PORTRAIT – Menacé sur les réseaux sociaux pour son engagement en faveur l’arrêt des violences envers les forces de l’ordre, le musicien de 38 ans avait collaboré en 2019 avec la mairie de Nice sur un clip de prévention contre la haine anti-flic.
La figure pourrait a priori dénoter au sein du grand rassemblement des policiers organisé ce mercredi devant l’Assemblée nationale de 13 à 15 heures. Pourtant, défiler aux côtés des forces de l’ordre et des politiques n’est pas le premier coup d’éclat du rappeur Kaotik 747, dit Kao. Père de famille de 38 ans, le musicien originaire de Nice invité par les syndicats de police à la manifestation de ce 19 mai s’est distingué la semaine dernière en publiant une chanson de soutien à la Police nationale, écrite en réaction à l’assassinat d’Éric Masson à Avignon. Intitulée Fils de flic et dédié «aux fils de policier, fils de pompier, fils de militaires, fils de gendarmes», elle a fait un petit buzz sur les réseaux sociaux et s’inscrit dans une démarche plus longue de défense des fonctionnaires de l’État régulièrement pris pour cible, tant dans la rue que dans certaines productions artistiques.
À lire aussi :Après le drame d’Avignon, un rappeur se distingue avec une chanson en soutien aux policiers
Kaotik 747, Karim Bouchagour de son vrai nom, s’était déjà fait remarquer en 2019, avec le morceau #Projet18. Financé par la mairie de Nice, le clip «de prévention» mettait en scène l’artiste aux côtés de policiers, de pompiers et d’urgentistes de la ville dans un rap engagé contre les violences et faveur d’un changement de mentalité. «Pourquoi caillasser les pompiers quand ils viennent dans nos quartiers pour sauver des vies ? Pourquoi s’en prendre à la Police?» s’interrogeait-il alors en ouverture du morceau. Plus récemment, le Niçois dont le slogan est «Sans arme, ni haine, ni violence», a également produit une chanson en hommage à la mémoire de Stéphanie, la fonctionnaire de police assassinée à Rambouillet en avril.
À lire aussi :Nice: un clip de rap met la police à l’honneur
Un «musicien urbain» menacé de mort
Dans le même ton indigné que ses chansons précédentes, Fils de flic raconte les brimades, les violences et le cyberharcèlement qui font le lot quotidien d’un fils de policier dans un quartier populaire. Cette nouvelle production engagée lui a valu d’être repéré et invité à la manifestation de mercredi. «Je ne trouve pas normal d’être le seul à prendre la défense de ces fonctionnaires qui sont trop souvent victimes d’agressions et de violences», a-t-il expliqué lundi à nos confrères de CNews. «Je voudrais voir plus d’artistes s’engager et prendre des positions républicaines. Je suis révolté quand j’entends d’autres rappeurs cracher sur la police». «Enfant de la DASS cabossée», fervent supporteur de l’OGC Nice, Kaotik 747 se décrit plus volontiers comme un «musicien urbain» que comme rappeur. «J’ai commencé à développer un certain amour pour la langue française jusqu’au jour où j’ai voulu prendre la plume. Je voulais être un peu différent de certains copains qui faisaient aussi ce style de musique», a-t-il raconté en avril dernier lors d’un entretien sur Azur TV.
Engagé contre les violences conjugales, un sujet qu’il avait abordé dès 2017 avec son morceau Femme forte, Kaotik 747 s’était aussi associé en 2019 avec 40 personnalités, dont Yannick Noah, Soprano et Franck Dubosc pour une collecte de dons destinée aux enfants malades pris en charge par la Fondation Lenval.
Un engagement qui ne serait pas du goût de tous. L’artiste a affirmé être ignoré des maisons de disques parisiennes à cause de ses prises de position et de son image jugée «trop propre» pour un secteur musical plus enclin à critiquer les forces de l’ordre qu’à les défendre. Son engagement et ses actions de sensibilisation lui ont par ailleurs valu de recevoir un flot d’insultes et de haine en ligne. «Les menaces de mort ne m’ont pas trop touché, a commenté Kao le mois dernier. Ce qui m’a touché c’est qu’on me dise “Ton enfant est scolarisé à telle école”… Là ça a été sérieux». Cette violence à son encontre ne l’a pas dissuadé de se rendre à Paris pour rejoindre les policiers mobilisés devant le palais Bourbon. «Soutenir la Police nationale et faire du Rap? J’assume !», écrivait-il encore il y a quelques jours sur Facebook.
.