Les plus grands films de Bertrand Tavernier


En hommage au réalisateur qui vient de nous quitter à 79 ans, Le Figaro revient sur ses œuvres, de L’Horloger de Saint-Paul jusqu’à La Princesse de Montpensier en passant bien sûr par Que la fête commence, son chef-d’œuvre.

Au moins, il n’a jamais fait les pieds au mur. Dès ses débuts, Bertrand Tavernier s’affirmait comme un solide artisan, tournant le dos aux affèteries alors à la mode. Pour son premier film, il adapte Simenon et s’adjoint les services de Jean Aurenche et Pierre Bost, scénaristes qui étaient les bêtes noires de la nouvelle vague.

L’horloger de Saint-Paul (1974) se passe à Lyon, sa ville natale. On la voit, on la sent, avec ses places, ses quais, ses marchés. Il faudrait compter le nombre de séquences à table, où les convives commentent les résultats des élections dans un bouchon, discutent de la peine de mort et de Guy Lux devant un tablier de sapeur ou blaguent sur Michel Droit en se resservant un verre de beaujolais. Il y a Noiret, qui sera le fidèle complice du réalisateur. La vie de ce commerçant tranquille est bouleversée quand son fils tue le vigile d’une usine où travaillait sa petite amie. Attentif à son époque – les prostituées manifestaient dans les rues-, Tavernier décrit les rapports d’un père et de son garçon, leur difficulté à communiquer, leur soudaine solidarité qui ressemble peut-être à un amour muet.

Philippe Noiret royal en régent

Le metteur en scène abandonne ensuite le drame contemporain pour se plonger dans la Régence avec Que la fête commence (1975) qui est sans doute son meilleur film. Son comédien fétiche y éclate en Philippe d’Orléans roué, élégant. La débauche et les soupers fins avaient une odeur de pourriture et tout le monde se bouchait le nez. La révolte couvait et le marquis de Pontcallec (Jean-Pierre Marielle, irréprochable) rêvait d’une république bretonne tandis que l’abbé Dubois (Jean Rochefort, sinueux en diable) soignait son ulcère à coups d’aphorismes : « Je suis avare. C’est le seul vice qui ne me coûte rien ».Tavernier se pourléchait de rappeler à plusieurs reprises que le médecin du Régent s’appelait Chirac.

Le juge et l’assassin (1976) valut à Galabru ses galons d’acteur sérieux, presque tragique. Dans les monts d’Ardèche en 1893, ce meurtrier anarchiste écrivait « Je vous salue Marie mère du ciel » dans la neige,violait bergers et bergères avant de les égorger, jouait au chat et à la souris avec son juge (Noiret, évidemment, moustache et chapeau-melon). Beau duel à l’ancienne qui tient la comparaison avec celui de « Garde à vue », mais que Tavernier ne peut s’empêcher de clore par une grève avec drapeaux rouges, se prenant tout à coup pour le Bertolucci de 1900.

Changement de décor avec Coup de torchon (1981). Afrique occidentale française 1938. Noiret est un policier qui n’arrête personne, une ordure totale, veule, retorse. Eddy Mitchell fait le demeuré, Isabelle Huppert la maîtresse, le tout un peu forcé, comme du Mocky light. La vie et rien d’autre (1989) et La princesse de Montpensier (2010). Le meilleur Tavernier, désormais pour l’éternité.

En guise d’hommage, Le Figaro revient, ci-après, en images sur les plus grands films de Bertrand Tavernier, de L’Horloger de Saint-Paul à La Princesse de Montpensier en passant bien sûr par Que la fête commence…

L’Horloger de Saint-Paul de Bertrand Tavernier, en 1974, inspiré du roman de Georges Simenon L’Horloger d’Everton

Que la fête commence… de Bertrand Tavernier, sorti en 1975, avec Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle…

Le Juge et l’Assassin de Bertrand Tavernier, en 1976

Coup de torchon de Bertrand Tavernier, en 1981

La Vie et rien d’autre de Bertrand Tavernier, en 1989. Nommé onze fois aux César, il reçoit celui du meilleur acteur et de la meilleure musique en 1990.

La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier, sorti en 2010

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