la mairie de Paris tente d’éteindre la polémique


L’artiste belge, connu pour sa bande dessinée Le Chat, expose jusqu’en juin des statues de bronze monumentales sur les Champs-Élysées. «Un sommet de mauvais goût» jugent certains.

À voir les mines réjouies de certains promeneurs ce week-end, l’exposition en plein air des statues monumentales de chat conçues par Philippe Geluck sur les Champs-Élysées entre la place de la Concorde et le rond-point plaisent plutôt. On y voit son célèbre matou écrasant une voiture, en tutu de danse, en Atlas soutenant un globe plein de déchets… Une application mobile, Le Chat Déambule permet d’avoir des explications sur chaque œuvre et d’accéder à un catalogue d’exposition. L’exposition dure jusqu’en juin.

Galerie à ciel ouvert

Mais voilà : ces vingt œuvres en bronze de 2,7 mètres sont déposées sur l’espace public parisien. Les élections régionales approchent, la polémique n’a pas tardé. Comme les musées et les galeries d’art sont fermées à cause de la pandémie, l’exposition en plein air de l’artiste belge est la seule à voir à Paris en ce moment. Elle a donc bénéficié d’un grand retentissement médiatique. Dans ses interviews, Philippe Geluck admet volontiers que cette exposition itinérante doit lui permettre «de boucler le financement de son projet de futur musée du Chat et du dessin d’humour, dont l’ouverture est annoncée pour 2024 à Bruxelles.» Si elle est gratuite, les bénéfices sont attendus juste au coin de la rue.

À deux pas des statues, «d’autres sculptures et dessins préparatoires sont visibles en visite virtuelle chez Huberty & Breyne, galerie spécialisée depuis trente ans dans la bande dessinée et située avenue 36 Matignon», précise l’artiste. Cette fois, il s’agit d’œuvres à vendre. Elles sont disponibles grâce au clic & collect mis en place sur le site de la galerie. «L’exposition en plein air a eu beaucoup de succès notamment ce week-end. Philippe Geluck sera encore sur place mardi 30 mars puis reviendra en avril, nous explique-t-on à la galerie qui elle est fermée. Pour découvrir les œuvres, il faut regarder sur notre site la visite filmée avec Philippe Geluck qui explique lui-même ses œuvres. Même si tout cela est un peu compliqué, nous avons déjà eu des clients depuis ce premier week-end.»

«Produits dérivés commerciaux»

Ici, une édition encadrée à 100 exemplaires 100×70 cm coûte par exemple 1700 euros. L’acrylique sur toile Cet enfant rapetisse œuvre de 2021 de 100×100 cm est mise à prix 29.000 euros. Aussitôt, les reproches ont fusé. Pour certains, les œuvres de Geluck sont «un sommet de mauvais goût, des sculptures de grandes surfaces». Ceux-là regrettent l’époque où Paris exposait les statues monumentales de Botero et d’Ousmane Sow. Sur les réseaux sociaux, Jean de Loisy critique d’art et commissaire d’exposition s’est étranglé : «seule manifestation culturelle autorisée au temps des musées fermés : les produits dérivés commerciaux des chats de Geluck. Confusion ? Cupidité ? Naïveté ? Navrant !!»

À la Mairie de Paris, le porte-parole de Carine Rolland adjointe à la culture réfute toutes ces critiques. «Philippe Geluck a soumis son projet à la ville en 2018. Il a été étudié attentivement et soumis au vote du Conseil de Paris fin 2018. Celui-ci a délibéré le principe de la mise à disposition des Champs-Élysées pour cette exposition exceptionnelle. Il a donné son accord en raison de la notoriété de l’artiste.» Toujours selon ce porte-parole, aucun centime du contribuable n’a été dépensé. «Ce projet est 100% autofinancé, il ne coûte rien à la Ville, aucune dépense n’y est attachée. Il est entièrement financé par Philippe Geluck. D’une manière générale, la Ville de Paris étudie avec la plus grande bienveillance tout projet d’exposition dans l’espace public qui lui est présenté.»

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