pour François Mitterrand, «l’important (l’emmerdant), c’était la rose»


Son arrivée au pouvoir, il y a quarante ans, a inspiré chanteurs et chansonniers, pour le meilleur et pour le pire. De Leny Escudero à Alex Beaupain en passant par la charge assassine de Thierry Le Luron, retour sur les chansons pro ou anti-Tonton.

Les chanteurs et les chansonniers ont participé à la geste de François Mitterrand. Il y a quarante ans, le 10 mai 1981, le secrétaire national du parti socialistes parvenait enfin au pouvoir après deux échecs en 1965 (face à de Gaulle) et en 1974 (face à Giscard d’Estaing).

Le cœur penchant à gauche, les saltimbanques, Leny Escudero et Barbara en tête, entonnèrent des chants d’espoir. Puis après les thuriféraires de la geste mitterrandienne vinrent les contempteurs et les déçus. Le tournant de la rigueur est passé par là. Il a tué l’espoir. Dans cette France qui s’était vouée à la chanson sous l’égide de Jack Lang et de Pascal Sevran, les apôtres du désormais quatrième président, le premier de gauche, de la Ve République, ils furent nombreux, à l’instar de Renaud, Thierry Le Luron, François Béranger ou encore, bien plus tard, Alex Beaupain, à faire vibrer leur lyre politicienne puis voir bientôt, surtout ceux qui y avaient cru, des lendemains qui déchanteraient.

En ce jour commémoratif, Le Figaro a dressé le florilège des chansons dédiées, pour le meilleur ou pour le pire à François Mitterrand.

L’espoir de Leny Escudero et de Barbara

Leny Escudero: Mitterrand, une amourette qui ne durera qu’un printemps ?

Le troubadour, fils de républicains espagnols, anti-franquiste de la première heure aura cru dur comme fer à la victoire de l’union de la gauche. Le poète inspiré de Pour une amourette, signera dès 1977, une véritable ode à François Mitterrand et au symbole qu’il représentait : «Car nous voulons, car nous voulons la liberté qui nous fait envie. Et nous prendrons, et nous prendrons, et nous prendrons pour changer la vie le poing et la rose, la rose et le poing, le poing et la rose, la rose et le poing…»

Barbara: une joie extatique

Comme Dalida et une écrasante majorité d’artistes, Barbara pensa qu’une aurore nouvelle apparaissait. Et elle chanta Regarde en 1981 avec sa foi humaniste habituelle mais sans le génie qui habitait Göttingen et L’Aigle noir : «Sous ce ciel déchiré, tout s’est ensoleillé. C’est indéfinissable. Un homme, une rose à la main, a ouvert le chemin vers un autre demain.»

La rose se fane

François Béranger: le premier déçu du mitterrandisme

L’ancien militant syndicaliste, chantre de la liberté aura été parmi les premiers à chanter sa déception avec Le Changement en 1982. Pour cela, il s’inspira de Jean de La Fontaine: «Maître François la rose sur son arbre perché…»

Thierry Le Luron écrit le requiem drolatique de la mitterrandie

Dans la plus pure tradition des chansonniers, Thierry Le Luron détournera la sublime chanson de Gilbert Bécaud en 1984 pour la transformer en un implacable pamphlet : «L’emmerdant, c’est la rose l’emmerdant, c’est la rose l’emmerdant,c’est la rose crois-moi»

Renaud fige, avec Tonton , Mitterrand dans sa statue

Le poète de la banlieue laissera béton très vite le président socialiste et dès 1991 troquera son tropisme de gauche pour une fibre plus anarchiste : «Le temps qui, pourtant, emporte Les idées, les hommes et les amours mortes. Le temps qui lui reste dans la même veste, avant de n’être plus qu’une statue, un nom de rue.»

Alex Beaupain: François Mitterrand comme un amour furtif

Il n’avait que sept ans lorsque François Mitterrand arriva au pouvoir. Alex Beaupain n’a donc pas de nostalgie. Ou du moins, il la recompose. S’interrogeant sur sa génération et ce que le socialisme a pu en faire, il métaphorise la victoire socialiste en histoire d’amour qui finit mal. «Au départ, au départ, tu sais c’est comme pour nous deux, j’y croyais sans trop y croire. Au départ, c’est toujours mieux. Et puis la rigueur et puis les mots qui blessent, les tensions, moi c’est moi, lui c’est lui et la cohabitation»…

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