Les Brigades du Tigre, précieux pionnier de la série télé


La plateforme Madelen propose la troisième saison de ce feuilleton qui a marqué la télévision des années 70 et, reste à en croire le succès de sa rediffusion sur ce site, indémodable. En partenariat avec Le Figaro, retour sur l’histoire des mousquetaires de «Monsieur Clémenceau».

Pour les téléphages d’aujourd’hui, une série qui se prolonge pendant six saisons, c’est d’une banalité confondante. Pour leurs parents, voire leurs grands-parents, cela relevait de l’exception. Diffusées sur la deuxième chaîne entre le 21 décembre 1974 et le 11 novembre 1983, Les Brigades du Tigre ont détenu, jusqu’à l’arrivée des sitcoms, le record du feuilleton français le plus long de l’histoire du petit écran : 36 épisodes de 55 minutes, découpés en six parties : les quatre premières se déroulent avant la première guerre mondiale, les deux dernières (Les nouvelles Brigades du Tigre) au temps des années folles.

À la fin des années 60 , Claude Desailly, qui fut le secrétaire de Charles Dullin avant d’écrire pour Robert Hossein, soumet à la direction de l’ORTF, un projet qu’il présente comme le pendant français des « Incorruptibles ». Il précise qu’il n’y aura pas un «Elliot Ness», mais trois : les membres des «Brigades régionales de police mobile», rebaptisées «Brigades du Tigre» parce que le titre est plus vendeur. Il s’agit bien entendu d’un clin d’œil à Georges Clémenceau.

En 1907, à la fois Président du Conseil et ministre de l’Intérieur, le Tigre a créé cette unité afin de mettre un terme à des méthodes archaïques qui empêchaient les forces de l’ordre de faire respecter la loi. Un débat s’engage en coulisses. À la lecture des premiers scénarios, le projet est jugé intéressant, passionnant, même. Il y a beaucoup d’action, un peu d’humour , mais aussi, à travers des faits authentiques, une mise en perspective du contexte politique, diplomatique, social, scientifique ou sportif du début du XXème siècle. Une leçon d’histoire, en quelque sorte.

Le problème, car il y a un problème, c’est le coût ! La location de costumes et de Torpédos 1900, ça coûte cher. De plus, il est hors de question de recréer, en studio, des décors d’époque. Est -il encore possible d’en trouver d’authentiques, quelque part en France ? Victor Vicas, le réalisateur pressenti, a prévu le coup et répond par l’affirmative. Certaines rues d’Orléans ressemblent, à s’y méprendre, à celles du Paris 1900. De plus, il a découvert, en plein centre-ville, une salle de gymnastique en parfait état dont la construction remonte à la fin du XIXème siècle.

C’est là que, dans le premier épisode, intitulé Ce siècle avait sept ans, que le commissaire Valentin, Pujol et Terrasson vont commencer à apprendre les bases de la boxe française, que l’on appelle aussi la savate. Peu pratiquée dans les années 70, elle est considérée, en 1900 comme l’arme absolue dans des combats à mains nues contre des truands, pour qui le code d’honneur signifie quelque chose. Le feu vert est bientôt donné pour le tournage de six épisodes.

Le succès dépasse les prévisions les plus optimistes. Des stars et des débutantes, de Eddie Constantine à Diane Kurys donnent la réplique, le temps de quelques scènes, à Jean-Claude Bouillon, Jean-Paul Tribout (disparu en juillet 2017) et Pierre Maguelon (disparu en juillet 2010). Chaque année Orléans verra revenir les équipes de tournage. Mais la France entière connaît les noms d’un trio que personne ne reconnaît pourtant à la ville. Ils n’ont ni melon, ni moustache. Juste leur talent.

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