l’Opéra de Nantes face aux occupants


Le directeur de l’institution Alain Surrans renvoie les militants à leur responsabilité : pour des raisons sanitaires, la préfecture n’autorisera pas la présence du public salle Graslin s’ils n’évacuent pas les lieux.

Occupé depuis le 10 mai par des professionnels du spectacle vivant, l’Opéra Graslin, à Nantes, ne peut rouvrir ses portes. Alain Surrans, directeur du Angers-Nantes Opéra, syndicat mixte dont dépend l’institution, n’a pas reçu l’aval du préfet de Loire-Atlantique, lequel pointerait les risques sanitaires liés à une trop grande proximité entre les occupants et le public autorisé à retourner en salles depuis le 19 mai. Interrogé par Le Figaro, celui qui fut également directeur de l’Opéra de Rennes explique être «dans une position complexe».

Lors d’une réunion tenue mercredi, Alain Surrans a «posé une alternative». «Le préfet dit que l’occupation n’est pas compatible avec le retour du public. Je leur ai dit « Soit vous quittez les lieux, soit on ne rouvre pas ».» L’ultimatum n’a pas plus aux occupants présents, lesquels ont refusé de quitter les lieux et ont attribué «quelques noms d’oiseaux» au responsable du Graslin. «Étant directeur d’un syndicat mixte, c’est-à-dire d’un organisme public, je refuse la discussion politique, témoigne-t-il aujourd’hui. Je ne peux pas prendre de positions, surtout lorsque l’on demande l’abrogation d’une loi de la République. Les occupants ne veulent pas l’entendre. Pour eux, il s’agit d’un chantage, je suis un vendu.»

« On leur a dit « Bienvenue ! », mais depuis le 19 mai nous pouvons accueillir du public. Ils se retrouvent directement confrontés aux spectateurs. Sur ce point, le préfet est catégorique: c’est non. »

Alain Surrans

Contrairement à d’autres institutions tels que le Théâtre Merlan à Marseille ou le Théâtre de Morlaix, le Graslin est «un petit théâtre ancien». «Il n’y a pas de place. Les conditions sanitaires sont impossibles à remplir, souligne Alain Surrans. Les occupants sont dans le hall le jour et dans la salle de spectacle la nuit pour dormir.» D’autant que le prochain spectacle, baptisé Les Sauvages, prévoit de réunir des enfants sur scène. Si celui-ci est reporté à la saison prochaine, il risque l’annulation. «Comme les enfants partiront pour les uns en sixième et les autres en seconde, c’est notre dernière chance de le créer», dit-il.

Du côté de la ville de Nantes, les appuis à l’administration de la salle d’Opéra se font discrets. Aymeric Seassau, président d’Angers-Nantes Opéra, est également adjoint à la Culture de la mairie. Le communiste soutient l’action des occupants dont l’action est coordonnée par la CGT Spectacle. Alain Surrans, lui-même, voyait d’un bon œil le mouvement au départ dont le mot d’ordre premier était la réouverture des salles de spectacles et des lieux de culture. «On leur a dit « Bienvenue ! », mais depuis le 19 mai nous pouvons accueillir du public. C’est très différent. Ils se retrouvent directement confrontés aux spectateurs. Sur ce point, le préfet est catégorique: c’est non. Dès lors, je ne peux pas aller contre cette préconisation.» Se rangeant à l’avis de la mairie, le directeur tient cependant à rassurer: «Nous ne demanderons pas la demande l’évacuation des lieux par la force. Les occupants sont présents individuellement et beaucoup vivent dans la précarité.»

Le mouvement d’occupation des lieux culturels, initié le 4 mars à l’Odéon à Paris, avait pour but d’obtenir la réouverture des lieux culturels. Les revendications ont cependant dérivé, aboutissant à l’exigence du retrait de la réforme de l’assurance-chômage ainsi qu’à la demande de prolongement de l’année blanche pour les intermittents. Le 19 mai, le théâtre parisien épicentre du phénomène avait dû renoncer à sa première représentation depuis le second confinement d’octobre 2020. Le 25 mai, les occupants ont finalement quitté les lieux et se sont installés au centre culturel Centquatre-Paris.

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