai vécue avec incompréhension, témoigne le comédien. Arriver à 85 ans pour voir ça, je me suis dit : “et pourquoi?” C’est pire que le spectacle des Allemands envahissant la place de l’Étoile. Parce qu’on savait qui ils étaient, on savait à qui l’on avait affaire. Là, de cet ennemi, on ne sait rien. On attend, on attend de crever…»

Pour ne pas «crever», Alain Delon s’est fait vacciner. «Ce que je voulais, c’était me protéger», dit-il simplement en recommandant à tout le monde de suivre son exemple. Au passage, il se montre assez définitif envers Didier Raoult. «Il a trouvé la solution pour qu’on parle de lui, il s’est fait connaître c’est tout, lance-t-il. Mais il est quoi ? Qu’a-t-il fait avancer ? Chercheur peut-être, médecin je ne sais pas…»

L’euthanasie, je suis pour. D’abord parce que je vis en Suisse, où l’euthanasie est possible et aussi parce que je trouve que c’est la chose la plus logique et la plus naturelle qui soit. À partir d’un certain âge, d’un certain moment, on a le droit de foutre le camp tranquillement

Alain Delon

Sans fausse pudeur, Alain Delon évoque sa propre mort. Ses obsèques qu’il souhaite le plus simple possible. «Catholique, je le suis, mais discret. Je ne veux pas de funérailles publiques», tranche-t-il. Il défend aussi avec force la mort médicalement assistée. «Je suis pour. D’abord parce que je vis en Suisse, où l’euthanasie est possible et aussi parce que je trouve que c’est la chose la plus logique et la plus naturelle qui soit. À partir d’un certain âge, d’un certain moment, on a le droit de foutre le camp tranquillement, sans passer par les hôpitaux, les piqûres ou les machins.» Plus tard, il évoque les idées suicidaires qui lui reviennent «peut-être plus qu’avant». «C’est une question d’âge, une question d’époque», confie-t-il tout en se défendant de trouver la vie trop longue. «Au contraire, c’est même un peu trop court.»

Alain Delon face au monde, jeudi 1er juillet à 21h05 sur TV5 Monde.

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