Flaubert, l’écrivain et ses personnages


DOSSIER – Neuf romanciers célèbrent l’auteur de Madame Bovary né il y a deux siècles.

Patrick Grainville: Emma Bovary

Hermance Triay/ŠTRIAY/Opale via Leemage

J’ai envie de l’appeler Emma Flaubert, tant le nom de Bovary lui pesa. Avec sa consonance de bovidé, de charivari beuglant. La femme du maire de Yonville se nomme Tuvache. Emma trotte vers le château de son amant, Rodolphe, et l’herbe à vache fouette ses bottines. Emma cernée, contrainte. Le paysage normand est bien joli, j’y suis né, mais il a des limites. Flaubert en sait lui-même quelque chose. Et sa soif d’exotisme, d’infini, il la partage avec son héroïne. Le romantisme d’Emma est celui de Flaubert, si ce n’est qu’il s’est infligé une cure de réalisme satirique pour lutter contre ses envolées lyriques. Au fond, ce qu’il aimait, c’était écrire Salammbô, s’abreuver de mythes exotiques. Conformément à l’art de son époque (Ingres, Delacroix, voire Gérôme). Emma y succombe aussi, mais sans le recul critique de Flaubert. «Madame Bovary, c’est moi!» Il n’aurait jamais dit littéralement cette phrase, mais il a souvent développé l’idée. Dans une lettre à Louise Colet, en décrivant une crise

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