Yseult, offensée permanente, juge que les journalistes dénaturent ses paroles


Chaque semaine, notre confrère du Monde propose l’interview d’une personnalité du monde de la culture. La jeune chanteuse s’est prêtée au jeu de l’entretien mais dénonce un traitement visant à lui nuire. Et a décidé d’exiger un droit de regard sur ce qui est écrit sur elle.

«Jane Roussel, tu en penses quoi ? Quel est ton but ? Me nuire ?» L’apostrophe est hargneuse, violente même. Sur son compte Twitter, la chanteuse Yseult, Révélation féminine aux Victoires de la musique 2021, a attaqué à une journaliste du Monde après la publication d’une interview de l’artiste. En cause : un traitement, selon elle, parcellaire et discriminant de l’entrevue qu’elle et notre consœur, Jane Roussel, ont eue.

Paru dans L’Époque, supplément du journal du soir, l’entretien est l’un des nombreux portraits proposés par le rendez-vous hebdomadaire baptisé «Un apéro avec…». Le dernier en date propose justement de partager un moment convivial avec Yseult.

Le titre est, sur ce point, évocateur: «Un apéro avec Yseult: « Je suis une femme incroyable, obèse, qui s’aime et se déteste ».» Le reste de l’article est, à peu près, de la même teneur. On y découvre une jeune femme d’affaires au caractère bien trempé, très soucieuse de son image. «Je tiens à avoir un droit de regard sur ces photos», précise-t-elle d’ailleurs au photographe qui la fait poser pour le journal. Le portrait, nuancé, qui présente Yseult comme militante dans ses propos et imaginative concernant son évolution artistique n’est cependant pas passé du côté de la chanteuse, qui considère que seuls son physique et ses manières ont été mis en avant: «Le Monde, je me sens obligée de partager publiquement notre entrevue d’une heure. Jane Roussel, tu en penses quoi ? Quel est ton but ? Me nuire ? Heureusement que j’enregistre toutes mes interviews écrites. Affaire à suivre», a-t-elle alors tweeté.

Une vision très personnelle du journalisme

Les enregistrements ont d’ailleurs été transmis au site du magazine pop culture Nylon, qui présente sa ligne éditoriale comme inclusive. Lequel a pris fait et cause pour la chanteuse: «Le ton est donné dès le titre de son article : « Je suis une femme incroyable, obèse, qui s’aime et se déteste ». On aurait pu sous-titrer : « Portrait-robot d’une femme arrogante. » Il faudra parcourir tout l’enregistrement pour constater que cette phrase n’est jamais prononcée telle quelle par la chanteuse. Il s’agit d’une agrégation de petits morceaux de réponses prononcées au fil de l’interview», dénonce le rédacteur de l’article.

La chanteuse, elle-même interrogée, fustige un manque d’intérêt pour son travail de musicienne et argue que Le Monde n’est pas le premier média à «dénaturer» ses prises de parole. «Peu de temps avant les Victoires, j’ai commencé à recevoir des rafales de commentaires grossophobes et racistes sur les réseaux sociaux, sans comprendre l’origine de cette haine. En me penchant sur les articles parus à mon sujet, j’ai réalisé que mes propos étaient souvent tronqués ou déformés. Comment peut-on se permettre ce genre de choses ? C’est pour cette raison que je prends désormais soin d’enregistrer mes conversations avec les journalistes, en demandant systématiquement leur consentement. Pendant les Victoires, les médias semblaient s’être entendus pour me dépeindre comme une diva instable, colérique et hautaine, ce qui ne me ressemble en rien.»

L’artiste livre ensuite sa vision de ce qu’est, ou de ce que devrait être, le travail journalistique : «J’estime qu’il est important pour un artiste d’avoir un droit de regard sur ses photos et ses propos lorsque des textes aussi malhonnêtes peuvent être publiés. Il s’agit d’un droit primordial. Après tout, nous sommes le contenu que ces médias proposent à leurs lecteurs.» Avant de s’interroger : «Faut-il qu’un drame se produise pour que les rédactions fassent le ménage?»

Manifestement remuée par son expérience avec L’Époque, Yseult conclut : «J’ai envie de tout geler et, à l’avenir, si je dois prendre la parole pour passer un message important à mon public ou à l’univers, je choisirai le média, le ou la journaliste, et j’aurais mes droits de regard.»

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