Super League, Infantino : « C’est vite dit qu’il faut punir »


Le président de la FIFA regrette ouvertement le projet de la Super League mais ne souhaite pas de sanctions contre les dissidents.

Le projet Super League est mort-né. Mais ce projet initié par douze des plus grands clubs européens a laissé une trace. En effet, le spectre d’un phénomène similaire dans les années à venir reste présent, et ce malgré la condamnation ouverte de l’UEFA et de la FIFA à l’encontre de ce type de ligues fermées. Dans une interview accordée à L’Equipe, Gianni Infantino, président de la FIFA, a ouvertement condamné qu’une telle idée ait plus surgir de terre et ait failli voir le jour.

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« La FIFA ne peut que rejeter fermement un tel projet s’il est basé sur une rupture avec les institutions internationales. Car ce sont elles qui assurent la protection des valeurs de notre sport, notamment la solidarité, qui est l’élément central du football que nous avons depuis plus d’un siècle. Elle permet de redistribuer les revenus générés au plus haut niveau jusqu’au football de base. Alors, oui, on peut débattre de nouvelles idées, de nouveaux projets, mais cela doit se faire dans le respect des institutions et sans perdre de vue les valeurs qui ont fait que notre sport est aujourd’hui le plus populaire au monde. Je pense que nous n’aurions jamais dû en arriver là, à la situation que nous avons vécue il y a quelques jours, au bord de la scission aux conséquences imprévisibles et négatives pour le football », a expliqué le président de la FIFA.

Gianni Infantino a réitéré être contre ce projet : « Je suis le président de la FIFA et il est de mon devoir et de ma responsabilité de faire tout ce qui est possible pour protéger le football mondial et son unité. On n’est pas là pour sauvegarder les grands clubs ou les grandes ligues. On est là, je suis là, pour défendre tout le football, dans le monde entier. Y compris les grands clubs et les grandes ligues, bien sûr. Il y a des situations dans lesquelles il faut être intransigeant. La création d’une ligue fermée, « séparatiste », en dehors des structures du football international, est évidemment non seulement inacceptable, mais tout simplement inimaginable. Nous avons été très clairs là-dessus ».

« Discutons de l’introduction de plafonds salariaux »

Gianni Infantino Florentino Pérez Ceferin

« Plusieurs fois ces vingt dernières années, nous étions proches de la création d’une Super League Européenne. Chaque fois, grâce au dialogue et aux réformes, on a pu trouver des solutions qui ont fini par bénéficier à tout le monde en évitant une rupture. Un leader doit aussi se poser la question pourquoi on en est arrivé là. Et, partant de là, comment on peut bâtir pour le futur tous ensemble. Pour le faire, il faut écouter tout le monde : les grands clubs, les petits, les ligues, les joueurs, les fédérations, mais surtout les supporters, qui sont le véritable coeur du football« , a ajouté l’ancien secrétaire général de l’UEFA.

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Le président de la FIFA ne pense pas qu’une sanction à l’encontre des clubs frondeurs soit très adapté : « Certaines actions devraient avoir des conséquences et chacun doit assumer ses responsabilités, mais… il faut toujours faire attention quand on parle de sanctions. De quelles sanctions parle-t-on ? C’est vite dit qu’il faut punir. C’est même populaire ou populiste parfois. Mais il faut aussi réfléchir aux conséquences d’éventuelles sanctions : en punissant par exemple un club, vous punissez aussi des joueurs, des entraîneurs, des fans, qui n’y sont pour rien. Il appartient en premier lieu aux instances nationales, ensuite aux Confédérations dans ce cas l’UEFA, et seulement après à la FIFA de prendre les mesures appropriées. C’est ainsi que la pyramie du football est bâtie. Ceci dit, je préfère toujours privilégier le dialogue par rapport au confilit, même dans les situations les plus délicates ».

Enfin, il milite pour aider les clubs à mieux gérer leur argent : « À la FIFA, nous sommes en train de réviser le système des transferts, car il est grand temps d’aider concrètement les clubs et les joueurs. Discutons sérieusement de l’introduction de plafonds salariaux, de plafonds sur les indemnités de transfert, ou encore de plafonds sur les commissions versées aux agents. La transparence doit être totale sur ces sujets. Discutons aussi d’une limitation du nombre de joueurs par équipe, ainsi que de l’obligation d’avoir un certain nombre de joueurs formés localement ou encore du nombre maximum de matches que les meilleurs peuvent disputer par saison. Ces mesures favoriseraient la stabilité économique du système, mais aussi l’équilibre compétitif. Discutons, enfin du calendrier international et du format des compétitions. Moins de quantité et plus de qualité devrait être notre devise. Au niveau national, moins d’équipes et des play-offs, par exemple, pourraient rendre les compétitions plus passionnantes ».

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