Alexandre Tharaud rouvre la Philharmonie de Paris et lance un appel pour soutenir les musiciens


Moment de grâce, mercredi soir, quand le pianiste s’est produit devant une salle aussi pleine que possible. Avant son concert, il a exhorté le public à soutenir les artistes, dont certains sont au bord du gouffre.

Le programme de la soirée, commencée à 19 heures, annonçait une fin de concert vers 20 heures. Qu’importe la durée du concert donné par Alexandre Tharaud pour la réouverture de la Philharmonie de Paris : mardi soir, la salle était pleine, du moins autant que la jauge de 35% le permettait.

Et ce fut un moment de grâce, où le public savoura le fait de se retrouver face à un artiste «en vrai», et où le pianiste renoua avec sa raison d’être. «Loin de vous, nous mourrions à petit feu», a admis Alexandre Tharaud, les larmes au bord de la voix, avant de se mettre au piano.

Pendant une heure, donc, le concertiste aux vingt-cinq albums solo joua un extrait de la symphonie numéro 5 de Malher, cinq morceaux de fantaisie de «son cher» Rachmaninov et Miroirs, de Ravel. À la fin, toujours masqué et silencieux, le public en redemandait, lorsque le concertiste reprit son micro. «En France, les intermittents ont été soutenus, ce qui est une très bonne chose, et ne se voit pas dans les autres pays, a-t-il rappelé. Mais les non-intermittents vivent des heures très difficiles». Certains ont déjà quitté le métier, d’autres «ne mangeront pas ce soir», a-t-il affirmé. Sans compter ceux qui se sont même «suicidés».

« Achetez des CD, ne les téléchargez pas, et c’est ainsi que les musiciens pourront être édités, puis invités à se produire dans des festivals »

Alexandre Tharaud

Dramatique, le message ne s’adressait pas aux pouvoirs publics, ni même à la ministre de la Culture. Il visait à sensibiliser les amateurs de classique sur le sort des jeunes musiciens, et à leur faire comprendre que l’économie de la scène est un tout. «Achetez des CD, ne les téléchargez pas, et c’est ainsi que les musiciens pourront être édités, puis invités à se produire dans des festivals», a-t-il plaidé.

Afin de ne pas rester sur une note trop pessimiste, Alexandre Tharaud acheva la soirée avec The man I love, de Gershwin. À 20h30, tous les spectateurs se précipitèrent vers le métro, heureux d’avoir été là, mais avec la conscience qu’être mélomane doit désormais rimer avec une part d’engagement.

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