Alexei Navalny : De l’empoisonnement au hors-la-loi politique


PARIS : Un tribunal de Moscou a interdit aux organisations politiques du leader de l’opposition Alexeï Navalny de travailler en Russie après les avoir officiellement qualifiées d’« extrémistes ».
Le critique du Kremlin s’est remis d’un empoisonnement dramatique l’année dernière pour être emprisonné en février.
Voici une chronologie :
Le militant anti-corruption de 44 ans est hospitalisé le 20 août à Omsk, en Sibérie, après avoir perdu connaissance lors d’un vol.
Placé dans un coma artificiel, il est transféré deux jours plus tard dans un hôpital de Berlin à la demande de sa famille.
Berlin a déclaré le 2 septembre que des tests effectués par un laboratoire de l’armée allemande avaient fourni des « preuves sans équivoque » qu’il avait été empoisonné au Novichok, une arme chimique de l’ère soviétique.
Deux jours plus tard, le Kremlin rejette les allégations selon lesquelles il était à l’origine de l’empoisonnement.
Le 7 septembre, Navalny sort du coma.
Des laboratoires français et suédois confirment les découvertes de l’Allemagne sur Novichok.
Poutine condamne les accusations « non fondées ».
Navalny accuse Poutine d’être derrière son empoisonnement après sa sortie de l’hôpital le 22 septembre.
Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, qualifie ses affirmations de « sans fondement et inacceptables ».
Navalny publie en octobre un enregistrement de lui incitant un agent du Service fédéral de sécurité russe (FSB) à avouer qu’il a tenté de le tuer.
Le FSB qualifie l’appel téléphonique de « provocation ».
Navalny dit qu’il envisage de rentrer chez lui malgré une menace de prison.
Il est arrêté le 17 janvier peu après son atterrissage à Moscou.
Pour coïncider avec son arrestation, Navalny publie une vidéo de son enquête sur un somptueux complexe de palais de la mer Noire qui, selon lui, appartient à Poutine.
Cela devient viral alors que Poutine nie que ce soit le sien.
Les autorités raflent les alliés de Navalny.
Fin janvier, des dizaines de milliers de manifestants réclament la libération de Navalny.
La police arrête des milliers de personnes.
Le 2 février, Navalny est condamné à près de trois ans de prison.
Trois jours plus tard, le Kremlin expulse les diplomates allemands, suédois et polonais pour avoir soutenu Navalny.
Les trois pays expulsent des diplomates russes en retour.
La Cour européenne des droits de l’homme ordonne à la Russie de libérer Navalny « avec effet immédiat » le 17 février. La Russie l’accuse d' »ingérence ».
Trois jours plus tard, un tribunal de Moscou rejette l’appel de Navalny, mais réduit la peine à deux ans et demi.
Séparément, il est reconnu coupable de diffamation et condamné à une amende de 850 000 roubles (environ 9 500 euros).
Le 22 février, l’UE sanctionne quatre hauts responsables russes.
Le 26 février, Navalny est envoyé dans une colonie pénitentiaire de la région de Vladimir, à environ 100 kilomètres (60 miles) à l’est de Moscou.
Cinq jours plus tard, Washington sanctionne sept hauts responsables russes.
Navalny dit le 15 mars qu’il est enfermé dans un « véritable camp de concentration » et accuse les autorités russes de torture en le privant de sommeil.
Le 31 mars, Navalny annonce une grève de la faim pour exiger un traitement médical approprié.
Après plus de deux semaines, ses médecins disent que son état s’est rapidement détérioré et qu’il pourrait « mourir à tout moment » d’un arrêt cardiaque.
Le 23 avril, Navalny déclare sur Instagram qu’il met fin à la grève et remercie ses partisans.
Fin avril, les autorités russes ont ajouté le réseau de bureaux régionaux de Navalny à la base de données du pays sur les terroristes et les organisations extrémistes.
Lorsque les juges désignent également mercredi sa Fondation anti-corruption (FBK) comme « extrémiste », le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab qualifie la décision de « Kafka-esque ».



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