Découvrez le nouveau Largo Winch, La Frontière de la nuit


INTERVIEW EXCLUSIVE – Programmé en novembre, ce 23e tome promet d’envoyer le milliardaire humaniste dans l’espace. Le dessinateur Philippe Francq décrypte pour Le Figaro cette couverture qui en dit long sur les nouvelles péripéties de son héros.

Après un diptyque résolument économique, L’Étoile du matin (2017)/Les Voiles écarlates (2019), Largo Winch repart à l’aventure dans La Frontière de la Nuit, sous la plume d’Eric Giacometti et le pinceau du dessinateur Philippe Francq.

En exclusivité, Le Figaro dévoile la couverture de ce 23e tome… Et le dessinateur Philippe Francq décrypte cette image pour le moins énigmatique.

LE FIGARO. – Cette nouvelle couverture allie étroitement le graphisme du titre avec le dessin du héros. Est-ce devenu comme une marque de fabrique?

Philippe FRANCQ. – Disons que le lettrage d’un titre d’album est très important. Depuis un certain temps, j’essaie de marier étroitement le texte avec le dessin. Selon moi, jouer avec la typographie du titre est aussi important que le dessin. Par exemple, ici, j’ai mis des petites étoiles dans le lettrage de la lettre «U» du mot «nuit».


Philippe Francq : «En jouant sur le lettrage de la typographie du titre, j’ai mis des petites étoiles dans le lettrage de la lettre «U» du mot «nuit». Et l’on devine que Largo Winch part dans les étoiles… © éditions Dupuis 2021

Que signifie ce titre énigmatique : La Frontière de la nuit ?

En réalité, il fait référence à un scientifique hongro-américain du nom de Theodore von Kármán (1881-1963), l’ingénieur à l’origine de «la ligne de Kármán», c’est-à-dire cette ligne entre le ciel et l’espace qui définit la limite entre l’atmosphère terrestre et l’espace, à 100 km au-dessus de la surface de la Terre. C’est en franchissant cette ligne que l’on passe en apesanteur. Eric Giacometti et moi avons hésité entre deux titres : soit «La ligne de Kármán», soit «La Frontière de la nuit». Nous avons trouvé que le deuxième était bien plus poétique.

Cette nouvelle aventure semble beaucoup moins économique que la précédente, non ?

En effet, nous avons estimé qu’il était temps pour notre milliardaire humaniste de replonger dans l’aventure. Et puis, j’en avais marre de dessiner Largo Winch en costume trois-pièces. Cette fois, Largo renfile un T-shirt, une vieille paire de Jeans et des baskets!

Pourquoi apparaît-il dans une position fœtale sur cette couverture? C’est pour le moins inhabituel, non?

Je voulais représenter Largo Winch en apesanteur pour illustrer le titre de cette nouvelle aventure liée aux vols suborbitaux. Dans ce diptyque, il sera d’ailleurs question de l’avion géant créé par le milliardaire Paul G.Allen, le Stratolaunch, qui a été remisé durant presque cinq ans dans un hangar, mais dont on vient d’annoncer la remise en service cette année. Le Stratolaunch est un superavion développé pour servir d’avion porteur et qui peut emporter et larguer une petite fusée, qui ira elle-même placer des satellites en orbite. Une méthode plus simple que le lancement d’une fusée à la verticale. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai demandé l’assistance technique de l’astronaute Jean-François Clervoy, qui est devenu un ami depuis une dizaine d’années. Il m’a été d’une grande utilité en tant que conseillé scientifique.

Revenons à Largo Winch. Sur cette couverture, il apparaît la tête à l’envers et les yeux fermés. Pourquoi?

La question que j’ai vraiment dû me poser sur cette image, c’est comment représenter la pesanteur le mieux possible? J’ai vite compris que Largo devait avoir la tête en bas. Car il n’y a ni haut ni bas, ni poids ni contrainte. Je voulais représenter Largo Winch dans une position plus ramassée. Basiquement, j’ai commencé par le dessiner assis par terre, les genoux repliés sur la poitrine. Puis, j’ai retourné l’image. J’ai également tenu compte de cette règle qui fait que le cerveau humain a du mal à reconnaître le visage d’un individu la tête à l’envers avec les yeux ouverts. J’ai fait quelques essais avec le regard de Largo, mais cela ne fonctionnait pas. Ici, Largo a donc les yeux fermés. Mais en le mettant en résonance avec les étoiles, cela donne un effet onirique intéressant.

On ne peut s’empêcher de penser une chose : Largo Winch serait-il le nouveau Thomas Pesquet de la bande dessinée?

Disons que lorsque j’ai commencé cet album, je ne savais pas que Thomas Pesquet allait repartir dans l’espace sur l’ISS. En revanche, je savais que les vols suborbitaux allaient débuter en 2021. Mais grâce à Jean-François Clervoy, j’ai envie d’essayer de lui faire parvenir l’album par la prochaine navette de ravitaillement. Du moins, s’il est encore là-haut!

Pourquoi vouloir transformer cet aventurier milliardaire en astronaute?

Envoyer Largo Winch dans l’espace est l’un de mes vieux rêves. Chez moi, c’est un peu une obsession. Cela remonte à l’enfance. Probablement à mes lectures de Jules Verne ou Tintin dans le célébrissime diptyque d’Hergé Objectif lune/On a marché sur la lune… J’avoue que cette aventure, c’est de l’inédit pour Largo. Cela ne s’est jamais produit auparavant pour lui.

Et cette fois, qui sera son adversaire?

Justement, je ne peux pas trop vous en dire, mais son adversaire est différent de ceux que l’on a l’habitude de voir. Et puis, on renoue aussi avec une histoire d’amitié, un peu du genre de celle qu’il y a ente Simon Ovronaz et Largo… Mais différent! (Rires).

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