Christophe, Juliette Gréco, Michel Piccoli, Claude Brasseur… Ils nous ont quittés en 2020


DISPARITIONS – Compositeurs, chanteurs, comédiens, écrivains… Cette année aura été particulièrement meurtrière pour le monde des arts et de la culture. Le Figaro rend hommage à nos si chers disparus.

Janvier

  • 21 : Terry Jones, 77 ans, humoriste

Il avait assis sa notoriété grâce aux Monty Python, cette troupe de comédiens à l’humour déjanté entrée dans le patrimoine culturel de la Grande-Bretagne. Avec ses camarades (Eric Idle, John Cleese, Michael Palin, Terry Gilliam et feu Graham Chapman), il a participé à la réalisation et l’écriture des comédies absurdes Sacré Graal (1975), La Vie de Brian (1979) ou encore Le Sens de la vie (1983).

  • 26 : Michou, 88 ans, directeur de cabaret

Il était reconnaissable à ses costumes et lunettes bleus. Il avait ouvert en 1956 son célèbre cabaret qui a accueilli tous les jours célébrités et inconnus venus dîner devant le spectacle d’artistes transformistes. Pendant six décennies, Chez Michou est le lieu des fêtes les plus éblouissantes et délirantes. Stars de la chanson, acteurs, femmes et hommes politiques défilent. Le cabaret restera ouvert : le «prince bleu», qui avait d’abord annoncé que sa salle de spectacle ne lui survivrait pas, a changé d’avis quelques mois avant sa mort.

  • 31 : Mary Higgins Clark, 92 ans, écrivaine

Elle était la «reine du suspens». La romancière américaine a signé une cinquantaine de livres écoulés à quelque cent millions d’exemplaires, dont plus de 80 millions aux États-Unis, depuis son premier grand succès en 1975, La maison du guet. Suivront, parmi ses romans les plus mémorables, La nuit du renard (1977), La Clinique du Docteur H (1980), Nous n’irons plus au bois (1992) et Une chanson douce (2013).

Février

  • 1er : Peter Serkin, 72 ans, pianiste

Première personnalité d’une longue liste de célèbres musiciens classiques disparus en 2020, le fils du légendaire pianiste Rudolf Serkin restera surtout connu pour son engagement en faveur de la musique de ses contemporains et de celle du XXe siècle, d’Arnold Schoenberg à Toru Takemitsu. Un répertoire auquel il se consacrait depuis les années 1970, mais qui ne l’aura jamais empêché de défendre les maîtres du passé. En particulier les grands noms du romantisme, auquel son doigté tout en délicatesse, tranchant avec son caractère anticonformiste, conférait une magique élégance.

  • 5 : Kirk Douglas, 103 ans, acteur

Il incarnait l’image du héros américain, une légende à la hauteur de son personnage de Spartacus. Ce fils de chiffonnier juif ayant fui la Russie n’avait d’yeux que pour le cinéma. Après avoir enchaîné les petits rôles, il rencontre le succès avec un rôle de boxeur acharné dans Le Champion. Puis il enchaîne les films, une centaine au total, dont 20.000 lieues sous les mers (1954) et Les Sentiers de la gloire (1957) de Stanley Kubrick, qu’il retrouve pour Spartacus (1960). La légende d’Hollywood devra attendre 1996 pour remporter un Oscar. Une statuette d’honneur récompensant l’ensemble de sa carrière.

  • 9 : Mirella Freni, 84 ans, cantatrice

La soprano italienne emporte avec elle toute une tranche d’histoire de l’art lyrique. «Sœur de lait» du grand Luciano Pavarotti, avec qui elle avait partagé la même nourrice, la cantatrice de Modène était l’un des derniers témoignages de l’ère qui avait suivi Callas et Tebaldi. Surtout réputée pour le rôle de Mimi, dans la Bohème, qu’elle avait incarné pour la première fois en 1957 et qu’elle immortalisa en 1963 à la Scala dans la mise en scène de Zeffirelli, elle était aussi l’une des interprètes favorites d’Herbert von Karajan, qui louait son sens du legato autant que la rondeur de son timbre de miel.

  • 11 : Claire Brétécher, 79 ans, auteure de bande dessinée

Des Gnangnan à Cellulite, de Spirou à L’Écho des savanes, en passant par Pilote… Elle aura profondément marqué le monde de la BD. Pionnière des dessinatrices de BD, elle a été à l’avant-garde de tous les combats idéologiques, sociologiques, artistiques et humoristiques grâce à sa plume acérée trempée dans l’ironie pure.

Mars

  • 12 : Toni Marshall, 68 ans, actrice et réalisatrice

La fille unique de Micheline Presle, actrice à ses débuts, est devenue dans la deuxième partie de sa carrière la seule femme à recevoir le César de la meilleure réalisatrice, pour Vénus Beauté (Institut). Elle fera ensuite jouer Catherine Deneuve dans Au plus près du Paradis. Elle s’intéresse aussi aux aspects sociaux, comme en 2003 dans France Boutique, ou en 2017 dans Numéro une avec Emmanuelle Devos en brillante ingénieure décidée à prendre la tête d’une entreprise du CAC 40.

  • 21 : Kenny Rogers, 81 ans, chanteur de country

La carrière de la star de la musique country s’est étalée sur plus de 60 ans. Le chanteur né au Texas était connu pour une série de tubes comme The Gambler, Lucille et Islands in the Stream. Ses douces ballades et ses incessantes tournées lui avaient valu une réputation d’artiste pop grand public, notamment au travers de ses réinterprétations de chansons de Noël. Il avait accédé à la célébrité grâce à ses duos avec la chanteuse country Dolly Parton, et ses apparitions dans des films au cinéma et à la télévision comme dans l’émission «The Muppet Show».

  • 24 : Uderzo, 92 ans, auteur de bande dessinée

C’était le dernier patriarche de la bande dessinée. Il a tiré sa révérence à l’âge de 92 ans non sans avoir réussi de son vivant à transmettre le flambeau d’Astérix et Obélix à deux jeunes auteurs, Conrad et Ferri. Uderzo, pour tous ceux qui l’ont rencontré et bien connu, semblait immortel. De prime abord, l’homme était timide. Réservé même. Mais lorsqu’on le connaissait mieux, il s’avérait intarissable sur son travail. Et sur René Goscinny, disparu en 1977, dont il ne cessait de parler avec amour et bienveillance.

  • 24 : Manu Dibango, 86 ans, saxophoniste

Le célèbre saxophoniste né à Douala, au Cameroun, s’est éteint quelques jours après avoir été atteint par le coronavirus. Soul Makossa, le morceau qui l’a fait naître, a connu un étonnant destin. Ce n’était au départ que la face B d’un 45 tours dont le titre phare était un hymne pour l’équipe de foot du Cameroun à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations. Repéré par des DJs new-yorkais, le titre a connu mille vies.

Avril

  • 16 : Christophe, 74 ans, chanteur

Une silhouette longiligne, une voix fragile et ce visage buriné barré d’une moustache : jusqu’au bout, il aura cultivé cette allure de dandy intemporel si singulière dans le paysage de la chanson française. Un look de «latin lover» recherché qui cachait l’arrangeur perfectionniste et le compositeur délicat à l’origine de nombreux tubes dont Les Mots bleus, Señorita, Les Paradis Perdus et Aline.

  • 29 : Krzysztof Penderecki, 86 ans, compositeur

Le monde du classique perd l’un de ses plus grands compositeurs encore vivants. Le Polonais pouvait se targuer d’avoir marqué bien plus que le seul cercle des mélomanes amateurs de musique contemporaine, grâce à une œuvre protéiforme, qui inspira aussi bien le nouvel Hollywood (de Kubrick à Friedkin) que les amateurs de musique sacrée. Ce «chantre des repentis de l’avant-garde» confessait d’ailleurs volontiers avoir trouvé le «salut» dans un certain retour aux traditions, après avoir suivi les expérimentations de Pierre Boulez ou Luigi Nono. Son Requiem polonais, créé en 1984, restera comme l’un des derniers oratorios majeurs du XXe siècle.

  • 16 : Kenneth Gilbert, 88 ans, claveciniste

Il était surtout connu du milieu de la musique baroque. Mais le claveciniste (également organiste) québécois quitte la scène en laissant orphelins de nombreux interprètes et amateurs de musiques anciennes. De l’Université de Laval au Mozarteum de Salzbourg, en passant par le conservatoire de Paris (où il enseignait de 1988 à 1995), il avait en effet formé plusieurs générations de clavecinistes, et comptait parmi ses élèves des personnalités aussi fortes que Scott Ross, William Christie ou Emmanuelle Haïm !

  • 29 : Irrfan Khan, 53 ans, acteur

L’acteur indien se fait connaître lorsque le cinéaste britannique Asif Kapadia fait appel à lui pour un rôle dans The Warrior (2001). Encensé, le film lui vaut d’être repéré en Inde par une nouvelle génération de réalisateurs. En 2008, son visage devient mondialement connu grâce à Slumdog Millionaire de Danny Boyle, film aux huit Oscars où il campait un inspecteur de police. Irrfan Khan avait poursuivi sa carrière aux États-Unis en jouant dans des blockbusters comme The Amazing Spider-Man (2012).

Mai

  • 9 : Little Richard, 87 ans, pianiste et chanteur

Il était connu pour ses hymnes entraînants et sa présence endiablée sur scène. Little Richard a scellé avec Tutti Frutti, tube planétaire, l’avènement d’une époque. Venu du R&B, il a permis dans les années 1950, à l’instar d’autres artistes noirs comme Chuck Berry ou Fats Domino, l’émergence d’un genre nouveau, le rock.

  • 12 : Michel Piccoli, 94 ans, acteur

Monument du cinéma français, l’acteur était célèbre pour ses rôles dans Le mépris, Les choses de la vie ou plus récemment Habemus papam. D’une remarquable longévité, sa carrière est indissociable des films de Luis Buñuel et de Claude Sautet. Sous la direction du premier, il a interprété des personnages troubles (Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour, Le charme discret de la bourgeoisie) avant de devenir une incarnation des Trente glorieuses, immuable clope au bec, chez le second, dans les années 70 (Max et les ferrailleurs, Vincent, François, Paul… et les autres). Éclectique dans ses choix, il a également tourné sous la direction de Renoir, Resnais, Demy, Melville, Varda et Hitchcock.

  • 13 : Gabriel Bacquier, 95 ans, baryton

Une carrure hors-norme et une carrière à sa mesure. Un homme de voix et de foi en son art. Qui n’avait pas hésité à s’engager, il y a des années (bien avant la crise du Covid-19) pour le retour des troupes d’opéra dans notre pays. D’ailleurs, on se souviendra de cet «ogre méridional» autant pour son écrasante présence scénique et la versatilité de son sens théâtral (aussi ébouriffant chez Mozart ou Offenbach que chez Puccini ou Bizet), que pour la truculence de son verbe. «Plus je vieillis, plus j’analyse. Il n’y a que la mort que je ne pourrais pas analyser. Mystérieuse, je l’attends. Elle me prendra comme elle voudra, je n’ai pas peur. (…) Je ne peux pas la prendre au tragique, cette camarade (…) Et si vous voulez me souhaiter quelque chose, dites-moi Merde, comme il est de coutume dans le métier avant d’entrer en scène», disait-il à l’orée de ses 80 ans, dans le livre d’entretien Gabriel Bacquier en quelques notes (éditions Slatkine).

  • 24 : Jean-Loup Dabadie, 81 ans, scénariste, parolier, homme de lettres

Il a écrit de nombreux romans, des scénarios, des sketches mais aussi les mots de quelques-uns des plus grands succès de ses cinquante dernières années. Barbara, Julien Clerc, Reggiani, Sardou mais aussi Jean Gabin furent parmi ses plus grands interprètes. «On ira tous au paradis, même moi, qu’on soit béni ou qu’on soit maudit…» C’est à Dabadie que Michel Polnareff doit l’un de ses plus grands succès en 1972. Et Romy Schneider et Michel Piccoli, pour Les Choses de la vie, fredonnèrent La chanson d’Hélène.

  • 28 : Guy Bedos, 85 ans, humoriste

Acteur inoubliable de quelques comédies à la française, férocement engagé à gauche, il s’était fait une solide réputation de flingueur. Guy Bedos, c’était cette silhouette qui arpentait la scène sans relâche, en jouant des textes souvent signés de son complice Jean-Loup Dabadie. On se souvient de La drague, d’Aimez-vous les uns les autres ou encore Le boxeur (M’sieur Ramirez) et Bonne fête Paulette. Dans les années 1970, sa carrière cinématographique marque l’esprit de millions de Français. Il tourne sous la direction d’Yves Robert Un éléphant ça trompe énormément (1976) et sa suite Nous irons tous au paradis (1977).

  • 30 : Mady Mesplé, 89 ans, cantatrice

La soprano colorature aura suivi de quinze jours le baryton Bacquier. Elle était de sept ans sa cadette, mais avait elle aussi marqué le monde lyrique français au fil de trente ans d’une carrière bien remplie. Sa voix ensoleillée, que l’accent des bords de la Garonne faisait chantait même lorsqu’elle parlait, s’est tue le 30 mai. C’était la voix légendaire de la brahmane hindoue Lakmé autant que celle de l’Olympia des Contes d’Hoffmann, mais elle avait aussi su mettre la grâce et l’agilité de son souffle clair au service des compositeurs d’aujourd’hui, de Paul Méfano à Betsy Jolas.

  • 31 : Christo, 84 ans, artiste contemporain

Ce transfuge d’une Bulgarie communiste vers l’Ouest a réussi, avec son art moderne, à imposer sa vision XXL qui mêle paysage, architecture, sculpture et rêve d’enfant. L’Arc de triomphe sera empaqueté à l’automne 2021, sans lui. L’Empaquetage du Pont Neuf, du 22 septembre au 7 octobre 1985, la transformation du plus vieux des ponts de la capitale française en une double sculpture au drapé polyester ocre-jaune, restera la dernière grande action made in France de son vivant.

Juin

  • 1er : Janine Reiss, 98 ans, pianiste et cheffe de chant

Cruelle ironie du sort. 48 heures après Mady Mesplé, l’opéra français pleure une autre de ses figures. Celle-là n’est pas connue pour ses incarnations sur scène, mais pour avoir été la femme de l’ombre de quelques-unes des plus grandes carrières lyriques françaises du XXe siècle. Pianiste accompagnatrice, répétitrice, cheffe de chant, « coach » vocale… Peu importe le surnom qu’on lui donnait : Maria Callas ne jurait que par elle. Natalie Dessay aussi. Karajan aimait tout autant l’avoir à ses côtés. Et il n’était pas rare de la croiser en coulisses des enregistrements des grands noms du siècle passé, de Domingo à Pavarotti.

Juillet

  • 6 : Ennio Morricone, 91 ans, chef d’orchestre

Compositeur prolifique, il aura signé la bande sonore de plus de 500 longs-métrages au cours d’une carrière de 59 ans. Ses épopées chevaleresques pour Sergio Leone et ses mélodies angoissantes pour Dario Argento et Mario Bava, entre autres, auront joué un grand rôle dans la popularisation des «western-spaghetti» et du giallo. Sa meilleure composition restait à ses yeux Il était une fois en Amérique. Au cours de sa carrière, le Romain aura remporté, entre autres, un Oscar d’honneur, quatre Baftas et deux Golden Globes.

  • 17 : Zizi Jeanmaire, 96 ans, danseuse de music-hall

La muse du chorégraphe Roland Petit fut aussi l’interprète gouailleuse de chansons écrites par Serge Gainsbourg, Guy Béart, Raymond Queneau et Jean Ferrat… lorsqu’elle ne donnait pas son célèbre Truc en plumes.

  • 26 : Olivia de Havilland, 104 ans, actrice

Inoubliable Mélanie de l’énorme succès Autant en emporte le vent (1939) de Victor Fleming, elle était la doyenne d’Hollywood, dont elle incarnait l’âge d’or des années 1930-1940. La comédienne deux fois primée par l’Oscar de la meilleure actrice vivait en France depuis le début des années 1950.

  • 31 : Alan Parker, 76 ans, réalisateur

Créateur d’une œuvre extrêmement large, il a été consacré mondialement pour ce qui restera comme l’un des films phare des années 1970 : Midnight Express. Il décroche le grand prix du Festival de Cannes en 1985 pour Birdy. Il a également brillé dans les films musicaux comme Fame, Pink Floyd- The Wall ou Evita, dans lequel il mettait en scène Madonna. Au total, ses œuvres ont remporté 19 Baftas, 10 Golden Globes et 10 Oscars.

Août

  • 2 : Leon Fleischer, 92 ans, pianiste

Le soliste fut en 1952 le premier américain à remporter le célèbre concours Reine Elisabeth grâce à son interprétation du premier concerto de Brahms, et son flegme lorsqu’il lui fallut lui remplacer lui-même la corde qui venait de se casser ! Mais c’est pour sa résilience qu’il restera surtout célèbre. Atteint d’une dystonie focale dès l’âge de 36 ans qui lui fit perdre l’usage de l’annulaire et l’auriculaire droits pendant trois décennies, il continua de servir la musique comme chef d’orchestre et interprète du répertoire pour la main gauche laissé par le commanditaire Paul Wittgenstein. Après plusieurs opérations, il avait finalement retrouvé l’usage de sa main droite au début des années 2000.

  • 14 : Julian Bream, 87 ans, guitariste

Son nom n’était pas connu que du cercle restreint des guitaristes classiques, mais sonnait aussi familier pour les amateurs de musique baroque, comme de musique anglaise du XXe siècle. L’interprète britannique s’était en effet distingué dès le début de sa carrière en s’intéressant au luth, et à la réhabilitation du répertoire baroque anglais encore peu défendu. Paradoxalement, c’est cette passion des musiques anciennes qui lui permit de devenir aussi l’interprète favori des compositeurs anglais du XXe siècle, grâce à sa rencontre avec Benjamin Britten, qui sera à sa manière un autre chantre de la réhabilitation des musiques anciennes en Grande-Bretagne.

  • 29 : Chadwick Boseman, 43 ans, acteur

La star du succès planétaire des studios Marvel, Black Panther (2018), était devenue le premier super-héros noir à qui un film de la franchise était entièrement consacré. Avant ce rôle, il avait incarné la légende du baseball Jackie Robinson dans 42 de Brian Helgeland en 2013. Il avait aussi été loué aussi pour son interprétation du chanteur James Brown dans Get on Up de Tate Taylor en 2014. Plus récemment, il était apparu dans Da 5 Bloods de Spike Lee.

Septembre

  • 4 : Annie Cordy, 92 ans, chanteuse

Avec son tablier immaculé de «bonne du curé», ses nattes articulées de «Frida Oum Papa» et son truc en plumes de «Tata Yoyo», la reine du music-hall français a consacré sa vie à la scène où elle ne voulait offrir «Que du bonheur», titre d’un spectacle jazz et swing qu’elle donna au Casino de Paris et à l’Olympia. L’amuseuse professionnelle était également une excellente actrice, qui a élargi et ému son public en s’illustrant dans des rôles dramatiques dans Le Passager de la pluie de René Clément, Le Chat (Pierre Granier-Deferre) ou La Rupture (Claude Chabrol).

  • 6 : Christiane Eda-Pierre, 88 ans, cantatrice

Elle avait été l’une des premières cantatrices noires à faire carrière en France. La soprano martiniquaise laisse derrière elle trente ans d’une carrière lyrique marquée autant par ses incarnations mozartiennes de premier rang et son amour de la langue et de la mélodie françaises, que son sens de la pédagogie. Elle avait débuté en 1959 au festival d’Aix-en-Provence. Parmi ses hauts faits d’âme, on retiendra aussi bien un concert aux côtés de Pavarotti à Central Park dans Rigoletto, devant plusieurs centaines de milliers de personnes, que son incarnation du rôle de l’Ange dans le Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen, que le compositeur avait dessiné pour elle.

  • 15 : Paul Méfano, 83 ans, compositeur

Messiaen, dont il avait suivi l’enseignement, voyait en lui un «possible Berlioz du XXe siècle» ! Issu du mouvement sériel avec lequel il avait rapidement pris ses distances, Méfano restait surtout connu par les amateurs de musique contemporaine. Mais la disparition de Mady Mesplé trois mois et demi avant la sienne, qui avait travaillé avec lui, était venue rappeler que la musique du compositeur avait su séduire des interprètes de tous bords. D’ailleurs, ce chantre de l’ouverture marqua aussi la musique contemporaine comme chef, à la tête du célèbre ensemble 2e2m ; fondé en en 1972. Il lègue avec ce dernier une quarantaine d’enregistrements, et s’attache tout au long de son existence à défendre la musique des autres.

  • 21 : Michael Lonsdale, 89 ans, acteur

Sa longue carrière l’a vu aussi bien jouer sous la direction de François Truffaut, dans Baisers Volés en 1968, qu’incarner le méchant dans Moonraker, un James Bond de 1979. Il a incarné plus de 200 rôles au cinéma, jonglant entre les films expérimentaux et populaires, au théâtre ou encore à la télévision. Cet acteur à la foi chrétienne chevillée au corps a obtenu en 2011 un César du Meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation de Frère Luc, moine libre et héroïque, assassiné à Tibéhirine dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois.

  • 23 : Juliette Gréco, 93 ans, actrice

De Je suis comme je suis à Déshabillez-moi en passant par Il n’y a plus d’après… Elle fut la magnifique interprète de grands poètes – Mac Orlan, Sartre, Queneau, Brassens, Brel ou Ferré… -, qu’elle servait avec ce phrasé si particulier. Symbole de la période existentialiste et du bouillonnement artistique du Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre, elle incarnait à la fois une certaine image de la chanson française, ambitieuse, exigeante, tout en demeurant populaire dans le sens le plus noble du terme.

Octobre

  • 6 : Eddie Van Halen, 65 ans, guitariste

Le fondateur du légendaire groupe de hard rock des années 1980 Van Halen est mort après «un long combat» contre le cancer. Figure du hard rock des années 1980, rendu populaire par son tube Jump vendu à des millions d’exemplaires dans le monde, le groupe Van Halen avait été fondé par Eddie et son frère aîné Alex, à la batterie, avec le chanteur David Lee Roth. Considéré comme un guitariste virtuose, il s’était notamment illustré par un solo de guitare mythique sur le Beat It de Michael Jackson, en 1983.

  • 28 : Alain Rey, 92 ans, linguiste et lexicographe

Il était le père du Petit Robert. Avec son épouse Josette Debove et Henri Cottez, il a créé toute une collection de dictionnaires qui a révolutionné notre approche de la langue française. En 1992, il publie la première édition du Dictionnaire historique de la langue française, un ouvrage qui propose un voyage dans l’histoire du français.

  • 31 : Sean Connery, 90 ans, acteur

L’acteur écossais fut le légendaire interprète à sept reprises de James Bond. Sean Connery restera le seul, le vrai, l’unique espion de Sa Gracieuse Majesté. C’est lui qui apparaît à l’intérieur du canon d’une arme ensanglantée dans le générique créé par Maurice Binder. Lui qui prononce pour la première fois le célèbre : «Mon nom est Bond. James Bond.» Lui qui commande d’un air nonchalant une Vodka Martini, «au shaker, pas à la cuiller». Lui qui possède un permis de tuer 007 et dégaine son Walther PPK, tout en conduisant la rutilante Aston Martin DB5, dans Goldfinger, en 1965.

Novembre

  • 18 : Michel Robin, 90 ans, acteur

Discret, mais indéfectible amoureux du théâtre, Michel Robin avait reçu à 60 ans un Molière pour un second rôle dans La Traversée de l’hiver, une pièce de Yasmina Reza, mise en scène par Patrice Kerbrat. «On connaît mon visage, mais pas mon nom… J’étais le Poulidor de l’amour!», avait coutume de dire cet ancien sociétaire de la Comédie-Française. Timide jusqu’à la fin, il était toutefois reconnu par le public et le métier. Très présent au théâtre, il l’était également au cinéma dans Les Aventures de Rabbi Jacob, de Gérard Oury (1973), La Chèvre, de Francis Veber avec Gérard Depardieu (1981), Merci pour le chocolat, de Claude Chabrol (2000) ou Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet.

  • 30 : Anne Sylvestre, 86 ans, chanteuse

Connue principalement pour ses Fabulettes, la chanteuse s’appuyait aussi sur un répertoire riche de chansons plus engagées, comme par exemple Non, tu n’as pas de nom (1973), sur l’avortement, deux ans avant la loi Veil. Pendant toute sa carrière, elle s’intéressa aux faits de société, et notamment à la condition des femmes, revendiquant le terme de chanteuse «féministe». Elle incarnait une chanson à texte, intelligente, faisant fi des modes, dans le sillage d’un Guy Béart ou d’un Georges Brassens.

Décembre

  • 12 : John Le Carré, 89 ans, écrivain

Il laisse derrière lui vingt-cinq ouvrages s’étant écoulés à quelque 60 millions d’exemplaires dans le monde entier et ayant pour beaucoup été adaptés au cinéma. L’ancien employé du MI6 avait accédé à un succès international après la parution de son troisième roman, L’Espion qui venait du froid (1964), qu’il écrivit à 30 ans, «mangé par l’ennui» que ses activités de diplomate à l’ambassade britannique de Bonn en Allemagne lui procuraient. Suivirent notamment La Taupe (1974), Un pur espion (1986) ou encore La Constance du jardinier (2001).

  • 22 : Claude Brasseur, 84 ans, acteur

Issu d’une lignée de comédiens, il aura marqué six décennies de cinéma et de théâtre français, en plus de 110 films, côtoyant Marcel Carné, François Truffaut, Claude Sautet ou Yves Robert. Pour les plus jeunes, c’était Jacky, le doyen du Camping, pour leurs aînés, Vidocq ou le père de Vic dans La boum. Le fils de Pierre Brasseur et de la romancière Odette Joyeux, a reçu deux César pour la comédie Un éléphant ça trompe énormément en 1977 et pour La Guerre des Polices en 1980.

  • 23 : Rika Zaraï, 82 ans, chanteuse

C’était la chanteuse populaire par excellence. Son heure de gloire a duré dix ans, de la fin des années 1960 à la fin des années 1970. En 1965, elle se produit à l’Olympia en lever de rideau d’un concert de Jacques Brel. À 30 ans, l’artiste israélienne accumule les succès tels Hava Naguila, Tournez manèges, Michael. Mais ce sont le tube endiablé Casatschok suivi d’Alors je chante, qui font vraiment d’elle une star.

  • 24 : Ivry Gitlis, 98 ans, violoniste

Son jeu très expressif, sa fougue, son sens de l’ouverture et son humour indéfectible, en faisaient l’un des interprètes classiques les plus attachants de sa génération. Interprète magnifique de Bartok ou Paganini, mais aussi du répertoire tzigane, il aura cultivé jusqu’au bout une curiosité sincère et un intérêt pour les jeunes générations, comme cette force indomptable qui faisait de lui un authentique «funambule des cordes», souvent entre deux univers, partenaire tantôt de Martha Argerich tantôt de Yoko Ono, mais à jamais inclassable.

  • 28 : Fou Ts’ong, 86 ans, pianiste

Les fans de Chopin se souviendront de lui pour son jeu d’une admirable souplesse et sa riche palette de nuances. Il laisse orphelins de nombreux amateurs du compositeur polonais. Des mazurkas aux préludes, son toucher aérien et lumineux teintait souvent ses interprétations de Chopin d’une poésie hors du temps. Il fut aussi l’un des premiers Chinois à briller dans un concours international de piano, et un pédagogue unanimement reconnu.

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