Rome va ouvrir au public les rues qui ont conduit Jules César au trépas


Connue pour abriter les derniers vestiges de la curie où a été assassiné le dictateur, cette parcelle archéologique va être réaménagée en profondeur.

Jules César avait peut-être les idées ailleurs en quittant la curie de Pompée, en – 44. Peut-être songeait-il à l’expédition contre les Parthes qui se dessinait devant lui, ou à se faire roi avant son départ. La monarchie militaire qu’il était en train d’installer lui valut d’être assassiné à sa sortie de l’édifice public par une poignée de conspirateurs républicains. L’image est connue, bien servie dans l’imaginaire collectif par une kyrielle de tableaux ou de films. Le lieu l’est moins. Excentrées du forum romain, les ruines de la curie de Pompée se trouvent aujourd’hui au centre du Largo di Torre Argentina, au milieu d’autres vestiges de ce qui formait autrefois le monumental portique de Pompée. Interdit jusqu’à présent au public, le site va faire l’objet d’un réaménagement à partir de la mi-mai a annoncé mercredi la mairie de Rome. L’objectif ? Rendre accessible cette portion de la Rome antique qui vit expirer Jules César.

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Davantage occupé, de nos jours, par les chats errants de la capitale italienne que par des légions humaines, le chantier à venir devrait permettre aux passants romains de s’approcher au plus près des ruines situées en contrebas. De nouveaux accès modernes et aériens, des passerelles éclairées par des LED en l’occurrence, seront au cœur de ce dispositif pensé pour être accessible aux personnes à mobilité réduite et financé par le mécénat. Le système d’éclairage proposé devrait, quant à lui, permettre de mettre joliment en valeur les vestiges antiques pendant la nuit. Ces travaux seront l’occasion de restaurer et de mettre en valeur les différents monuments du Largo Argentina, qualifié traditionnellement d’aire sacrée («Area Sacra di Largo Argentina») en raison de ses multiples temples. Enfin, un espace d’exposition sera aussi construit dans les souterrains adjacents, sous la rue San Nicola de Cesarini, afin de présenter l’histoire de cette parcelle archéologique et une partie du matériel ancien découvert sur place.

Vue d’artiste des futures passerelles lumineuses du Largo di Torre Argentina. Roma Capitale

«Il s’agira d’un parcours tout en sécurité parmi les splendeurs de l’Antiquité : les visiteurs pourront littéralement se promener dans l’Histoire», a déclaré dans un communiqué la maire de Rome Virginia Raggi, en saluant la nouvelle jeunesse à venir de «l’un des sites archéologiques les plus évocateurs de la ville».

Sans jamais avoir été le cœur de la Rome antique, la curie de Pompée faisait partie, à l’époque de l’attentat contre César, d’un grand ensemble monumental construit vers le milieu du Ier siècle av. J.-C. par le général et homme d’État romain, rival historique du conquérant des Gaules. Celui-ci comprenait le premier théâtre permanent de la ville, associé au temple de Vénus Victrix, ainsi qu’un vaste portique dans son enfilade, qui consistait en une promenade bordée de statues qui débouchait sur le lieu d’assemblée. Les ruines antiques de la place du Largo Argentina avaient été découvertes dans les années 1920, au moment de grands travaux menés dans la ville de Rome à l’époque fasciste.

Les visiteurs qui afflueraient pour voir les vestiges du bâtiment risquent de déchanter, les beaux vestiges du Largo Argentina appartenant non pas au funeste édifice, mais à quatre différents temples romains construits entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C.. Ils étaient, cependant, bel et bien situés juste à côté de la curie, dont n’est visible qu’une fondation en bordure de la zone. Proscrite après l’assassinat de César, la curie de Pompée aurait été même transformée en latrine, à en croire l’historien romain du IIe siècle Dion Cassius. Si l’on ne sait pas encore si elle pourra ouvrir au public pour les ides de mars, l’Area Sacra du Largo Argentina devrait commencer à accueillir ses premiers visiteurs dans le courant de l’année prochaine. À moins qu’une prolongation éventuelle de la pandémie de Covid-19 ne repousse son ouverture aux calendes grecques.

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