Une pétition dénonce la coupe des chênes pour reconstruire Notre-Dame de Paris


Le texte, adressé à la ministre la Transition écologique, Barbara Pompili, dénonce un « écocide ». Il a réuni plus de 41.000 signatures. La filière Bois, qui déplore ce « réflexe Idéfix », met en avant des coupes concernant « 0,1 % de la récolte annuelle ».

Les experts du bois appellent cela familièrement le « réflexe Idéfix ». Après l’annonce, vendredi, par Roselyne Bachelot et son homologue de l’Agriculture, de la récolte de 2 000 chênes centenaires pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris, une pétition a été lancée pour mettre fin au chantier. Adressée à Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, signée par 41.530 personnes, elle dénonce un « écocide et une aberration ».

« Un arbre centenaire fait partie de notre patrimoine et représente un écosystème à lui tout seul ; notre terre est en danger, nos forêts souffrent du réchauffement climatique, ce choix est incompréhensible », affirment les signataires. Ces derniers estiment par ailleurs qu’il serait « cohérent au XXIe siècle de choisir des techniques d’ingénieries plus responsables et moins dégradantes pour notre environnement ».

« Une forêt, ça se gère, et les coupes étaient prévues en tout état de cause. Il n’y a aucune flibuste, aucun piratage, aucune amputation du patrimoine »

Roselyne Bachelot à propos de l’abattage des chênes pour Notre-Dame

Utilisé au Moyen Âge comme au XIXe siècle pour les charpentes de la cathédrale, ce matériau a été choisi précisément pour refaire une reconstruction à l’identique. Si d’autres cathédrales, comme celles de Reims ou de Nantes, ont été restaurées avec du béton, ce n’est pas l’option qui a été retenue par la Commission nationale du patrimoine et de l’Architecture. À la suite de son avis, en juillet 2020, le président de la République a donc annoncé que la cathédrale serait refaite avec du chêne et du plomb.

En principe, 1 000 arbres de 230 ans devraient être abattus en 2021, pour le « tabouret » qui supportera la flèche. Au deuxième semestre, ils seront débités et transportés dans une vingtaine de scieries, afin d’être séchés. Début 2023, ils seront transportés vers les ateliers des charpentiers, qui suivront les plans de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc pour une reconstruction de la charpente de la flèche, à l’identique. Dans un second temps, 1 000 autres seront récoltés pour la reconstitution de la charpente du XIIIe siècle, surnommée justement « la forêt ».

Depuis la forêt domaniale de Bercé, dans la Sarthe Roselyne Bachelot avait répondu à ce qu’elle pressentait comme un sujet de dissension, sur fond d’examen du texte de loi Climat et résilience à l’Assemblée nationale. « Une forêt, ça se gère, et les coupes étaient prévues en tout état de cause », a-t-elle expliqué. Avant d’ajouter qu’il n’y avait « aucune flibuste, aucun piratage, aucune amputation du patrimoine ».

Du côté de l’Office National de la Forêt, qui préfère parler de « récolte » plutôt que d’abattage – preuve que ses experts sentent la relation passionnelle des Français aux arbres – on met en avant l’infirme quantité que représente le chantier de Notre-Dame de Paris.

Selon cet organisme, mille chênes équivalent à 0,1 % de la récolte annuelle de bois de chêne destiné à la construction ou l’ameublement. « Il en pousse plus qu’on en récolte, soit 3 millions de mètres cubes, contre 2 millions, chaque année », fait valoir l’office. En privé, certains experts de la filière font par ailleurs remarquer que le bois est un matériau très prisé des écolos, pour des projets de gares ou de maisons…

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