La Cène de Léonard de Vinci se déconfine en petits groupes à Milan


Le couvent Santa Maria delle Grazie a rouvert ses portes au public, avec une jauge de douze personnes à la fois, pour une visite de quinze minutes maximum.

Elle est l’une des fresques les plus célèbres au monde. La Cène de Léonard de Vinci est, enfin, sortie son confinement. Le 9 février, à Milan, le musée du Cénacle a rouvert ses portes au public. Loin des foules habituelles de touristes, le couvent dominicain, qui abrite le lieu culturel, accueillera désormais des amateurs d’art venus de la capitale lombarde et ses alentours.

«Pour moi, c’est une renaissance. Je revis. Après cette terrible pandémie, ça me permet de m’évader, d’élever mon âme, de ressentir à nouveau des émotions», confie Alessandra Fabbri, trente-sept ans, employée dans le secteur de la publicité numérique. Cette habitante de Milan est originaire d’Urbino, ville natale de Raphaël, située dans le centre de l’Italie. La cité fut «jadis» la «capitale de la Renaissance italienne avec laquelle Léonard de Vinci avait des liens très forts», explique-t-elle.

À l’entrée du couvent Santa Maria delle Grazie, après la prise de température obligatoire, de petits groupes limités à douze personnes se relayent, en silence, devant la fresque peinte par le génie originaire de Toscane. Ils n’auront droit qu’à quinze minutes de visite, mesures sanitaires obligent. L’œuvre, peinte à la détrempe entre 1494 et 1498, sur le mur du réfectoire de l’édifice religieux, représente le dernier repas de Jésus de Nazareth, en compagnie de ses douze apôtres. Sous ses airs paisibles, le Christ vient pourtant de leur annoncer que l’un d’eux allait le trahir.

«Art et spiritualité»

«C’est la plus belle œuvre d’art que j’ai vue de ma vie. Un mélange d’art et de spiritualité. C’est magique», s’extasie Anna Oganisyan, cinquante ans, pianiste française expatriée à Milan. Venue à l’improviste avec sa fille, Anne-Charlotte, elle a décroché un billet à la dernière minute, ce qui aurait été inimaginable sans la crise sanitaire. Avant la pandémie, le temps d’attente pour voir La Cène pouvait atteindre jusqu’à trois mois.

Le musée avait dû fermer lors du premier confinement fin février. Il avait rouvert le 10 juin avant de baisser à nouveau le rideau le 5 novembre. Le chiffre d’affaires, d’environ 1,2 million d’euros par an, a chuté de 80% en 2020. Un coup dur, alors même que la fréquentation avait signé un record en 2019, avec plus de 445.000 visiteurs venus à l’occasion des commémorations pour les cinq cents ans de la mort de Léonard de Vinci.

En Italie, le Covid a mis à l’arrêt le tourisme. Entre 60% et 70% des visiteurs venaient de l’étranger, surtout des Américains, des Chinois et des Coréens. Mais, désormais, «nous misons sur un tourisme de proximité, avec des Milanais qui se réapproprient ces lieux qui étaient dominés par le tourisme international. Le couvent fait partie de leur culture, leur histoire», estime Michela Palazzo, directrice du Musée du Cénacle Léonard de Vinci.

Pas de temps d’attente

«Désormais, il n’y a plus de files d’attente, c’est le silence qui prédomine, des conditions optimales pour admirer ce chef-d’œuvre extraordinaire et s’échapper de la pandémie», fait valoir Palazzo. Une situation qui n’est pas pour déplaire à Davide Palano : «Ça faisait très longtemps que je voulais voir La Cène qui est d’une beauté extrême», raconte ce lycéen de dix-sept ans, qui a réservé son billet en ligne la veille au soir. «Là, c’est le moment, il y a moins de monde, c’est tranquille».

À contre-courant de ses voisins européens, l’Italie a assoupli, début février, les restrictions anti-Covid en vigueur dans la plupart de ses régions. Cet allègement a, notamment, permis la réouverture au public des bars et des restaurants. Ses musées ont été, eux, autorisés à accueillir des visites uniquement en semaine, afin d’éviter les foules. Quant aux musées du Vatican, régis par l’État pontifical, ceux-ci sont également accessibles le samedi.

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