«Dufy apprivoisait les couleurs comme d’autres charment les oiseaux»


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LES ARCHIVES DU FIGARO – L’auteur a connu la gloire littéraire dès 1919 avec Les Croix de bois, témoignage sur la Grande Guerre, qui faillit ravir le prix Goncourt à Marcel Proust. La mémoire de Dorgelès est aussi indissociable de Montmartre, des cabarets et des artistes. Parmi eux, Raoul Dufy, qui deviendra un peintre majeur, et à qui Dorgelès consacre un admirable article nécrologique, plein de d’acuité et d’amitié, alors que le peintre vient de s’éteindre.

Roland Dorgelès Tallandier/Bridgeman images

Taille cambrée, jarret tendu, la tête haute pour se grandir et ses cheveux blonds battus en mousse – plus tard battus en neige – Raoul Dufy avait la grâce impertinente d’un marquis de l’ancien régime. Aujourd’hui qu’il prend pour l’éternité sa dernière pose, il m’apparaît comme un de ces charmants personnages de Saxe qui se présentent en saluant de leur tricorne emplumé. C’est un petit-fils de Fragonard qui, souriant, nous dit adieu.

Dans sa jeunesse il a connu la misère, à son déclin il a connu la souffrance. Cependant ces épreuves glissèrent sur lui sans l’amoindrir. À 75 ans, cloué sur son fauteuil et les mains déformées, il maniait ses pinceaux avec la même allégresse.

«J’ai de la chance!» me disait-il encore à notre dernière rencontre. Lorsqu’une de mes mains est fatiguée, je peux peindre de l’autre…

Cette chance, il la devait à sa rigueur d’artiste, il l’avait méritée par ses scrupules de débutant. En effet, il s’était aperçu, au commencement de sa carrière, qu’il dessinait avec une

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