Sept cents ans après La Divine comédie, ils recréent la musique de l’Enfer de Dante


Quatre-vingts musiciens et preneurs de son du monde entier se sont associés afin de retrouver le son qui accompagnait le premier des grands textes italiens. Un projet fou qui devient la bande originale du film muet L’Inferno, de Francesco Bertolini et Adolfo Padovan, tourné en 1911.

Son nom originel était plus sobre. La Commedia, de Dante Alighieri fut pourtant la seule à acquérir l’adjectif mythique – attribué par Boccace et popularisé par Ludovico Dolce en 1555 – que nous lui connaissons aujourd’hui. La Divine comédie, immense poème en trois cantiques de trente-trois chants chacun, excepté pour l’Enfer qui en compte trente-quatre et dont le premier chant introduit l’œuvre, fut l’un des textes fondateurs de la langue italienne.

Apparemment rédigé entre 1303 et 1321, le texte médiéval fête, cette année, ses sept cents ans. Tout le long de ses 14.223 hendécasyllabes en tierce rime, il se nourrit de la musique. Pour Dante, la poésie n’était rien d’autre que «fiction exprimée selon les règles de la rhétorique et de la musique ».

À cette occasion, quelque quatre-vingts musiciens et preneurs de son du monde entier se sont associés afin de recréer la partition de l’Enfer, le plus connu des cantiques de la Divine comédie. Afin de redonner une bande originale au film muet italien L’Inferno, de Francesco Bertolini et Adolfo Padovan, tourné en 1911, ces artistes ont imaginé ce que pourrait être la musique de ce lieu mythologique et biblique.

Ce projet international City and memories inferno est désormais constitué d’un florilège de sonorités aussi angoissantes que lyriques. Une dizaine de morceaux au total ont été composés pour illustrer le poème.

Le long-métrage, lui, retrace la descente aux Enfers de Dante et Virgile et plonge le spectateur dans un univers sombre et fantasmagorique où les décors, les costumes et les effets spéciaux – résultats, notamment, de la surimpression – rendent avec fidélité le thème surnaturel abordé par Alighieri. Le film fut un succès international, considéré comme le premier grand film européen à l’ambition artistique et littéraire accomplie.

Ce collectif de musiciens ne fut pas le seul à être inspiré par l’anniversaire de la Divine comédie. L’artiste turinois, Enrico Mazzone, a également innové en la matière en réalisant une illustration, longue de 97 mètres, du texte de Dante, intitulée Rubedo. Fruit d’une collaboration finlandaise, l’ouvrage, commencé en 2015 et achevé cinq ans plus tard, simule la technique de la gravure lithographique. Le long rouleau, en cours de numérisation depuis le 6 février, sera bientôt accessible pour tous dans une version numérique.

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