une «zone de résistance» pour Julie Deliquet


La directrice du centre dramatique national de Saint-Denis est solidaire des jeunes étudiants des filières de spectacle vivant qui occupent son établissement depuis le 4 mars.

«Nos lieux de création et théâtres vont-ils devenir des agoras citoyennes? s’interroge Julie Deliquet, à la tête du Théâtre Gérard-Philipe (TGP) depuis mars 2020. Concrètement, on n’en a pas le droit, on est censé être fermé.» Ce qui n’empêche pas l’action. Depuis l’occupation de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, le jeudi 4 mars, les occupations des salles par les élèves se multiplient.

«On a compris qu’il y avait besoin d’un abri collectif, pour déterminer ensemble quelle était leur lutte, revenir à un espace commun, collectif, réfléchir à leur place dans la société, explique la responsable, solidaire des occupants du TGP. Les promotions de Paris 8 par exemple ne se connaissent pas entre elles. Les filières de spectacle vivant sont compliquées. Comment les options seront-elles validées alors que les jeunes n’auront pas pu pratiquer, jouer des spectacles, ça retire du sens.»

Jouer dans les écoles, les hôpitaux ou pour les association

Pour Julie Deliquet, le TGP est devenu une « zone de résistance » prête à rouvrir «demain». Dès l’été, la responsable a lancé des ateliers et s’est déplacée avec ses équipes pour jouer dans les écoles, les hôpitaux ou l’Association des Petits Frères des Pauvres. Objectif : garder un lien avec le public, des touts petits aux plus âgés. « Tout le monde est atteint, touché par la situation sanitaire, mais debout », prévient-elle. Entre les confinements, j’ai senti qu’il y avait un élan populaire, l’envie de se réapproprier les lieux culturels, un rituel, c’ était l’anticonsommation, il y avait quelque chose de l’ordre du sacré, on était tous aussi mortel et susceptible de tomber malade. »

Consciente que la période actuelle est difficile en particulier pour les jeunes privés de sorties et échaudée par la date du 15 décembre, la directrice a décidé de ne plus «faire le yoyo», d’attendre que le ministère de la Culture fixe une date de réouverture des salles de spectacles. Au lieu d’être dans l’expectative et de broyer du noir, elle agit, va la rencontre des spectateurs dans le strict respect des règles sanitaires.

« La fatigue qui s’accumule fait qu’on réinvente des projets, assure le metteur en scène d’Un conte de Noël. Il va falloir que derrière, il y ait une prise de conscience de nos politiques, du rôle qu’on a joué, sinon la colère va augmenter. On n’est pas à l’abri que les mouvements se durcissent et que l’occupation ne devienne pas sociale. » En septembre prochain, la directrice du TGP espère créer Huit heures ne font pas un jour, l’adaptation du feuilleton de Fassbinder.

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