une lettre d’amour retrouvée dans l’épave d’un cargo reconstituée


La missive à destination d’une certaine Iris avait sombré avec le navire postal, torpillé en 1941 par un sous-marin allemand au large de l’Irlande. Récupérée dans le bateau gisant à près de 4000 mètres, elle a été recomposée par le musée de la Poste britannique.

Les fragments d’une lettre d’amour adressée à une femme prénommée Iris, ont été retrouvés à près de 4000 mètres de profondeur. La missive a été récupérée sur le SS Gairsoppa, cargo postal coulé par un U-Boot, un sous-marin allemand, au large des côtes irlandaises, en 1941. Grâce au travail minutieux des experts du musée de la Poste britannique, elle a pu être recomposée, relate le Guardian .

«Prends soin de toi ma chérie, pas seulement pour ton propre bien, mais pour le mien aussi», écrivait alors le militaire inconnu en poste dans la région du Waziristan, qui fait maintenant partie du Pakistan. «Imagine-toi mes lèvres serrées contre les tiennes enlacée dans mes bras… Espérons que cette guerre sanglante sera bientôt terminée.»

La lettre figure parmi les 717 qui n’ont jamais été livrées par le cargo, à destination des États-Unis. Le navire a été torpillé le 16 février 1941. Sur les 86 membres d’équipage à bord, un seul a survécu. Le navire gisait à près de 4000 mètres de profondeur jusqu’en 2011, moment où l’Odyssey Marine Exploration, une entreprise américaine, a remporté l’appel d’offres du gouvernement britannique pour la récupération de l’épave. L’entreprise a sauvé des eaux plus de 100 tonnes de lingots d’argent ainsi que les lettres, qui sont restées pour la plupart intactes car ensevelies dans la cale sous des tonnes de sacs postaux et de sédiments, à l’abri de la lumière, des courants, de la chaleur et de l’oxygène.

Les lettres ont été immédiatement lyophilisées après leur découverte, pour stopper le processus de désintégration, puis lavées à l’eau douce pour les dessaler. «Un processus intense et long pour chaque lettre, mais qui a garanti leur état actuel», a déclaré Eleni Katsiani la conservatrice du musée de la Poste britannique, où en 2018, les lettres les mieux conservées ont été exposées.

« Comme beaucoup de lettres, elle a subi des dommages, mais malgré des parties manquantes, il en reste assez pour apprécier le contenu émouvant (…). Un tendre témoignage d’amour et de désir »

Jackie Coppen, restauratrice du musée de la Poste britannique

Ces derniers mois, les experts du musée ont travaillé sur certaines des missives les plus endommagées, rassemblant des fragments évoquant la vie en temps de guerre. «Un aperçu de la vie de gens ordinaires, vivant dans des circonstances extraordinaires pendant la seconde guerre mondiale», souligne le musée. La restauratrice principale Jackie Coppen, est tombée sur la lettre envoyée à Iris, qu’elle a décrite comme «un tendre témoignage d’amour et de désir», écrite sur du papier «incroyablement fin et fragile».

Avant d’ajouter: «Comme beaucoup de lettres, elle a subi des dommages, mais malgré des parties manquantes, il en reste assez pour apprécier le contenu émouvant. Elle parle d’espoir et d’avenir, elle caresse les rêves de s’embrasser étroitement et d’être à nouveau ensemble. Non seulement elle évoque un passé romantique, lorsque les lettres demeuraient souvent le seul moyen de maintenir des relations à distance, mais elle résonne avec notre époque où beaucoup d’entre nous, désireux d’embrasser leurs proches, sont revenus à l’écrit comme moyen de communication.»

Deux autres lettres d’un père mobilisé adressées à ses enfants ont ému Eleni Katsiani qui en a cité quelques passages poignants au Guardian : « En ces temps troublés, nous devons tous tirer le meilleur parti des choses telles qu’elles sont : la guerre a bouleversé les rêves et les modes de vie de la plupart des peuples – y compris le mien! Il écrit également à quel point il est heureux que son fils apprécie sa moto. C’est une si belle lettre.»

«Il y avait des missionnaires, des hommes d’affaires, des soldats et des généraux qui écrivaient, des voyageurs ordinaires qui étaient partis en Inde, explique-t-elle. Les lettres parlent de la vie, de l’amour, de la foi, des affaires et du temps, bien sûr».

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