L’embarras des municipalités face aux œuvres de Claude Lévêque, accusé de viol et d’agression sur mineurs


Si la ville de Montreuil et l’abbaye de Fontevraud bannissent le plasticien «pour dire que l’impunité est terminée», la ville de Montrouge n’a pas encore pris la décision de boycotter l’artiste pour respecter la présomption d’innocence.

Un cas de conscience. Voilà ce à quoi doivent faire face les municipalités exposant des œuvres de Claude Lévêque. Le plasticien de 67 ans est visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Son œuvre illuminée Modern Dance, exposée depuis 2015 à Montreuil, a été éteinte vendredi dernier. La ville de Seine-Saint-Denis, où Claude Lévêque vit une partie de l’année, n’illumine plus les trois cerceaux bleus composant l’installation.

Même décision au musée d’art moderne de l’abbaye de Fontevraud, dans le Maine-et-Loire. Christelle Morançais, la présidente (LR) de la région Pays de la Loire entend ainsi «dire que l’impunité est terminée». L’œuvre Mort en été va quitter l’exposition permanente, où elle figurait depuis 2012. «Cette décision s’impose pour protéger la réputation de l’Abbaye royale de Fontevraud dont la région a la charge mais surtout, et c’est beaucoup plus important, pour marquer notre soutien et notre respect envers les victimes présumées, écrit Christelle Morançais, citée par 20 Minutes . Ce que nous voulons leur dire à travers cette décision, c’est :  »on vous croit et on vous soutient »». L’élue se réserve le droit de réévaluer sa position une fois la justice passée dans cette affaire.

Plus au sud, la mairie de Montrouge n’a pas encore tranché. Depuis quelques semaines, une œuvre de Claude Lévêque surmonte le beffroi, bâtiment emblématique de la ville. Baptisée Illumination, cette création est un néon d’une dizaine de mètres de long par deux mètres de haut. Pour justifier le maintien de l’œuvre sur place, la municipalité invoque le respect de la présomption d’innocence. Illumination restera donc là pour quelques jours supplémentaires. «Je réunis ma majorité jeudi soir pour réfléchir sereinement», explique au Parisien Étienne Lengereau, maire (UDI) de Montrouge.

L’évolution de la situation sanitaire pourrait décider à la place de la municipalité. «Cette œuvre a été installée dans le cadre du festival Le jour d’Après qui a été annulé lors du deuxième confinement et reporté au mois de mars. Nous déciderons jeudi soir de ce que nous allons faire du festival en fonction des annonces gouvernementales sur la situation sanitaire», explique encore l’édile. Si le festival était bel et bien annulé, les œuvres seraient restituées à leur auteur. Et celle de Claude Lévêque ne ferait pas exception.

«Laisser faire la justice»

«L’affaire Lévêque ne concerne pas Montrouge, il y a de l’émotion que nous partageons mais il faut garder son sang-froid et laisser faire la justice», plaide Étienne Lengereau. Le groupe d’opposition Demain Montrouge a demandé au maire de retirer l’œuvre comme l’a fait le Musée d’art moderne de Genève, «pour les victimes». L’institution suisse n’envisage pas de séparer l’homme de l’artiste. «De mon point de vue, le discrédit qui est aujourd’hui jeté sur son travail sera absolument irrémédiable si les accusations se révèlent fondées, a expliqué le patron du MAMCO au Monde. Je ne pourrai plus jamais regarder ce travail sans y trouver des indices des crimes qui lui sont reprochés. Par conséquent, le musée que je dirige ne montrera ni ne diffusera son travail dans le futur.»

Visé par une enquête préliminaire du parquet de Bobigny, Claude Lévêque est accusé par le sculpteur Laurent Faulon, aujourd’hui âgé de 51 ans, de l’avoir abusé et violé entre ses 10 et 17 ans. Les deux frères de Laurent Faulon auraient également été victimes de ces rapports commis dans un contexte d’emprise dans les années 1980.

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