Jean-Claude Carrière a fait de sa vie toute une histoire


Le grand conteur nous a quittés cette semaine, à 89 ans. Madelen lui rend hommage en proposant l’un des rares entretiens radiophoniques qu’il ait acceptés. Diffusé dans la série « Le bon plaisir », il a été enregistré chez lui et dure 3 heures 30 !

Jean-Claude Carrière n’aimait pas parler de lui, et encore moins de son travail. Et pourtant, en 1985, il accepte d’ouvrir aux ondes nationales et à l’émission au«Bon Plaisir», la porte de sa maison voisine de Pigalle. C’est là qu’il passe des journées, parfois des nuits, dans un bureau qu’il appelle sa «salle des machines».

Au micro, il affiche ce mélange de nonchalance, de curiosité et de rigueur qui, jusqu’à son dernier jour, vont faire le bonheur de son quotidien. Ses amis dialoguent avec celui qui ne se considère pas comme un «auteur», mais plutôt comme un «conteur».

À l’origine, sa vocation était de devenir historien. Après de jeunes années à la Colombières-sur-Orb, dans l’Hérault, où ses parents sont viticulteurs, il tente sa chance à Paris. Une licence de lettres en poche, il choisit de se tourner plutôt vers la littérature. En 1957, il signe Lézard. Ce premier livre lui vaut d’être invité à «Lectures pour tous», par Pierre Dumayet. Le présentateur de la pionnière des émissions littéraires à la télévision lui prédit une belle carrière. Les faits vont lui donner raison. Carrière va écrire près de cent films, plus de soixante livres, ainsi que des chansons, en particulier pour Brigitte Bardot et Juliette Gréco.

«Bienvenue dans le monde du cinéma !»

Son parcours débute véritablement en 1960 par une rencontre avec Pierre Etaix, qui est alors l’assistant de Jacques Tati. Ils deviennent amis et tournent un court-métrage, Heureux anniversaire. En 1962, à la surprise générale, il est récompensé d’un Oscar. À la fin d’une cérémonie au cours de laquelle l’équipe de West Side Story reçoit dix trophées, Jean-Claude Carrière est félicité, en coulisses, par Bob Hope, le maître de cérémonie. Il lui dit en substance : «Bienvenue dans le monde du cinéma !»

Pendant plus de six décennies, le scénariste ne va pratiquement pas s’en éloigner. Il devient le seul Français à travailler avec de prestigieux réalisateurs internationaux. À partir de 1964, et pendant près de vingt ans, il collabore avec Luis Bunuel. Il signe, en particulier, Le Journal d’une femme de chambre, Belle de Jour et Le charme discret de la bourgeoisie.

À la fin des années 60, il participe à l’écriture de La Piscine, Borsalino et Un peu de soleil dans l’eau froide. Des récompenses officielles saluent régulièrement son travail : une Palme d’Or et un Oscar pour Le Tambour, un César du meilleur scénario pour Le retour de Martin Guerre, un prix de la meilleure adaptation pour L’insoutenable légèreté de l’être, un César du meilleur film pour l’adaptation de Cyrano de Bergerac et un Oscar d’Honneur pour l’ensemble de son œuvre.

Cet amoureux de l’Inde a enfin consacré vingt ans de sa longue vie à l’adaptation du Mahabharata . Ce poème de 274.778 vers, qui raconte une guerre sans fin entre deux familles pour la possession d’une ville détruite par l’eau du Gange, est devenu un spectacle de neuf heures, mis en scène par Peter Brook, en 1985, dans les carrières de Boulbon, voisines d’Avignon. Un record qu’il a toujours évoqué avec une modestie aussi sincère que naturelle. Celle qui fait les grands hommes en général et les grands auteurs en particulier.

Retrouvez ici l’émission «Le Bon Plaisir» avec Jean-Claude Carrière. Abonnement gratuit sur Madelen deux mois, puis 2,99 euros par mois.

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