Les Vieilles Charrues veulent transformer les «contraintes sanitaires en surprises»


INTERVIEW – Jérôme Tréhorel, directeur de la manifestation, entend faire du plus grand festival français «un cocon» le temps d’une édition.

Les Vieilles Charrues préparent l’«été des retrouvailles». Le festival, l’un des seuls «grands» à s’être maintenu, accueille habituellement environ 70.000 festivaliers par jour. Cette année, ils ne seront que 5000, l’organisation ayant décidé de s’en tenir à la jauge initialement annoncée par Roselyne Bachelot, bien que le calendrier de déconfinement leur aurait permis d’augmenter la capacité d’accueil. Ce sont donc dix soirées de concerts «cosy» qui se tiendront à Carhaix (Finistère), du 8 au 18 juillet. Jérôme Tréhorel, directeur du festival, en précise les contours.

LE FIGARO. – Comment se passe la préparation du festival ?

Jérôme TRÉHOREL. – Organiser un tout nouveau festival unique et éphémère, c’est du boulot ! Ce tour de force est en passe d’être réalisé par l’équipe. Mardi, nous avons annoncé la scénographie, qui a été complètement repensée, et vendredi nous annoncerons la programmation. Nous avons hâte d’enfin partager de bonnes nouvelles. Nous avons finalisé les plans, la circulation du public, le dispositif de sécurité, la décoration, la signalétique… Les équipes techniques et artistiques se coordonnent avec la programmation. D’ici un mois, nous attaquerons le montage. Nous sommes dans une phase excitante puisque nous allons voir tout le travail d’imagination et d’invention mené depuis février se concrétiser. Nous n’allons pas revivre un été silencieux, et rien que pour ça, cela valait le coup !

Comment avez-vous géré l’incertitude de ces derniers mois ?

En février, la ministre de la culture avait annoncé un cadre assez strict de 5000 personnes distanciées et assises, avec l’engagement d’une clause de revoyure chaque mois pour faire en sorte d’adapter ces mesures au gré de l’évolution de la situation sanitaire. Puis, le troisième confinement est arrivé. Nous avons continué à travailler, dans l’espoir que la situation s’améliore de façon significative.

Comment appréhendez-vous l’application des gestes barrière ?

Ce dernier mois, les choses se sont vraiment accélérées avec les annonces faites par le président dans le cadre du plan de réouverture. Les Vieilles Charrues rentrent dans la quatrième phase, qui débute à partir du 30 juin avec une jauge élargie et pas distanciée. Il y a même eu l’annonce de la possibilité d’être debout, en respectant une jauge de 4 mètres carrés. Nous avons décidé de maintenir une jauge à 5000 personnes assises mais pas «attachées», dans la mesure où les gens pourront se lever et danser s’ils le souhaitent.

Pourquoi avoir maintenu la jauge de 5.000 personnes ?

Nous restons sur ce format puisque nous nous trouvons à quelques semaines de l’ouverture des portes. Adapter la jauge pourrait fragiliser l’organisation, puisque nous commençons le montage dans un mois. Cela impliquerait d’augmenter la taille du site et de trouver plus de personnel… Nous préférons garder ce format de festival cosy, comme un cocon, qui ressemblera plus à des formules de concerts privés qu’à des festivals comme nous avons pu les connaître. Ce sera une expérience nouvelle et inédite pour les festivaliers qui vont pouvoir découvrir le site différemment.

À quoi ressemblera le site avec 5000 festivaliers ?

Nous avons prévu un espace dédié dans la zone de concerts avec un parterre et trois gradins, pour créer une arène devant la scène. Nous allons aussi changer la scène pour surprendre le public, en utilisant un écrin de verdure qui se trouve sur le site, devant le magnifique château de Kerampuilh. Nous avons aussi intégré les parkings dans le site. Les gens vont donc se garer là où il y a les deux grandes scènes en temps normal ! L’idée était de transformer ces nombreuses contraintes en forces et en surprises, pour qu’il n’y ait pas de comparaison avec ce qui se faisait avant. C’est véritablement un tout nouveau festival.

Qu’en sera-t-il des services d’hébergement et de restauration habituellement proposés sur le site ?

Il n’y aura pas de camping, puisque ce seront des soirées et non des journées de concerts. Le programme commencera aux alentours de 18 heures et se terminera à minuit. Nous nous adresserons davantage à un public local, puisque les artistes français à venir seront ceux qui assisteront aussi aux autres concerts des festivals estivaux. L’attrait sera donc un peu moins important que les autres années. Quant aux restaurants et aux bars, il n’y en aura pas. C’est facile à mettre en place puisque habituellement nous proposons déjà la vente à emporter. Nous avons des bancs et des tables un peu partout sur le site, et nous allons tout regrouper dans un même espace.

Que pensez-vous de la création d’un pass sanitaire ?

Nous attendons d’en connaître les détails pratiques, mais il va nous permettre d’éviter des contraintes supplémentaires que nous aurions pu avoir à faire appliquer aux festivaliers. C’est plutôt rassurant puisque cela va prévenir la création de clusters, en accueillant sur le site des gens qui sont négatifs. La vaccination et les tests – gratuits – faits en amont nous permettront de revivre une véritable expérience de concert.

Appréhendez-vous la logistique associée au pass sanitaire ?

Ce n’est pas un problème puisque ces dernières années, nous avons œuvré à mieux accueillir le public à l’entrée, notamment via la billetterie numérique et l’utilisation d’un bracelet avec la puce qui embarque l’ensemble des titres d’accès des festivaliers. Une fois qu’une partie des équipes aura contrôlé la billetterie et posé le bracelet, une autre sera chargée de contrôler la validité du pass sanitaire. Cela sécurisera l’expérience des festivaliers et nous épargnera des protocoles supplémentaires, qui auraient dénaturé l’esprit du festival.

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*