Une stèle érigée par un pharaon de la Basse époque égyptienne découverte dans le delta du Nil


ARCHÉOLOGIE – Découverte dans un champ non loin du canal du Suez, cette dalle de grès servait à marquer la limite du territoire égyptien, au début du VIe siècle avant notre ère.

Elle a été érigée sous l’une des dernières dynasties indigènes de l’Égypte ancienne. Découverte dans le champ d’un agriculteur de Tell Dafana, à une trentaine de kilomètres au nord d’Ismaïlia, entre l’extrémité orientale du delta du Nil et le canal de Suez, une stèle en grès de 2,3 mètres de haut chargée de hiéroglyphes a été signalée puis transmise, début juin, aux autorités égyptiennes. Inspectée, depuis, par les experts du musée archéologique d’Ismaïlia, la stèle serait vieille de près de 2600 ans et daterait du règne du souverain égyptien saïte Apriès, vers 589-570 av. J.-C., un contemporain du roi néo-babylonien Nabuchodonosor II.

Apriès, identifié par le cartouche gravé en tête de la stèle, était également connu sous le nom de Wahibre, ou Hââibrê. D’après les quinze lignes de textes inscrites dans l’écriture sacrée égyptienne, la stèle pourrait être une borne qu’il aurait fait ériger afin de marquer et de consolider la limite orientale de territoires récemment acquis, a indiqué l’égyptologue Mostafa Waziry, cité par un communiqué du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités. Aujourd’hui bien délimitée par le tracé du canal de Suez, la frontière entre la péninsule du Sinaï et la Basse Égypte était en effet moins franche et évidente du temps des pharaons, qui plus est à une époque de tensions militaires pendant laquelle la région formait une voie d’accès privilégiée au delta. Quasi intacte, la stèle de Tell Dafana est conservée par le musée d’Ismaïlia où elle continue d’être auscultée par les archéologues égyptiens.

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La XXVIe dynastie des rois d’Égypte, inaugurée avec Psammétique Ier (664-640 av. J.-C.) et à laquelle appartenait Apriès, est dite «saïte» en raison de l’établissement de la nouvelle capitale du royaume à Saïs, au milieu du delta occidental du Nil. Cette période, entre le VIIe et le VIe siècle avant notre ère, correspond au beau milieu de la Basse époque égyptienne, qui voit se succéder les dominations étrangères sur le pays, d’abord en provenance de Nubie (les «pharaons noirs » kouchites), puis d’Assyrie. Apriès, comme ses prédécesseurs, a ainsi lutté pour repousser toujours plus à l’Est, jusqu’en Phénicie, l’aire d’influence assyrienne puis néo-babylonnienne. Après plusieurs opérations au Levant, à Tyr et à Sidon, le pharaon est même intervenu aux côtés de son allié le roi de Juda Sédécias, mais sans parvenir à repousser les troupes de Nabuchodonosor II, qui s’empare de Jérusalem en 587 av. J.-C. Malgré tout, Apriès règne près de vingt ans sur un semblant d’Égypte unifié et autonome, pacifié non sans l’aide de mercenaires grecs au cours de campagnes militaires, ainsi que le recense un siècle plus tard Hérodote. Ce bref répit égyptien s’achève quelque 50 ans plus tard, avec l’invasion perse de l’Égypte sous Cambyse II, dont les armées sont probablement passées, indifférentes, devant cette même stèle frontalière de Tell Dafana.

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