Décès du chorégraphe congolais Dorine Mokha à 31 ans


DISPARITION – Invité à la Biennale de Berlin en 2020, il avait présenté sa trilogie autobiographique Entre deux, qui aborde les difficultés de la communauté gay en RDC.

«Après ma mort, je souhaiterais que les gens retiennent que, toute ma vie, j’ai cultivé l’amour et la tolérance autour de moi ; […] et que j’ai risqué ma vie pour pouvoir vivre ma vérité, être fier et accepter qui j’étais.» En répondant au site malien Rue223 en août, Dorine Mokha ignorait quel destin l’attendait. Le danseur et chorégraphe congolais de 31 ans est décédé le 8 janvier du paludisme et laisse la scène africaine en deuil.

Né à Lubumbashi en 1989, Dorine Mokha danse depuis sa prime enfance, en famille, avant de se lancer, à partir de 2009, dans une carrière professionnelle. Initiative couronnée de succès. Primé, entre autres, par la triennale Danse Afrique de l’Institut français en 2016, l’artiste est convié, en janvier 2020, à la Biennale de Berlin, où il présente sa trilogie autobiographique Entre deux, performance qui aborde son parcours et les difficultés de la communauté LGBT en République démocratique du Congo.

Un artiste humaniste

Reconnu internationalement, Dorine Mokha a su se réinventer en permanence. À ses heures perdues, il s’essaye à la dramaturgie, écrit des spectacles dansants, dont Fanfare Funérailles (2014) qui traite des rites funéraires. Adolescent, il découvre son homosexualité mais fait le choix de refuser de la cacher. Cette décision lui vaut brimades, menaces et violences, au point de lui faire envisager le suicide. Son art le sauve, lui donne un lieu où s’exprimer. Il en fera une force et une expression de son engagement en faveur du mouvement LGBT.

Philanthrope, le chorégraphe co-fonde ART’gument Project, association se définissant comme «un collectif promouvant la prise de parole grâce à des actions sociales, culturelles et artistiques». En 2020, il reçoit le prix Young African Leaders Initiative Network, fondé par Barack Obama en 2010, en reconnaissance de son travail dans la lutte contre l’homophobie.

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