La familia grande tiré à 225.000 exemplaires


Le livre de Camille Kouchner accuse son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, d’inceste sur son beau-fils, alors adolescent. Vendu à 11.000 exemplaires en quatre jours, ce récit intime brise la loi du silence.

La familia grande devait être tiré à 70.000 exemplaires. Mais le livre de Camille Kouchner n’était pas sorti que Le Monde révélait l’affaire Duhamel. Dans ce récit, la juriste de 45 ans révèle les abus sexuels commis par son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, sur son frère jumeau, quand il avait 13 ans. Devant l’emballement suscité par l’horreur, la maison d’édition le Seuil a étendu son tirage à 225.000 exemplaires en quatre jours. La demande est venue de libraires assaillis. Car l’affaire, largement relayée, fait grand bruit.

Olivier Duhamel a démissionné de ses mandats dans la foulée des accusations. Il ne sera plus le président de la Fondation nationale des sciences politiques. Ni celui du club Le Siècle. Europe 1 et LCI ont par ailleurs annoncé qu’il quitterait ses fonctions d’animateur et de chroniqueur sur leur antenne. Les faits semblent prescrits mais le parquet de Paris a ouvert, le mardi 5 janvier, une enquête préliminaire, afin de faire la lumière sur cette affaire et découvrir d’éventuelles nouvelles victimes. Son entourage est également mis en cause. Comme l’ex-garde des Sceaux Elisabeth Guigou, dont la récente nomination à la tête d’une commission sur l’inceste dérange désormais des associations pour la protection de l’enfance. À Sciences po Paris, des associations d’étudiants réclament le départ de leur directeur, Frédéric Mion, mis au courant en 2018. Allez savoir, même Alain Finkielkraut s’est invité à la table, renvoyé aujourd’hui par la direction de LCI, pour s’être demandé s’il y avait eu «consentement», voire «réciprocité», entre Olivier Duhamel et «Victor», avant que David Pujadas ne lui rappelle que la victime était un enfant. Pendant ce temps-là, l’encre coule chaque jour et 11.000 exemplaires du livre ont déjà été vendus.

Camille Kouchner, elle, s’est peu exprimée dans les médias. Comme Vanessa Springora, qui dénonçait les agissements pédophiles de Gabriel Matzneff à son égard dans Le Consentement (Grasset), il y a un an, ses interventions semblent choisies. Elle sera l’unique invitée de la Grande Librairie de François Busnel, sur France 5, le mercredi 13 janvier. Au cœur du déferlement médiatique et des innombrables commentaires sur les réseaux, Camille Kouchner peut compter sur le soutien de ses frères Alexandre Kouchner, son cadet, et Julien Kouchner, son aîné, qui la disent «courageuse».

Avec son livre, La familia grande, la juriste a osé briser l’omerta pour panser plusieurs décennies de souffrance. Son frère et elle avaient révélé en 2008 à leurs parents Évelyne Pizier et Bernard Kouchner, les deux années d’incestes subies par le premier dans les années 80. Si Victor n’avait pas souhaité rendre les faits publics, pour se protéger, leur mère, décédée en 2017, avait choisi de protéger son compagnon et les amis du couple Duhamel-Pizier savaient. Ils ont entretenu un silence assourdissant pendant plus de dix ans, rompant ou préservant leurs liens avec un coupable qui n’aurait jamais démenti les accusations. La familia grande fait voler cette caste en éclat, et au grand jour.

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